FOCUS – Le journal Les Antennes voit un solde de subvention de près de 5.000 euros bloqué par la Région Auvergne Rhône-Alpes. Un gel qui met en péril le fragile équilibre financier du média citoyen, contraint en prévision de renoncer à diverses actions, ainsi qu’à l’embauche d’une personne en contrat aidé.
Un désengagement politique sans préavis, ou la démonstration d’un budget régional jusqu’ici aventureux ? Le journal et site internet grenoblois Les Antennes vient d’apprendre le blocage du solde de subvention qui devait lui être versé en soutien au concours d’articles citoyens organisé – et soutenu par la précédente majorité du Conseil régional – sur 2015 et 2016.
Coups de cœur ou de gueule, revendications politiques ou dérivations poétiques, ce concours avait donné lieu à une foisonnante remise de prix le 10 février, à l’Hôtel de ville de Grenoble.
Deux mois plus tard, le foisonnement laisse place à la disette. « On nous a dit qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses. Tout est bloqué depuis un mois, et les employés de la Région eux-mêmes sont démunis », explique Anne Benoît-Janin, directrice des Antennes.
La somme – 4.500 euros – peut sembler modeste mais a d’ores et déjà été avancée, et pèse lourd dans les finances du « Gratuit citoyen ». « Nous avons fait ce travail parce que nous étions subventionnés, sinon nous n’en aurions évidemment pas eu les moyens ! », explique Anne Benoît-Janin. Qui tient à préciser que les 10.000 euros engagés sur deux ans pour ce concours ont été investis dans des lots et des frais généraux, « et pas dans des salaires ! »
L’embauche d’une personne au RSA annulée en urgence
Ce solde de subvention sera-t-il versé un jour ? La directrice des Antennes l’ignore, et s’offusque : « Que la nouvelle majorité ne veuille plus financer ce genre d’actions, c’est son choix. Mais elle ne peut pas s’affranchir des engagements déjà pris, surtout pour une action dont le financement a été voté par un conseil d’habitants tirés au hasard, dans le cadre de la démocratie participative. »
En conséquence, les Antennes sont dans l’expectative vis-à-vis de deux autres missions censées être subventionnées : la direction hésite à prendre le risque de les mener à terme sans savoir si, à leur tour, leur financement sera gelé.
C’est le cas d’un travail avec les jeunes de l’Institut des métiers et des techniques sur la liberté d’expression, en passe de se terminer. Quant à un projet de réalisation d’un web-doc sur la condition des femmes en milieu rural, il est pour le moment interrompu.
C’est ainsi également que l’embauche en contrat aidé d’une personne au RSA, qui devait entrer en fonction ce vendredi 15 avril, vient d’être annulée en urgence, faute de certitudes budgétaires.
« Remettre tout cela d’aplomb »
Du côté du Conseil régional, dans l’entourage du président Laurent Wauquiez, on voit – et dénonce – en premier lieu dans cette situation « un exemple qui illustre parfaitement la manière dont la Région était gérée jusqu’à présent ».
« Le précédent exécutif de Monsieur Queyranne n’a pas été capable d’honorer les engagements pris. Les montants nécessaires pour pouvoir payer la subvention n’ont pas été budgétés, et le budget aujourd’hui ne permet pas de verser le solde. Cela vaut dans bien des domaines, et on découvre de nouveaux cas de ce type chaque jour ou presque ! »
« C’est une question inacceptable et inadmissible ! », estime-t-on au sein de la présidence de la nouvelle majorité du Conseil régional, qui assure avoir pleinement conscience des difficultés rencontrées par les structures concernées. « Nous sommes en train de regarder tout ça, de voir comment remettre tout cela d’aplomb », nous dit-on encore. Sans pouvoir donner pour le moment d’indication en termes de délai.
Anne Benoît-Janin dessine, pour sa part, un avenir pour le moins sombre. « Les Antennes sont très compromises. On continue sur le site, mais c’est de la survie, alors que je considère que nous menons une action citoyenne que j’estime de service public, en nous faisant les relais de la parole des citoyens. »