FOCUS – Les agents de la ville de Grenoble étaient en grève, ce mardi 15 décembre, suite à un préavis déposé le 4 décembre. Un peu moins d’une centaine d’entre eux se sont rassemblés sur le parvis de l’Hôtel de Ville, à l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT, Sud et CFTC. Une journée sans agents pour protester contre les quelque 700.000 euros d’économies réalisées par la Ville sur le budget du personnel et demander qu’il soit augmenté.
Suite à un préavis de grève reconductible déposé le 4 décembre dernier par l’intersyndicale CGT, Sud, CFTC et CGT, les agents municipaux de la ville de Grenoble étaient en grève ce mardi 15 décembre. Près d’une centaine d’entre eux s’étaient rassemblés sur le parvis de la mairie pour décider en assemblée générale et à main levée de la poursuite du mouvement. Outre la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires gelé depuis cinq ans, l’intersyndicale se regroupait autour d’une seule revendication : l’augmentation du budget du personnel.
Une augmentation qui permettrait, selon les syndicats, de revaloriser le régime indemnitaire des agents et d’améliorer leurs conditions de travail par la voie de recrutements, de renforts et de remplacements dans les services.
A l’issue du rassemblement et après quelques prises de parole des différents syndicats, un vote à main levée a décidé de la non-reconduction du mouvement de grève.
Des conditions de travail jugées dégradées
« Beaucoup d’agents sont dans une grande précarité ! Suite au gel du point d’indice, leur pouvoir d’achat baisse. Cette municipalité avait fait campagne pour le bouclier social et nous lui demandons instamment de le mettre en place pour les agents de la ville de Grenoble », explique Virginie Campayo du syndicat Sud CT 38. Et de poursuivre : « Au lieu de ça, l’année dernière, la Ville a économisé 700.000 euros sur le budget du personnel, en jouant notamment sur les remplacements et les renforts ».
Bien que reconnaissant que la municipalité soit contrainte par une situation financière difficile, la syndicaliste pointe des choix « politiques » qui desservent les agents, dont notamment la volonté de parvenir à maîtriser la masse salariale. « C’est une politique d’austérité à l’attention des salariés que nous ne pouvons pas accepter », déclare l’intersyndicale dans son communiqué. « La baisse des dotations ne met pas la Ville en faillite. Ne pas augmenter le personnel est un choix politique ! », concluent les syndicats.
Dolorès Rodriguez, secrétaire générale du syndicat CGT de la ville de Grenoble et du CCAS, dénonce quant à elle des conditions de travail qui vont en empirant. « Les agents sont frustrés qu’on leur demande d’assumer un service public dégradé. Les protocoles de remplacement sont revus à la baisse. C’est le cas pour la propreté urbaine. Les Grenoblois font d’ailleurs suffisamment remonter que la ville n’est pas propre ! »
Et de fustiger l’absence de dialogue social. « Cette municipalité méprise les agents et les organisations syndicales. Cela va nous obliger à durcir nos positions. Cette équipe est à des milliers d’années lumière de ce que les services vivent aujourd’hui », déclare la syndicaliste.
Un budget ressources humaines reconduit
Alors, dialogue de sourds entre la municipalité et les agents ? Maud Tavel, l’adjointe en charge du personnel et de l’administration générale, revient dans un premier temps sur les recrutements. « Le travail a été fait. Nous avons accompagné l’ensemble des services sur un certain nombre de recrutements, dont des emplois aidés cet automne. Nous sommes vigilants sur les services de production comme la cuisine centrale ou des services où l’absentéisme est plus fort. Nous essayons de répondre au cas par cas là-dessus », explique l’adjointe.
L’élue confirme que les dépenses ont été contenues dans l’enveloppe “ressources humaines” qui avait été affectée en début d’année par le budget prévisionnel 2015, soit 140,6 millions d’euros.
Pour 2016, bien que le périmètre budgétaire ait été modifié, du fait des transferts vers la Métropole et la création de services communs, « le budget ressources humaines est reconduit sur exactement la même enveloppe que celle qui a été votée pour 2015 », affirme l’élue.
Cependant, l’ensemble des autres items du budget “fonctionnement” sont en baisse parce qu’en face, il y a moins de recettes.
« Pour autant, quand on compare la proportion du budget “personnel” sur l’ensemble du budget de fonctionnement, il était de 52 % en 2015 et en 2016 il sera de 54 %. » L’élue veut tordre le cou à l’idée qu’il régresserait. « Il n’y a donc pas de diminution mais une stabilisation de notre budget consacré aux ressources humaines qui, en proportion, augmente parce que l’effort est fait sur le reste de notre budget de fonctionnement », tient-elle à rectifier.
« Nous ne faisons pas la sourde oreille »
Quant à la revalorisation du régime indemnitaire, Maud Tavel réitère la réponse qui a été faite aux syndicats. « Nous leur avons répondu qu’aujourd’hui nous ne sommes pas en capacité de nous engager sur une somme. Nous leur proposons de nous mettre autour de la table pour travailler sur sa remise à plat, en nous donnant des priorités, notamment celle de porter l’effort sur les plus bas salaires », assure l’élue.
Concernant la mise en place d’un bouclier social, l’adjointe s’inscrit en faux contre les assertions syndicales. « Nous avons commencé à le mettre en place. Nous avons titularisé un certain nombre d’agents qui étaient ou des vacataires ou en contrat à durée déterminée. Nous avons également mis en place une aide à la mutuelle santé », déclare l’élue. « Par contre, nous le faisons avec les contraintes qui sont les nôtres et la volonté d’assurer un service public de qualité, en veillant à l’équilibre entre nos budgets d’investissement et de fonctionnement », tempère-t-elle.
« Nous ne faisons pas la sourde oreille. Nous souhaitons avancer dans le bon sens avec les moyens que nous avons aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous allons également travailler sur la rationalisation de notre patrimoine immobilier, vieillissant, qui pèse énormément sur notre budget de fonctionnement », complète Maud Tavel. Une manière de limiter les dépenses de fluides, d’assurances et de déplacements pour les agents. « Cela nous permettra de réaliser des économies et de mieux concentrer nos actions sur le personnel. »
Joël Kermabon