FIL INFO – Après la décision de l’Agence régionale de santé de supprimer une mesure de défiscalisation sur certains actes, SOS Médecins Grenoble suspend ses visites à domicile. Et dénonce des dysfonctionnements révélateurs de la crise du système de soins français.
SOS Médecins Grenoble a décidé de suspendre ses visites à domicile jusqu’à nouvel ordre*. La structure basée à Échirolles et qui regroupe vingt et un généralistes estime que son organisation est remise en cause depuis que sa tutelle, l’Agence régionale de santé (ARS), a décidé de remettre en cause certaines mesures fiscales.
« Le mode de rémunération des médecins généralistes libéraux a évolué ces dix dernières années avec l’apparition de la forfaitisation, souligne l’association sur son site. Actuellement, SOS médecins Grenoble ne bénéficie d’aucun forfait de ce type qui sont exclusivement réservés à votre médecin traitant (lui-même débordé et ne trouvant plus le temps pour la réalisation de visites non programmées). Seules des mesures fiscales venaient compenser cette absence, et nous permettaient de compenser la faible rémunération de la visite à domicile en journée [35 euros en journée, ndlr]. Ces mesures fiscales vont disparaître alors qu’elles représentaient 10 à 15 % de nos revenus. »
Des visites à domicile de plus en plus lourdes à prendre en charge
Pour SOS Médecins, les visites à domicile, qui représentent les deux tiers de leur activité mais un tiers de leurs revenus, sont d’autant plus menacées qu’elles sont de plus en plus difficiles à prendre en charge du fait de l’évolution de la société. Et l’association d’énumérer les maux qui, par contrecoup, lui reviennent comme un boomerang.
« Personnes âgées seules souvent porteuses de plusieurs pathologies complexes, absence d‘aidants ou aidants épuisés, absence de solutions satisfaisantes, contraintes en aval avec des centres hospitaliers surchargés, patients en difficultés sociales/financières, décompensation psychiatrique violente/agressive, soins palliatifs, pression du Samu et des urgences débordés »…
Pour SOS Médecins, ce n’est pas seulement le modèle économique de leur structure qui est remis en cause mais également leur engagement face au « manque chronique de reconnaissance de nos institutions de tutelle », soulignent-ils. Autant de dysfonctionnements qui sont révélateurs, selon eux, de la crise du système de soins français, « que nous ne pouvons cautionner ».
PC
* Seules les consultations au centre médical d’Échirolles sont assurées.