FOCUS – Le chercheur grenoblois Samuel Vergès, responsable de l’expédition 5300, vient de dresser un premier bilan des recherches menées à la Rinconada au Pérou. Dans cette ville, la plus haute du monde, les scientifiques ont découvert une population dont les adaptations au manque d'oxygène dépassent les limites jugées atteignables par l’homme. Toutefois, certains habitants souffrent du mal chronique des montagnes. Pour les aider, l’équipe prépare une nouvelle expédition en février, en vue de réaliser un essai clinique.
« Pour faire face au manque d’oxygène à plus de 5 000 m d’altitude, les habitants de La Rinconada ont développé des adaptations hallucinantes ! » Le Grenoblois Samuel Vergès, responsable de l’Expédition 5300, n'a pas caché son étonnement lors de la présentation de la première phase de recherche scientifique menée du 28 janvier au 3 mars 2019 sur la santé des habitants de la ville la plus haute du globe.
Parmi les résultats, « du jamais vu jusqu’ici » : les 50 000 habitants de cette ville, perchée sur le flanc d'une montagne andine du sud-est du Pérou, possèdent le taux de globules rouges le plus élevé au monde. « Ce taux dépasse les 60 % et peut même atteindre 85 % chez certains Péruviens ! », souligne le chercheur de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) au laboratoire grenoblois Hypoxie et Physiopathologies cardiovasculaires et respiratoires (HP2)*. Il n'en revient toujours pas.
« On est ainsi bien loin des 47 % habituels », précise-t-il. Avant d'ajouter pour souligner cette exceptionnelle caractéristique : « même un athlète d’endurance de très haut niveau qui fait tout son possible pour augmenter sa capacité de transport de l’oxygène va atteindre péniblement un taux de 50 %. »
« Les habitants de la Rinconada possèdent deux kilos de globules rouges »
En poids, cela représente près de « deux kilos de globules rouges pour transporter l'oxygène dans l'organisme, là où nous avons besoin de 600 à 700 g à nos altitudes plus basses », renchérit le scientifique. C'est bien le moins qu'il faut pour survivre dans une atmosphère où le taux d’oxygène est de moitié inférieur à celui mesuré au niveau de la mer.
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