FOCUS – Le Comité de liaison des unions de quartier (Cluq) demande au
vice-président aux déplacements de Grenoble-Alpes-Métropole Yann Mongaburu d’honorer sa promesse et d’organiser, « dans les plus brefs délais », une réunion publique de concertation sur le plan des « autoroutes à vélos ». Un temps d’échange nécessaire pour lever toute une série de questions, estiment les militants du Cluq. Et alors que la mise en œuvre du plan a largement démarré…
« Nous sommes favorables au plan Chronovélo, tiennent à rappeler avant toute chose les militants du Comité de liaison des unions de quartier (Cluq). Et notre démarche est constructive. »
Cependant, un point chiffonne ces observateurs attentifs de la démocratie locale.
Le plan Chronovélo métropolitain, qui cumulera une quarantaine de kilomètres de voiries rapides et de grand gabarit destinées aux vélos, n’a encore jamais fait l’objet d’une concertation auprès des habitants. Et ce alors même que le vice-président aux déplacements de Grenoble-Alpes-Métropole, Yann Mongaburu, en avait fait la promesse en 2015.
« Des réunions de dialogue » mais pas de concertation…
Les militants font référence à un article sorti dans Le Dauphiné libéré où Yann Mongaburu évoquant le plan Chronovélo, déclarait : « Nous n’en sommes qu’au stade de projet. Il y aura bien sûr une concertation plus large […], avec les citoyens, […] ! ».
Ledit plan a, depuis, été abordé « par tronçon et par quartier » et jamais dans sa globalité « malgré les demandes répétées des différentes unions de quartiers concernées », déplorent les militants du Cluq.
Qui plus est, lors de ces « réunions de dialogue », le tracé ne semble jamais négociable, alors qu’il n’a jamais été débattu avec les citoyens, s’indigne le groupe de militants.
Très patients jusqu’ici, les représentants du Cluq sont passés à la vitesse supérieure et ont adressé, le 5 octobre dernier, un courrier commun à la Métropole de Grenoble, la Ville de Grenoble, et au Syndicat mixte des transports en commun (SMTC), les enjoignant d’organiser cette réunion publique de concertation « dans les plus brefs délais ». Ils attendent désormais une réponse de pied ferme.
Un plan conçu par une vingtaine de personnes ?
Le processus d’élaboration du plan Chronovélo interroge par ailleurs les militants associatifs. Les quatre axes rapides qui forment aujourd’hui le plan Chronovélo s’avèrent le fruit du seul travail d’un comité constitué d’une vingtaine de personnes, à qui on a donné carte blanche en 2015.
Comment la Métropole a‑t-elle validé ces hypothèses de travail ?
Y a‑t-il eu des alternatives proposées et examinées depuis ? Visiblement non, soutiennent les militants du Cluq.
Ce plan imaginé par un petit groupe de personnes aurait ainsi été repris tel quel par Grenoble-Alpes-Métropole, qui en a fait son projet définitif…
« Finalement, faire passer des autoroutes à vélos en centre-ville, était-ce la seule solution possible ? Car les conflits d’usage vont être très nombreux », prévoit l’un des membres du Cluq, mettant ainsi les pieds dans le plat. Toujours est-il que c’est aux forceps qu’il va falloir faire passer les Chronovélos sur le cours Berriat ou devant le lycée Champollion.
« 1 900 élèves par jour entrent chaque matin au lycée, cours Lafontaine, témoigne Alain Matton, proviseur du lycée Champollion. J’observe qu’aujourd’hui les vélos serpentent sans guère de vigilance autour des élèves. Qu’en sera-t-il du flux massif de vélos ? », s’interroge le proviseur, qui ne cache pas son inquiétude.
Sollicité en mai par les services de la Métropole pour une rencontre, celui-ci a fait savoir qu’il n’était pas disponible avant juillet. La Métropole a repris contact avec lui le 4 octobre dernier, « ayant eu vent du courrier du Cluq » selon l’Union de quartier des habitants du centre-ville.
« Pas de grands projets sans une véritable adhésion des habitants »
Autant dire qu’une réunion publique de concertation ne sera pas du luxe pour tirer de nombreuses zones d’ombre au clair. Et, plus largement, pour permettre aux élus et aux services d’exposer le raisonnement qui les a conduits à retenir ce plan Chronovélo, et aux habitants d’exprimer leurs avis et propositions. Certains ont en effet potassé des alternatives, aux dires du Cluq, dans l’idée de les présenter un jour aux élus.
« Il n’y a pas de grands projets sans une véritable adhésion des habitants », mettent en garde les militants du Cluq dans le courrier envoyé aux décideurs politiques.
Une réunion publique de concertation s’avère donc à leurs yeux « l’étape indispensable à la réussite du projet ». Une réunion, voire deux ou trois si besoin, sur toute une journée s’il le faut, ont-ils suggéré lors de la conférence de presse, mercredi 10 octobre.
« On ne va pas repartir d’une feuille blanche »
« C’est tout à fait logique que les habitants se posent des questions et demandent des comptes aux élus », admet Jacques Wiart, conseiller municipal délégué Déplacements et Logistique urbaine de Grenoble, qui a pris connaissance du courrier du Cluq. D’accord pour une réunion publique, approuve le conseiller municipal, mais il n’est pas question de revenir sur les axes Chronovélo retenus, prévient-il.
« On ne va pas repartir d’une feuille blanche, ni réaliser une co-étude avec les habitants. Les axes ont fait déjà l’objet d’études importantes et complexes, tenant compte de la circulation automobile, des commerces, des piétons. Nous allons désormais de l’avant et nous déroulons le plan… »
Séverine Cattiaux
LES PLANS VÉLO DE SECTEUR
Parallèlement au plan Chronovélo, les plans vélo de secteur se mettent en place.
À Grenoble, le quartier de l’Ile verte dispose de son plan vélo depuis 2016, le secteur 5 regroupant les quartiers Abbaye-Jouhaux, Châtelet, Teisseire et Malherbe vient de finaliser le sien, résultat d’un travail de plusieurs mois.
Le même travail vient d’être lancé sur le secteur 3. Fin 2018, le secteur 4 commencera le sien en penchant sur les quartiers Foch-Aigle-Libération.
En quoi consiste un plan Vélo de secteur ? Sur le secteur 5, par exemple, des associations et collectifs ont passé au peigne fin tout le quartier, repéré les discontinuités cyclables, pointé les difficultés liées à la sécurité des cyclistes et piétons, notamment aux carrefours, et proposé des aménagements à réaliser (sas à vélo, stationnements à vélo).
Ces plans définissent également les axes primaires, secondaires et tertiaires de circulation en vélo et proposent des recommandations sur les travaux et aménagements nécessaires. « Certains aménagements vont pouvoir se faire rapidement, indique Jacques Wiart, conseiller municipal délégué aux déplacements et à la logistique urbaine, d’autres plus lourds, comme la reprise de trottoirs par exemple, se feront à plus longue échéance. »