© Véronique Serre

« L’alternance, ce sont les écologistes »

« L’alternance, ce sont les écologistes »

ENTRETIEN – Eric Piolle ne croit plus en la crois­sance et le fait savoir. Que ce soit à Fontaine ce samedi 31 août pour la ren­trée poli­tique dépar­te­men­tale des éco­lo­gistes ou la semaine pré­cé­dente à Marseille pour les jour­nées d’été du parti Europe Ecologie Les Verts (EELV), le co-pré­sident du groupe éco­lo­giste au conseil régio­nal de Rhône-Alpes, est inter­venu dans des débats sur la mort de cette notion éco­no­mique et les consé­quences des poli­tiques d’austérité. Il revient dans cet entre­tien sur la méthode poli­tique de son parti à toutes les échelles de déci­sions et pose volon­tiers les contours d’une ville sous exé­cu­tif écologiste.
© Véronique Serre

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Basco-béar­nais d’origine, Eric Piolle est depuis vingt ans un Grenoblois d’adoption. Diplôme d’ingénieur de l’INPG en poche, il a inté­gré à 27 ans le comité de direc­tion d’une usine de 300 per­sonnes de la région. Dix ans plus tard, c’est dans un grand groupe infor­ma­tique amé­ri­cain for­te­ment pré­sent à Grenoble et en Isère qu’il exer­çait encore récem­ment en qua­lité de cadre-dirigeant.
S’il tire le lea­der­ship de son acti­vité pro­fes­sion­nelle, son enga­ge­ment poli­tique vient d’ailleurs. Père de quatre enfants et parent d’élève réfé­rent, il défend la sco­la­ri­sa­tion des enfants sans papiers à tra­vers le Réseau édu­ca­tion sans fron­tière (RESF) et lutte contre le chô­mage depuis les années 1990 aux cotés de Pierre Larouturou.
C’est éga­le­ment avec lui et, entre autres, Edgar Morin, Stéphane Hessel et Susan George qu’il a fondé en 2012 le col­lec­tif Roosevelt. Un mou­ve­ment citoyen pro­mou­vant quinze pro­po­si­tions éco­no­miques et sociales pour sor­tir de la crise. Elu au conseil régio­nal en 2010, après avoir « envoyé CV et lettre de moti­va­tion » au parti EELV qui s’ouvrait à la société civile, il est aujourd’hui le co-pré­sident du deuxième groupe poli­tique de la région comp­tant 37 élus.
Les jour­nées d’été d’EELV ne sont pas pas­sées inaper­çues la semaine der­nière avec plu­sieurs annonces de ministres par­ti­ci­pants. Les mili­tants qui s’interrogeaient sur la place de votre for­ma­tion au gou­ver­ne­ment ont-ils tou­jours des rai­sons d’a­voir des doutes ?
La loi por­tée par Cécile Duflot sur le loge­ment sera un évé­ne­ment mar­quant déjà salué par les asso­cia­tions tra­vaillant sur la ques­tion, même si une mise en route plus rapide et effi­cace par les ser­vices de l’Etat est néces­saire. Nous avons de la por­tée dans le gou­ver­ne­ment, par la voix des ministres éco­lo­gistes mais pas seule­ment. L’annonce faite à Marseille par Philippe Martin, le ministre socia­liste de l’Ecologie, d’une contri­bu­tion cli­mat sera un point fort de la fis­ca­lité éner­gé­tique à venir. La fis­ca­lité éco­lo­gique et l’effort sur la réno­va­tion ther­mique des bâti­ments seront deux leviers créa­teurs d’emplois durables qui per­met­tront de lut­ter contre le réchauf­fe­ment climatique.
Eric Piolle, co-président du groupe rassemblant les écologistes au conseil régional de Rhône-AlpesN’est-ce fina­le­ment pas une posi­tion confor­table que de faire par­tie de la majo­rité pour faire pro­gres­ser ses idées, sans pour autant être le parti majo­ri­taire et devoir ainsi assu­mer l’intégralité du bilan ?
Ce n’est pas notre voca­tion. Peut-être que cer­tains appré­cient cette pos­ture mais, pour ma part, j’ai tou­jours été plu­tôt un lea­der dans mes enga­ge­ments asso­cia­tifs et pro­fes­sion­nels. C’est aux manettes que je suis le plus à l’aise. Les éco­lo­gistes ne sont pas des sup­plé­ments d’âme. Ils n’ont pas non plus de posi­tions de prin­cipe mais amorcent des arbi­trages, avec un pied dans les res­pon­sa­bi­li­tés poli­tiques pour bous­cu­ler les choses et le second dans la société civile pour per­ce­voir les besoins. C’est le cas autant au gou­ver­ne­ment qu’au conseil régional.
Où s’arrête la soli­da­rité gou­ver­ne­men­tale et où com­mence la capa­cité de révolte ?
Alors que sous la pré­si­dence de Nicolas Sarkozy, les citoyens étaient mon­tés les uns contre les autres, le gou­ver­ne­ment a déjà changé l’atmosphère du pays. Il cherche aujourd’hui l’apaisement et nous saluons cet effort. Peut-être que les socia­listes ont espéré que cet apai­se­ment suf­fi­rait à relan­cer le modèle, mais on ne peut pas se conten­ter de gérer l’effondrement. Les poli­tiques d’austérité mises en œuvre n’ont aucun effet puisque la dette conti­nue de galo­per. Il y a des alter­na­tives por­tées par le col­lec­tif Roosevelt et par d’autres dans la société civile. Il faut désor­mais trans­for­mer la société par la soli­da­rité et l’emploi et pour la tran­si­tion éner­gé­tique et la pros­pé­rité de cha­cun. En 1944, les diri­geants esti­maient que la pau­vreté était une atteinte à la pros­pé­rité de tous. Elle l’est encore aujourd’hui. Nous sol­li­ci­tons, nous approu­vons par­fois mais nous nous indi­gnons quand il le faut. Le trai­te­ment des sans papiers par Manuel Valls est notam­ment une des actions gou­ver­ne­men­tales qui nous révolte parmi d’autres.
Quelles mesures por­tées par le col­lec­tif Roosevelt pour­raient chan­ger la donne ?
L’axe majeur est de remettre le monde de la finance à sa place. La cupi­dité est conta­gieuse, il faut donc impo­ser des règles à la finance pour qu’elle serve l’activité humaine et non l’inverse. Le gou­ver­ne­ment a oublié cette pro­messe et c’est désor­mais la même chose dans les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales. Cela fait six mois que nous inter­pel­lons Jean-Jack Queyranne, le pré­sident du conseil régio­nal, pour qu’il mette en œuvre la déli­bé­ra­tion à ce sujet, adop­tée en juillet 2010 par les socia­listes, les éco­lo­gistes et le Front de gauche. Le pro­gramme porté par le col­lec­tif Roosevelt est à la conver­gence de l’emploi, de l’économie et de l’environnement, trois axes imbri­qués où se trouvent les solu­tions. La tran­si­tion éner­gé­tique est un vivier d’emplois. La loi Duflot sur la réno­va­tion ther­mique des bâti­ments mon­trera le che­min. Le déve­lop­pe­ment de l’agriculture bio­lo­gique éga­le­ment, qui n’attend qu’une volonté poli­tique. Alors que l’Italie en est à 20% de pro­duc­tion bio­lo­gique, nous pei­nons à atteindre les 2% en France. Le ser­vice à la per­sonne, troi­sième sec­teur créa­teur d’emplois, doit aussi être dyna­misé. Par ailleurs, l’autre mesure phare por­tée par le col­lec­tif Roosevelt est la créa­tion d’emplois par le par­tage des gains de pro­duc­ti­vité. Keynes et Einstein esti­maient que la réduc­tion du temps de tra­vail était inexo­rable. Or si le temps de tra­vail a été divisé par deux entre la fin du 19ème siècle et les années 70, les gains de pro­duc­ti­vité ne sont aujourd’­hui plus par­ta­gés. C’est ce qui a par­ti­cipé à l’explosion du chô­mage, met­tant ainsi en dan­ger des pans entiers de la société.
À l’heure du « tra­vailler plus pour gagner plus » et de l’allongement de la durée de coti­sa­tion avant le départ à la retraite, dimi­nuer son temps de tra­vail pour créer des emplois est-il un mes­sage audible par la société française ?
Les citoyens ont conscience que leur qua­lité de vie ne tient pas seule­ment à l’ac­cu­mu­la­tion de tou­jours plus de biens. Le sous-emploi frappe 7 mil­lions de per­sonnes ; 5,4 mil­lions de chô­meurs sont ins­crits à Pôle Emploi, aux­quels s’ajoutent un mil­lion de per­sonnes qui per­çoivent le RSA sans être ins­crites à Pôle Emploi et un mil­lion de jeunes dans la même situa­tion, ins­crits dans les mis­sions locales. Le chô­mage frappe tous nos foyers, que ce soit direc­te­ment ou par nos proches. Ce n’est pas en péda­lant plus vite que cela va s’arranger. Le par­tage du temps de tra­vail rebon­dit aujourd’hui en Belgique et en Allemagne, où Angela Merkel a ins­ti­tué les 30 heures d’activité par semaine durant la crise. Nous devons conti­nuer de le faire vivre en France car le défi de notre temps est que cha­cun trouve sa place dans l’activité de la société.
© Véronique SerreLa tran­si­tion éner­gé­tique créa­trice d’emplois que vous décri­vez pourra-t-elle absor­ber ceux qui dis­pa­raî­tront dans le sec­teur du nucléaire ou des éner­gies fossiles ?
Un euro investi dans les éner­gies renou­ve­lables crée six fois plus d’emplois que le même euro investi dans le nucléaire. Dans l’agriculture bio­lo­gique, c’est 30% de tra­vail humain sup­plé­men­taire qui est néces­saire. La ten­dance que nous défen­dons est de nous recen­trer sur nos besoins fon­da­men­taux que sont le loge­ment, la santé, les trans­ports, l’é­du­ca­tion, la sécu­rité et la culture. C’est là-des­sus que nous devons concen­trer nos efforts, ainsi que sur les éco­no­mies d’énergie et de matières pre­mières. Tout cela n’est pas seule­ment un dis­cours mili­tant. Nous le tra­dui­sons par des actes au niveau local. Un amen­de­ment éco­lo­giste déposé dans le bud­get 2013 et adopté par la majo­rité pré­voit ainsi la réno­va­tion ther­mique des lycées, la pose de pan­neaux pho­to­vol­taïques sur les toits des éta­blis­se­ments et un pro­gramme d’économies d’énergie. L’embauche des tech­ni­ciens qui ont été employés à cette occa­sion sera amor­tie en deux ans grâce aux éco­no­mies réa­li­sées. Nous avons éga­le­ment déposé et voté un amen­de­ment sur la tari­fi­ca­tion sociale des TER qui sont les trains du quotidien.
L’autorité de sûreté du nucléaire a publié cette semaine une note s’inquiétant de la sécu­rité des cen­trales fran­çaises face au risque d’incendie. Un tel inci­dent s’est d’ailleurs récem­ment pro­duit à la cen­trale du Bugey. Quelle action menez-vous dans la région la plus nucléa­ri­sée de France ?
C’est une inquié­tude pour cha­cun de nous qui vivons à proxi­mité de sites comme celui-ci. C’est un dan­ger qui n’est pas pal­pable au quo­ti­dien, comme celui de la pol­lu­tion atmo­sphé­rique. Mais Fukushima, Three miles island et Tchernobyl, trois acci­dents majeurs en moins de trente ans, ont démon­tré que le dan­ger était réel. Il y a eu des efforts fran­çais sur la sécu­rité du nucléaire mais cela reste une éner­gie dan­ge­reuse et l’information est mas­quée, comme au Japon où nous com­pre­nons que la situa­tion n’est pas sous contrôle. Les éco­lo­gistes siègent dans les conseils locaux d’information. C’est le cas d’Olivier Bertrand à Saint-Alban. Notre tra­vail est d’interpeller régu­liè­re­ment les res­pon­sables pour mettre à jour et faire encore pro­gres­ser la sécu­rité nucléaire. À une échelle de vingt ans, nous pou­vons mon­ter en charge concer­nant les efforts en termes de sobriété, d’efficacité éner­gé­tique et d’énergies renou­ve­lables afin de pou­voir nous pas­ser tota­le­ment du nucléaire.
© Véronique SerreLe jour­nal Libération publiait éga­le­ment cette semaine un dos­sier sur les dépu­tés nucléo­crates. Dans le sec­teur, la ministre Geneviève Fioraso et le député François Brottes sont poin­tés du doigt. Cela vous surprend-il ?
Rien de nou­veau sous le soleil. Le CEA court devant et Geneviève Fioraso der­rière. Cela était déjà le cas à l’époque des élec­tions légis­la­tives de Michel Destot, consi­déré comme l’un des lob­byistes du nucléaire. Le député-maire de Grenoble est d’ailleurs tout autant fan du nucléaire que des grands pro­jets. Il a été le rap­por­teur du Lyon-Turin et un fervent défen­seur des Jeux olym­piques et de la rocade nord. C’est son état d’esprit. Plutôt que de s’intéresser aux pro­blèmes du quo­ti­dien des habi­tants, il pense aux grandes infra­struc­tures et à l’innovation technologique.
Les tra­vaux d’accès au chan­tier du Lyon-Turin ont été décla­rés d’utilité publique cette semaine. Le groupe éco­lo­giste avait quitté l’hémicycle du conseil régio­nal au moment du débat en juillet. Vous récla­mez davan­tage de fret, tout en vous oppo­sant au Lyon-Turin. Comment expli­quer cette posi­tion d’apparence contradictoire ?
Notre posi­tion est claire. Les échanges de mar­chan­dises entre la France et l’Italie sont en baisse depuis une tren­taine d’année et la ligne de fret actuelle est uti­li­sée à seule­ment 25% de ses capa­ci­tés. L’argument de l’emploi ne doit pas prendre le des­sus sur celui de l’utilité de l’infrastructure. De l’emploi peut être créé dans des sec­teurs à haut degré de ser­vice. La ligne actuelle a la capa­cité suf­fi­sante pour absor­ber un report modal que nous sou­hai­tons aujourd’hui et non pas dans trente ans, quand le tun­nel sera percé. La situa­tion des val­lées fran­çaises, comme celle de la Maurienne, démontre que cela est néces­saire. Cela ne s’arrangera pas, par ailleurs, avec l’autorisation de cir­cu­la­tion dans ce cou­loir des 44 tonnes qui endom­magent les routes plus rapi­de­ment et néces­sitent des inves­tis­se­ments publics sup­plé­men­taires. Pour amé­lio­rer la situa­tion, trois autres mesures sont impé­ra­tives : empê­cher le tra­fic des camions vides, mettre en œuvre une taxa­tion inci­ta­tive pour encou­ra­ger le fret et favo­ri­ser un report du tra­fic entre l’Espagne et l’Italie vers le fret maritime.
Mardi, les éco­liers gre­no­blois pren­dront le che­min de l’école avec un modi­fi­ca­tion de leur emploi du temps puisque la ville a entre­pris la réforme du rythme sco­laire. À tra­vers votre enga­ge­ment de parent d’élèves, com­ment per­ce­vez-vous cette mesure et son application ?
C’est une réforme posi­tive mais mal­heu­reu­se­ment bâclée. Nous ne pou­vons abor­der la ques­tion de l’école uni­que­ment par le temps sco­laire. Il faut se sou­cier éga­le­ment du contenu et c’est un oubli. Ce qui nous est vendu comme une loi de refon­da­tion de l’école est une loi de répa­ra­tion. Le véri­table effort d’embauche de Vincent Peillon, que nous saluons, com­pense les réduc­tions d’effectifs des années précédentes.
Concernant l’application de cette réforme, la ville de Grenoble recherche tou­jours 200 ani­ma­teurs sur les 350 néces­saires à sa mise en œuvre. Nous avons par ailleurs décou­vert avec les parents d’élèves que, lors­qu’une école se mobi­li­sait pour obte­nir davan­tage de moyens, on lui attri­buait ceux de l’école voi­sine. Cela étant, cette réforme nous a donné l’opportunité de tra­vailler avec les parents d’élèves pour pré­pa­rer le tableau de bord d’une ges­tion col­lec­tive des écoles gre­no­bloises et ainsi évi­ter, par exemple, qu’une école ne désha­bille sa voi­sine. Nous avons passé six mois à inter­ro­ger la muni­ci­pa­lité, sans réponse. Les inquié­tudes demeurent. Nous serons donc par­ti­cu­liè­re­ment atten­tifs à la mise en œuvre.
Je crois que nous avons raté une oppor­tu­nité d’effectuer un tra­vail citoyen avec les parents et j’espère que les temps extra-sco­laires qui fai­saient his­to­ri­que­ment la qua­lité de la poli­tique édu­ca­tive de Grenoble ne seront pas tou­chés. Il faut éga­le­ment entendre la mobi­li­sa­tion du col­lec­tif « Pour un col­lège de proxi­mité » qui a réussi à arra­cher des pré­fa­bri­qués à l’école Jean Macé – sacri­fiant au pas­sage de l’espace com­mun pour y mettre des classes dans l’urgence – et un enga­ge­ment sur une nou­velle école dans le quar­tier Berriat-Ampère. Cette situa­tion résulte de la poli­tique d’urbanisme actuelle de la ville qui ne tient en fait pas de l’urbanisme mais de l’immobilier. Les écoles en souffrent et étouffent. Elles sont satu­rées. Je m’en rends compte quo­ti­dien­ne­ment avec mes quatre enfants.
© Véronique SerreCertains can­di­dats de la pri­maire de la droite gre­no­bloise dénon­çaient la même situa­tion la semaine der­nière, ten­tant ainsi sans doute de faire oublier leurs dis­sen­sions internes à l’oc­ca­sion de cette élec­tion. Que révèle, selon vous, ce com­bat des chefs à droite ?
Je suis arrivé à Grenoble en 1993, au début des affaires Carignon qui ont pro­vo­qué sa condam­na­tion pour cor­rup­tion. Il est tou­jours sur la photo depuis trente ans. Son ombre pla­nante dis­qua­li­fie l’ensemble de la droite. On ne peut pas être un citoyen poli­tique engagé, un hon­nête homme ou une hon­nête femme et accep­ter de tra­vailler avec Alain Carignon. Cela empêche la droite gre­no­bloise de construire un pro­jet poli­tique cohé­rent. Par ailleurs, depuis les élec­tions de 2008, le rap­port de force entre les socia­listes et les éco­lo­gistes d’un coté et la droite de l’autre est de deux tiers contre un tiers. Sur les can­to­nales de 2011, la droite n’avait même pas un can­di­dat qua­li­fié au second tour sur trois can­tons. L’alternance à Grenoble, ce n’est pas la droite, ce sont les éco­lo­gistes. Voilà la réa­lité poli­tique actuelle.
On parle de vous comme tête de liste d’un ras­sem­ble­ment qui se struc­ture en oppo­si­tion à la poli­tique municipale…
… Nous ne serons pas en oppo­si­tion. Nous sou­hai­tons un ras­sem­ble­ment posi­tif. Notre liberté n’est pas d’associer des oppo­si­tions mais de pro­po­ser un pro­jet, une méthode et des hommes et femmes de carac­tère qui ont une vision pour la ville, des hommes et des femmes d’action qui ont construit des choses. Il faut que la ville de demain soit pro­tec­trice mais éga­le­ment qu’elle libère les éner­gies et les ini­tia­tives de ses habitants.
Quel en est le calendrier ?
Le prin­temps était un temps de ren­contre très riche avec les col­lec­tifs et les asso­cia­tions gre­no­bloises et la société civile non orga­ni­sée. L’automne sera un temps de res­pi­ra­tion pen­dant lequel nous devrons lais­ser aux citoyens le temps de reprendre leur rythme et de s’intéresser dou­ce­ment aux débats muni­ci­paux. Cela nous per­met­tra de fina­li­ser la liste et le ras­sem­ble­ment. Nous serons prêts à lan­cer une cam­pagne de ter­rain très active et de repré­sen­ta­tion citoyenne cet hiver.
© Véronique SerreReprenons : serez-vous tête de liste de ce rassemblement ?
Il est trop tôt pour le dire. Il y aura un choix à faire entre des per­sonnes de carac­tère. Ce ne sera pas un choix poli­tique puisque le pro­jet n’est pas construit uni­que­ment par des orga­ni­sa­tions poli­tiques. Pour ma part, je réflé­chis, je me pré­pare, je me sens capable et cela m’intéresse. J’ai un amour pour cette ville, ses dif­fé­rents quar­tiers, son envi­ron­ne­ment et son histoire.
Le parti de gauche tenait à Saint-Martin‑d’Hères sa ren­trée poli­tique la semaine der­nière. Jean-Luc Mélenchon a laissé pla­ner le doute d’alliances pos­sibles avec les éco­lo­gistes pour les muni­ci­pales. Est-ce que ce sera le cas à Grenoble ?
J’étais aux esti­vales du Front de gauche samedi der­nier. Nous devons dis­cu­ter de pro­po­si­tions, de méthode et de style poli­tique. Nous avons une volonté de renou­vel­le­ment de la classe poli­tique. C’est le désa­mour pro­fond envers la classe poli­tique qui m’a poussé à m’y enga­ger tota­le­ment en 2009. Nous devons aspi­rer des per­sonnes qui n’avaient pas le pro­jet de faire de la poli­tique mais qui pour­raient y trou­ver leur place. Si nous dis­cu­tons ouver­te­ment avec le parti de gauche, nous ne ferons pas pour autant de consor­tium de for­ma­tions poli­tiques. Nous sommes réso­lu­ment ouverts sur la société civile.
À quoi res­sem­ble­rait une muni­ci­pa­lité écologiste ?
Grenoble a déjà l’écologie dans ses gènes de par son his­toire poli­tique. Les réa­li­sa­tions pas­sées des éco­lo­gistes per­mettent de se faire une bonne idée de ce qu’est une muni­ci­pa­lité au ser­vice du bien com­mun : le sou­tien au déve­lop­pe­ment du tram, la muni­ci­pa­li­sa­tion de l’eau, une atten­tion forte à la créa­tion d’emplois durables, non délo­ca­li­sables et avec des entre­prises ancrées sur le ter­ri­toire local, un urba­nisme qui per­met d’avoir un loge­ment acces­sible à tous, comme les struc­tures col­lec­tives – le contre-exemple est celui de l’hôtel 4 étoiles qui sort de terre près de la caserne de Bonne – un urba­nisme qui amène la nature en ville et pas seule­ment autour… La ville est miné­rale ; on le res­sent pen­dant les fortes cha­leurs et les forts froids. Cela passe par davan­tage d’espaces verts et de murs végé­taux. Il faut répondre aux besoins des habi­tants au quo­ti­dien pour qu’ils puissent libé­rer leur éner­gie dans les sec­teurs du social, de la culture ou alternatifs.
Les com­bats que portent les éco­lo­gistes sont éga­le­ment ceux des ser­vices publics à prix abor­dable – Compagnie de chauf­fage et Gaz Electricité de Grenoble – et de la lutte contre la cor­rup­tion. Les grands pro­jets doivent être mis au ser­vice des habi­tants et de leurs attentes, et non de celui qui les a mon­tés. Il reste suf­fi­sam­ment de force vive à Grenoble pour se mobi­li­ser contre la rocade sud, l’A51, et pour la recons­truc­tion du lycée Mounier que nous avons for­te­ment sou­te­nue. Il y a ce ter­reau his­to­rique à Grenoble pour faire chan­ger les choses et consti­tuer une muni­ci­pa­lité qui soit réel­le­ment de gauche et écologiste.
A votre sens, plus rien n’est pos­sible avec les socia­listes grenoblois ?
Rien n’est défi­ni­tif. Les socia­listes savent aussi tra­vailler sous un exé­cu­tif éco­lo­giste, comme à Montreuil. Nous pour­rons tra­vailler avec eux si la méthode, le pro­jet et le style poli­tique nous cor­res­pondent. Ils ont construit en 2008 une liste qui res­sem­blait à leur pro­jet. Celui des Jeux olym­piques et de la rocade nord, du grand stade et des centres com­mer­ciaux. Leur liste de bric et de broc allant des com­mu­nistes aux anciens cari­gno­nistes était le fait d’une volonté poli­tique. Par contre, nous ne vou­lons pas que des appa­rat­chiks qui soient suc­ces­si­ve­ment sala­riés poli­tiques, puis élus et inver­se­ment. Il faut du sang neuf.
© Véronique Serre« La méthode » revient sou­vent dans vos exi­gences. Qu’est-ce qui ne vous convient pas actuellement ?
J’imagine que les socia­listes, les mili­tants et les élec­teurs aspirent eux-mêmes à autre chose. Ils ne peuvent plus se satis­faire des dépenses en mar­ke­ting et de cet essouf­fle­ment après trois man­dats. L’usure du pou­voir est réelle. Il y a une vraie aspi­ra­tion géné­rale au chan­ge­ment et nous repré­sen­tons une alter­na­tive d’action construc­tive, avec l’autorité néces­saire et les équipes suf­fi­santes pour conduire Grenoble. Nous cor­res­pon­dons à l’état d’esprit des Grenoblois, à la fois fron­deurs, actifs dans la cité et dans leur vie personnelle.
Propos recueillis par Victor Guilbert
L’entretien a été réa­lisé le jeudi 29 août dans le jar­din des plantes de Grenoble. Il n’a pas été sou­mis à relecture.

Extrait d’ou­vrage choisi par Eric Piolle

« Le che­min de l’espérance » de Stéphane Hessel et d’Edgar Morin :

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« Le bien-vivre peut paraître syno­nyme de bien-être. La notion de bien-être s’est réduite, dans notre civi­li­sa­tion, à son sens maté­riel impli­quant confort, pos­ses­sion d’objets et de biens, ne com­por­tant nul­le­ment ce qui fait le propre du bien-vivre, à ser­vir l’épanouissement per­son­nel, les rela­tions d’amour, d’amitié, le sens de la com­mu­nauté. Le bien-vivre, aujourd’hui, doit certes inclure du bien-vivre maté­riel, mais il doit s’opposer à une concep­tion quan­ti­ta­tive qui croit pour­suivre et atteindre le bien-être dans le « tou­jours plus ». Il signi­fie qua­lité de la vie, non quan­tité de biens. Il englobe avant tout le bien-être affec­tif psy­chique et moral. »
La convic­tion qu’il en tire
En fai­sant le bon diag­nos­tic et en réunis­sant des hommes et des femmes hon­nêtes, on peut por­ter un mes­sage de force pour rele­ver les défis immenses de notre temps.
- Consultez ici les autres entre­tiens poli­tiques du Dimanche de Place Gre’net.  

VG

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