FOCUS – Un micro-théâtre, le Petit 38, rue Saint-Laurent à Grenoble, en appelle au micro-mécé­nat. L’objectif pour­suivi par le jeune col­lec­tif Midi / Minuit, qui assure la ges­tion du lieu ? L’autonomie finan­cière de fonc­tion­ne­ment. Explications.

Alejandro Alonso et Élisa Bernard, du col­lec­tif Midi / Minuit dans le Petit 38, au 38 de la rue Saint-Laurent. © Adèle Duminy

Les sub­ven­tions publiques ne consti­tuant pas une manne inta­ris­sable, on voit se mul­ti­plier sur le web les cam­pagnes de finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif (ou crowd­fun­ding). Ceci est par­ti­cu­liè­re­ment vrai au sein de la sphère cultu­relle. En cela, le col­lec­tif Midi / Minuit se montre ori­gi­nal via le lan­ce­ment de son « bon d’armement cultu­rel ».

Au-delà du clin d’œil décalé à l’Histoire – pen­dant la Seconde Guerre mon­diale, les bons d’armement encou­ra­geaient la contri­bu­tion finan­cière de ceux qui ne pou­vaient pas par­ti­ci­per phy­si­que­ment à l’effort de guerre –, l’appellation désigne, dans le cas pré­sent, une conven­tion de mécénat.

En clair, pour main­te­nir à flot le Petit 38 – tout petit théâtre situé rue Saint-Laurent –, le col­lec­tif Midi / Minuit, qui suc­cède à Chantal Morel et à sa com­pa­gnie l’Équipe de Création Théâtrale (ECT) pour gérer le lieu, se tourne vers le micro-mécé­nat. En quoi cela dif­fère-t-il des fameux crowd­fun­dings, éga­le­ment fon­dés sur le don privé ?

Alejandro Alonso, qui assure le volet admi­nis­tra­tif au sein du col­lec­tif Midi / Minuit, explique : « En plus de prendre un pour­cen­tage de com­mis­sion, les cam­pagnes de crowd­fun­fing servent à finan­cer une action, qui a un début et une fin avec un mon­tant fixe. Nous, on veut finan­cer le fonc­tion­ne­ment du lieu à l’année. Et puis, on pré­fère la forme du micro-mécé­nat avec une régu­la­rité de ver­se­ment tous les mois. »

« C’est une manière de renou­ve­ler son enga­ge­ment pour le lieu chaque mois, à hau­teur de quatre euros au mini­mum, sur douze mois. Avec la pos­si­bi­lité d’interrompre le ver­se­ment. », ren­ché­rit Élisa Bernard, en charge de la direc­tion artis­tique du col­lec­tif au côté de Florent Barret-Boisbertrand.

L’objectif de la cam­pagne de micro-mécénat

Qui pre­nait en charge les coûts de fonc­tion­ne­ment du Petit 38 jusqu’alors ? Entendez la loca­tion des murs et le coût des fluides : élec­tri­cité, eau et gaz, le cas échéant.

Alejandro Alonso et Elisa Bernard, du col­lec­tif Midi / Minuit devant le Petit 38, au 38 de la rue Saint-Laurent ; © Adèle Duminy

Après avoir géré le lieu pen­dant près de vingt ans – à par­tir de 1997 –, la com­pa­gnie de Chantal Morel passe le relai au col­lec­tif Midi / Minuit en jan­vier 2016. Mais l’ECT conti­nue de payer les murs et les fluides. Et ce, jusqu’à la fin du mois de février 2017. D’où la néces­sité pour les trois membres actifs du col­lec­tif Midi / Minuit, qui hérite désor­mais de la ges­tion du lieu dans son entiè­reté, de s’en remettre à notre bon cœur.

N’ayant pas ren­con­tré le suc­cès escompté du côté des demandes de sub­ven­tions publiques, les jeunes membres du col­lec­tif s’interrogent sur la notion même de sub­ven­tion. « En effet, ce micro-ver­se­ment (déduc­tible des impôts), c’est reve­nir à la fonc­tion pre­mière de la sub­ven­tion dans le domaine cultu­rel. La sub­ven­tion est de l’argent public, donc citoyen, pour l’existence maté­rielle de pro­po­si­tions artis­tiques », ana­lyse le collectif.

« Un lieu allumé, ouvert de midi à minuit »

Transparent, le nom du col­lec­tif affiche le pro­jet : ouvrir le lieu de midi à minuit. Et pas uni­que­ment aux pro­po­si­tions théâ­trales. Pour exemple, outre le volet artis­tique, un volet social (dépôt de vête­ments pour les SDF ou cours de Français langue étran­gère) est à l’étude. Le prin­cipe : pour faire vivre le lieu et déchar­ger de ses seules épaules un peu du poids rela­tif à la ges­tion totale du lieu, le col­lec­tif Midi / Minuit envi­sage une occu­pa­tion coopé­ra­tive du Petit 38.

« Plus on trou­vera de gens qui veulent faire des choses ici, plus la tem­po­ra­lité du lieu pourra vrai­ment s’“approcher du midi à minuit. Plus il y aura de bras, plus ce sera agréable pour tous », assure Élisa.

Adèle Duminy

Le Petit 38 en quelques chiffres

Espace total de 80 m²

Jauge des spec­tacles : autour de 25 places

Après avoir été un res­tau­rant, le Petit 38 se trans­forme en théâtre sous l’impulsion de la met­teure en scène Chantal Morel. Elle en conser­vera la ges­tion pen­dant vingt ans, de 1997 à 2017, avant de pas­ser le relai aux jeunes membres du col­lec­tif Midi / Minuit.

Bilan d’une pre­mière année aux manettes du Petit 38

Le col­lec­tif Midi / Minuit a déjà été aux manettes du Petit 38 pen­dant une année entière. C’est l’heure des bilans. Voici quelques chiffres sur l’année 2016 :

- 2 394 billets ven­dus (pas mal pour un théâtre com­plet à une ving­taine de places !)

- 112 repré­sen­ta­tions

- 18 équipes artis­tiques accueillies

Infos pra­tiques

Pour deve­nir micro-mécène au Petit 38, il faut rem­plir et signer le bon d’armement cultu­rel, c’est-à-dire une auto­ri­sa­tion de pré­lè­ve­ment et une conven­tion de mécé­nat vous enga­geant sur douze mois. Pour savoir com­ment vous pro­cu­rer le bon d’armement cultu­rel, ren­dez-vous sur le site du Petit 38.

À l’affiche jusqu’au mois d’avril 2017

Le Petit 38, 38 rue Saint-Laurent à Grenoble

Le Chagrin d’Holderlin, par l’é­quipe de créa­tion théâ­trale avec le sou­tien du col­lec­tif Midi / Minuit

Du 20 jan­vier au 2 avril 2017

Tous les soirs à 20 h 30 et le dimanche à 17 heures

(relâche le lundi)

Vous pou­vez réser­ver dès à pré­sent au 04 76 54 12 30 ou par mail à billetteriepetit38@​gmail.​com