REPORTAGE VIDÉO - Les gilets jaunes grenoblois ont tenu à prouver leur détermination, ce samedi 2 mars, malgré une mobilisation en berne pour l'acte XVI. Soucieux de donner une « visibilité positive » au mouvement, ces derniers ont opté pour une action « utile et concrète » : une opération “parkings gratuits” au CHU de Grenoble. L'objectif ? Dénoncer les tarifs jugés prohibitifs pratiqués par le gestionnaire des parkings du centre hospitalier.
Pour les gilets jaunes de l'agglomération grenobloise, les samedis se ressemblent et… rassemblent de moins en moins de monde. En effet, depuis plusieurs semaines, ils sont moins nombreux à participer aux rassemblements du parc Paul-Mistral.
Pour marquer l'acte XVI de leur mouvement, ce samedi 2 mars, ils n'étaient guère plus que 200 à battre le pavé grenoblois, avant de rejoindre une trentaine de gilets jaunes pour une action “parking gratuit” au pôle Couple enfants du CHU de Grenoble. Et d'investir les autres parkings de l'hôpital pour en ouvrir les barrières d'accès à des visiteurs, visiblement ravis de l'aubaine.
Donner une « visibilité positive » au mouvement à travers des actions utiles
À l'origine de cette initiative, des gilets jaunes de Voreppe, de Saint-Martin-d'Hères et d'autres communes de la périphérie. Lassés de déambuler sans réel but tous les samedis dans les rues de Grenoble, ils ont voulu donner une autre tournure à leurs actions.
Comment ? À travers des opérations « utiles et concrètes » donnant une « visibilité positive » au mouvement, explique une jeune femme. L'objectif de cette action au centre hospitalier ? Dénoncer les tarifs jugés prohibitifs pratiqués par le gestionnaire des parkings du CHU et en réclamer la gratuité.
« Tout le monde peut être confronté à la maladie. Nous voulons sensibiliser les gens à ce scandale de faire payer 35 euros à des familles qui viennent voir leur enfant malade », s'indigne Jacques, l'un des gilets jaunes présents.
Retour sur cette journée de mobilisation qui s'est démarquée des précédentes.
Les marches sans objectifs « ne servent à rien »
Bien sûr, les fameux « Ahou ahou ahou » gutturaux répondant à la question « Gilets jaunes, quel est votre métier ? » continuent à fuser dans les cortèges. Tout comme l'injonction péremptoire « Macron démission ! », scandée à l'envi par les manifestants. Si la vigueur de leurs cris de guerre ne faiblit pas, force est de constater que c'est désormais celle des irréductibles qui restent persuadés « qu'il ne faut surtout rien lâcher ».
Quels sont les gilets jaunes grenoblois qui ont à l'inverse crié pouce ? Peut-être ceux qui ont voulu laisser une chance au Grand débat national. Ceux-là, les manifestants ne veulent pas en entendre parler. Ce sont de quasi traitres à leurs yeux.
D'autres ont sans doute craint la confrontation prônée par les plus radicaux d'entre eux. S'y ajoutent enfin les plus anciens, les retraités rebutés et fatigués par les longues marches mettant leurs articulations à l'épreuve.
Une chose est sûre, il faut changer de braquet. De l'avis de beaucoup, « ces marches sans objectifs ne servent à rien ». C'est en tout cas ce que l'on peut entendre de plus en plus souvent en circulant dans les rangs des gilets jaunes qui se dégarnissent au fil du temps. « On est là pour changer le système et obtenir la démission de Macron, pas pour défiler comme des moutons », lâche, agacé, un quinquagénaire.
Vers un « printemps jaune grenoblois » le 9 mars
De plus en plus de gilets jaunes, désormais décomplexés, n'hésitent ainsi plus à afficher leur désaccord sur la manière dont est menée localement la lutte. Certains vont même jusqu'à remettre ouvertement en cause les “leaders”, les têtes de gondoles du mouvement. Des figures dont il ne faut pas dire qu'elles le sont, le mouvement refusant farouchement depuis ses débuts tout ce qui pourrait ressembler à une tentative de structuration. Bref, compliqué.
Revenir aux fondamentaux des ronds-points, mener des actions valorisant le mouvement… Telles sont les branches auxquelles s'accrochent bien des gilets jaunes.
L'incendie et une autre tentative qui ont frappé leur modeste QG de Saint-Martin-d'Hères n'ont pas entamé leur détermination à poursuivre le mouvement. Et ce alors même « que la fatigue des quatre mois se fait sentir », avouent des gilets jaunes grenoblois sur les réseaux sociaux.
« Rappelons-nous toutes les raisons pour lesquelles nous sommes entrés en résistance face à un pouvoir et une société qui ne nous correspondent plus ! », haranguent-il encore. Une manière d'introduire la thématique de l'acte XVII du mouvement, « le printemps jaune grenoblois », d'ores et déjà annoncé pour le 9 mars prochain.
Joël Kermabon
Précisions du CHU de Grenoble concernant la tarification de 35 euros
Le CHU de Grenoble réagit ce lundi 4 mars sur le fait que le coût de 35 euros n'est pas appliqué de manière mécanique à tous. Selon le centre hospitalier, la gratuité des parkings existe effectivement pour certains patients, tandis que des exonérations sont prévues pour toutes les personnes souscrivant un abonnement.
Concernant l'accès gratuit, les patients peuvent en bénéficier pour les spécialités suivantes : néonatalogie, chimiothérapie, immunologie, hématologie, réanimation pédiatrique et cancérologie de la femme. « Cette exonération à l’hôpital Couple enfants vient s’ajouter à celle existante à l’hôpital Michallon (dialyse, radiothérapie, désensibilisation, hématologie) », précise le Chuga.
Par ailleurs, poursuit le centre hospitalier, des exonérations de paiement sont possibles. « Patients et visiteurs peuvent souscrire à des abonnements de stationnement permettant d’obtenir des prix presque trois fois inférieurs aux 35 euros par jour (au-delà de huit heures) ».
Un exemple ? Le coût du stationnement revient à 12,90 euros pour douze heures et à 19,90 euros pour vingt-quatre heures. Quant aux demandes d’abonnements, elles doivent être effectuées auprès du point d’accueil parking de l’hôpital Michallon. Pour éviter les déplacements « un second point d’encaissement parking sera prochainement créé à l’hôpital Couple Enfants », promet le CHU de Grenoble.