Jean-Yves Coquillat, procureur de Grenoble. © Joël Kermabon - Place Gre'net

État d’ur­gence : six sus­pects inter­pel­lés dans l’ag­glo­mé­ra­tion grenobloise

État d’ur­gence : six sus­pects inter­pel­lés dans l’ag­glo­mé­ra­tion grenobloise

EN BREF – Quatorze per­qui­si­tions “admi­nis­tra­tives” sui­vies de six inter­pel­la­tions se sont dérou­lées à par­tir de 1 heure du matin, ce lundi 16 novembre, dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise. S’engouffrant dans les nou­velles pos­si­bi­li­tés ouvertes par la décla­ra­tion d’é­tat d’ur­gence, le pré­fet de l’Isère a donné un pre­mier coup de pied dans la four­mi­lière. En ligne de mire, des per­sonnes proches du milieu des stu­pé­fiants, sus­cep­tibles de déte­nir des armes et de fré­quen­ter des indi­vi­dus radicalisés.

Entrée de l'hôtel de police de Grenoble. © SH

Entrée de l’hô­tel de police de Grenoble. © SH

Les pre­mières réac­tions de l’État suite aux atten­tats meur­triers de Paris ne se sont pas fait attendre. Pas moins de 23 per­sonnes ont en effet été arrê­tées en France, ce lundi 16 novembre, au cours de 168 per­qui­si­tions admi­nis­tra­tives tou­chant 19 dépar­te­ments, dont l’Isère.

Dès 1 heure du matin, les forces de police ont ainsi investi plu­sieurs quar­tiers de Grenoble, Échirolles, Saint-Martin-d’Hères et Fontaine. À Grenoble, ce sont notam­ment les quar­tiers Teisseire, Mistral et de l’Arlequin qui étaient dans le col­li­ma­teur des forces de l’ordre.

Quatorze “cibles” – pour la plu­part déjà connues des ser­vices de police et de jus­tice –, sus­cep­tibles d’ap­por­ter un sou­tien logis­tique ou finan­cier à des acti­vi­tés ter­ro­ristes, ont ainsi fait l’ob­jet de per­qui­si­tions admi­nis­tra­tives. Contrairement aux per­qui­si­tions judi­ciaires, ces pro­cé­dures, auto­ri­sées dans le cadre de l’é­tat d’ur­gence récem­ment décrété, per­mettent aux pré­fets d’or­don­ner des per­qui­si­tions. Et ce, sans que le contrôle d’un magis­trat soit nécessaire.

Des indi­vi­dus sans rap­port avec les atten­tats parisiens

Jean-Yves Coquillat, procureur de Grenoble. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Jean-Yves Coquillat, pro­cu­reur de Grenoble. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Il s’a­gis­sait pour nous, en prio­rité, de décou­vrir des armes en géné­ral uti­li­sées par des délin­quants de droit com­mun mais sus­cep­tibles d’être uti­li­sées par des ter­ro­ristes », a pré­cisé Jean-Yves Coquillat, pro­cu­reur de la République de Grenoble, lors d’un point de presse, ce lundi 16 novembre. Et de sou­li­gner avec insis­tance : « Ces indi­vi­dus n’ont aucun rap­port avec les atten­tats pari­siens. »

Sur ces qua­torze objec­tifs, six per­sonnes ont fina­le­ment été inter­pel­lées. Pour les huit autres, soit elles n’é­taient pas pré­sentes à leurs domi­ciles res­pec­tifs, soit les per­qui­si­tions se sont avé­rées infructueuses.

Deux Colt 45, un 357 Magnum et un AK-47

Le bilan est élo­quent. Cinq armes de poing ont en effet été décou­vertes et sai­sies. Notamment deux Colt 45, un revol­ver 357 Magnum et un fusil d’assaut AK-47 som­mai­re­ment neu­tra­lisé [faci­le­ment remi­li­ta­ri­sable, ndlr]. De faibles quan­ti­tés de stu­pé­fiants ont éga­le­ment été décou­vertes : 35 grammes de cocaïne et 100 grammes de résine de can­na­bis. La somme de 28.000 euros, en petites cou­pures, a par ailleurs été sai­sie. Une somme ron­de­lette appar­te­nant à la per­sonne déten­trice du cannabis.

L’un de ces six indi­vi­dus fai­sait l’ob­jet d’une fiche de recherche pour une peine de huit mois d’emprisonnement pro­non­cée par la cour d’ap­pel de Grenoble. Il a été incar­céré dans la fou­lée afin de la purger.

357 Magnum. DR

357 Magnum. DR

Sur les cinq per­sonnes res­tantes, quatre feront l’ob­jet de com­pa­ru­tions immé­diates, ce mardi 17 novembre, pour déten­tion d’armes de caté­go­rie B et infrac­tion à la légis­la­tion sur les stu­pé­fiants. Le cin­quième indi­vidu ainsi qu’une autre per­sonne décou­verte à son domi­cile feront, quant à elles, l’ob­jet d’une ouver­ture d’information.

En effet, elles nient la pos­ses­sion d’armes jetées par la fenêtre et retrou­vées à l’extérieur.

« L’état d’ur­gence per­met des per­qui­si­tions déci­dées par le pré­fet qui ne sont pas for­cé­ment reliées à une infrac­tion, explique le pro­cu­reur. Nous aurions pu faire ces per­qui­si­tions dans le cadre d’une enquête judi­ciaire mais encore aurait-il fallu avoir des élé­ments qui nous per­mettent de savoir que ces per­sonnes déte­naient des armes. Si nous avions demandé au juge des liber­tés une auto­ri­sa­tion de per­qui­si­tion, nous ne l’au­rions pas obtenue ». 

Des indi­vi­dus déjà connus des ser­vices de police

Jean-Yves Coquillat en convient : « Il s’a­git aujourd’­hui de décou­vrir des armes et ces textes nous faci­litent la tâche. Ceci étant, si les per­qui­si­tions s’a­vèrent posi­tives, on revient dans une pro­cé­dure nor­male. Les règles de droit res­tent appli­cables et elles seront appli­quées. Il s’a­git de faire preuve de fer­meté mais dans les règles de la République », affirme le magis­trat du parquet.

Quid du pro­fil des per­sonnes mises en cause ? Jean-Yves Coquillat dresse le por­trait d’in­di­vi­dus âgés de 29 à 55 ans. « Ce sont tous des gens bien connus des ser­vices de police. Certains ont déjà été condam­nés et trempent dans le domaine des stu­pé­fiants ; d’autres sont connus pour avoir détenu ou trans­porté des armes », pré­cise le procureur.

Quant au lien avec les atten­tats de Paris, il est cousu de fil blanc pour le magis­trat. Ces per­sonnes ont été ciblées « parce qu’elles sont sus­cep­tibles de fré­quen­ter des gens radi­ca­li­sés. Il s’a­git bien de répondre aux atten­tats de Paris et à la guerre qui nous est décla­rée », conclut le procureur.

Joël Kermabon

Joël Kermabon

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