FOCUS – Troublé par des manifestants qui entendaient protester contre le « plan de sauvegarde des services publics », le conseil municipal de la ville de Grenoble du 11 juillet dernier a été reporté par Eric Piolle à ce lundi 18 juillet à 18 heures. Les opposants n’entendent pourtant pas baisser les bras, d’où le conseil municipal tendu et sous surveillance renforcée qui s’annonce…
« Je suis prêt à entendre les revendications de l’intersyndicale et des Grenoblois, pour autant, je condamne fermement la violence déployée et l’entrave au bon fonctionnement démocratique de notre assemblée. »
La réaction d’Éric Piolle, le maire de Grenoble, ne s’était pas fait attendre le soir même des incidents.
Lundi dernier, l’édile s’est en effet vu contraint de reporter sine die la séance du conseil municipal, suite à l’envahissement de la salle du conseil par des collectifs de citoyens, Nuit debout Grenoble et des membres de l’intersyndicale FO – CGT et Sud. Ces derniers entendaient protester contre le « plan de sauvegarde des services publics » annoncé le 9 juin par la majorité municipale.
Chat échaudé craint l’eau froide…
Si l’ordre du jour du conseil municipal reste inchangé, chat échaudé craignant l’eau froide, le contrôle de l’accès du public aux débats sera un peu plus musclé que lundi dernier. De fait, la Ville déplore n’avoir pas pu, ce soir-là, mobiliser plus de policiers municipaux pour juguler l’envahissement du conseil municipal.
En cause, l’affectation de nombre d’entre eux à la sécurité du Cabaret frappé dont c’était la soirée d’ouverture. Balayant l’idée même d’une séance à huis-clos, la municipalité entend bien, cette fois-ci, renforcer leur nombre afin de prévenir tout débordement et d’assurer la sérénité des débats.
Pas de contrôles « au faciès » prévus mais des fouilles de sacs plus approfondies à l’entrée. « Nous ne laisserons pas entrer les porteurs de banderoles, klaxons, objets sonores ou de pancartes revendicatives », assure notamment une élue.
Ce qui n’empêche pas les opposants au plan de sauvegarde de la municipalité de remettre le couvert. C’est ainsi que le syndicat Solidaires étudiant-e‑s Grenoble invite à un « match retour » sur son site web.
« L’austérité, même lorsqu’elle est maquillée en verte ou rouge, ne passe pas auprès des Grenoblois. On se retrouve le 18 à 17 h 30 : nous envahirons tant qu’ils maintiendront leur plan de destruction des services publics !! », prévient le syndicat.
Même son de cloche chez Nuit debout Grenoble, qui reprend l’argumentaire sur son compte Facebook, l’assortissant d’un bref commentaire. « C’est dans quelques jours, on a pas le choix, il faut agir ! », rameute le collectif.
Enfin, le personnel du Centre de soins infirmiers (CSI) de la Ville compte de son côté se mobiliser à l’occasion du conseil municipal pour protester contre la fermeture programmée du centre. De quoi rendre la municipalité quelque peu nerveuse, si elle ne l’était déjà.
Une manière de noyer le poisson ?
Du côté des politiques, l’annonce du report du conseil municipal ce 18 juillet pose problème à Matthieu Chamussy, président du groupe Les Républicains – UDI et Société civile. Ce dernier se déclare « choqué » sur son compte Twitter que le conseil municipal puisse se dérouler alors même que trois journées de deuil ont été décrétées par le gouvernement suite à l’attentat survenu à Nice le 14 juillet.
Choqué qu” @EricPiolle maintienne le #CMGrenoble 1 jour de deuil national avec un ordre du jour houleux malgré ma demande de report #indigne
— Matthieu Chamussy (@m_chamussy) 16 juillet 2016
Peut-être une manière de noyer le poisson alors même qu’Europe écologie – Les Verts (EELV) tance la famille politique de l’élu. Le parti écologiste déclare en effet être « très surpris de constater lors de l’envahissement du conseil la présence de plusieurs personnalités de leur famille politique », dans une lettre ouverte adressée à Jean-Pierre Barbier, président du Conseil départemental de l’Isère, Thierry Kovacs, président des Républicains Isère, et Gérard Simonet, maire de Moirans. Notamment en cause, le tweet d’Alexandre Roux, le secrétaire départemental des Républicains Isère, posté le soir même de l’irruption des manifestants.
Au #CMGrenoble avec @vincentbarbier_ @francklongo pic.twitter.com/sXrxGX3NBs
— Alexandre Roux (@alroux38) 11 juillet 2016
L’opposition de gauche demande l’abandon du plan de sauvegarde
Les élus du Rassemblement de gauche et de progrès demandent quant à eux ni plus ni moins l’abandon du plan de sauvegarde. Ils interrogeront le maire à ce sujet lors de la question orale, en préliminaire de ce conseil municipal du 18 juillet. « Nous vous demandons de nous dire si vous allez ce soir entendre les Grenoblois et les agents de la Ville et du CCAS qui, comme nous, vous demandent de stopper de manière effective la mise en application de votre plan et dans l’immédiat de renoncer à la fermeture dans la précipitation et pendant l’été des bibliothèques Hauquelin et Prémol, et, de maintenir les moyens de la santé scolaire à la rentrée scolaire 2016 – 2017 », enjoint Marie-José Salat, conseillère municipale de ce même groupe.
L’Ades, l’Association démocratie écologie solidarité, s’alarme quant à elle dans un article des effets de bords qui pourraient être induits du fait du report du débat démocratique. « Le conseil municipal du 11 juillet avait de nombreuses subventions à voter pour diverses associations, espérons que le retard imposé par le report des décisions du fait de la violente interruption ne soit pas trop pénalisant pour les bénéficiaires de ces crédits », s’inquiète l’association.
Quoi qu’il en soit, chacun fourbit ses armes pour une séance qui s’annonce a minima animée, voire électrique. Rendez-vous ce lundi à 18 heures en mairie pour ce qui devrait être le dernier conseil municipal – mais qui sait ? – avant la rentrée.
Joël Kermabon