EN BREF – Une vingtaine d’agents de la Direccte se sont rassemblés mercredi 27 mars devant les locaux fermés de l’administration. Leur objectif : dénoncer des horaires d’ouverture de plus en plus restreints, au mépris selon eux des usagers. Et, en filigrane, dire tout le mal qu’ils pensent des projets de réforme de la fonction publique portés par le gouvernement.
Avant de se rendre au rassemblement prévu l’après-midi devant la permanence de la députée de l’Isère Émilie Chalas, une vingtaine d’agents de la Direction du travail de l’Isère s’étaient donné rendez-vous devant les locaux de la Direccte de Grenoble*, mercredi 27 mars. Objectif ? Dénoncer la réduction des horaires d’ouverture au public. Un rassemblement unitaire à l’appel des syndicats FSU, CGT et Sud Travail.
« Actuellement, nous sommes à quatre heures trente de réception du public : le matin, nous sommes ouverts de 9 heures à 11 h 30, puis de 14 à 16 heures et c’est tout ! », dénonce ainsi Benoît, agent de la Direccte syndiqué chez Sud Travail. Conséquence de cette faible amplitude horaire : des usagers repartent sans avoir pu être mis en relation avec un agent. Et des files d’attente se forment le matin, une heure avant l’ouverture des bureaux.
Précisément 468 usagers bredouilles depuis le début de l’année
Combien d’usagers sont ainsi repartis bredouilles ? « Nous sommes à 468 depuis janvier, ce qui est absolument énorme ! », s’alarme Benoît. Un phénomène d’autant plus dramatique à ses yeux qu’il touche des personnes dans des situations difficiles. À savoir, des salariés face à une procédure de licenciement, des menaces de sanction ou encore des impayés de salaires. Avec un besoin de conseils rapides, sans avoir les moyens de se tourner vers un avocat.
Le syndicaliste dénonce aussi le recours prochain aux prises de rendez-vous en ligne. Avec deux inquiétudes : d’une part, à quelques jours de la généralisation du système, la plateforme numérique n’est pas encore opérationnelle. D’autre part, Benoît craint que cette procédure ne favorise in fine les DRH ou responsables d’entreprise. C’est-à-dire des personnes qui « ont accès à des avocats et des conseils juridiques de qualité via leurs organisations professionnelles ».
Les « débats fumeux » sur la fonction publique
Derrière cette action des agents de la Direccte, c’est toute la loi de réforme de la fonction publique qui est contestée. Les mots d’Émilie Chalas, rapporteure de la loi, qui se dit prête à « percuter le mode de fonctionnement des syndicats », ne sont pas passés inaperçus. « Ce n’est pas en mettant les agents et les usagers de coté que l’on va arriver à construire quoi que ce soit, sauf à respecter de simples règles comptables pour réduire les effectifs », s’agace Benoît.
Une baisse d’effectifs au profit de démarches dématérialisées ? C’est le cauchemar d’un autre militant Sud Travail, Pierre Boutonnet. « Il y a besoin d’un rapport humain qui soit accessible facilement, et tout est fait pour que cet accès soit de plus en plus compliqué ! », déplore-t-il. Résultat, selon lui ? Des usagers de plus en plus en colère, à qui est renvoyée l’impression que l’argent de leurs impôts est dépensé en vain.
Autant dire que la loi en prévision, largement axée sur le “management”, intéresse bien peu les syndicats. Benoît moque volontiers « les débats fumeux sur la fonction publique » menés par le gouvernement. Et estime que le législateur prend le problème à l’envers : « Ce qu’il faut, c’est repartir de la base et du besoin des usagers. C’est là-dessus que l’on construit la fonction publique et ses missions, pas l’inverse ! »
FM
* Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.