L'équipe 2023 de l'association Tri-Haut pour l'Everest © Tri-Haut pour l'Everest

Tri-Haut pour l’Everest : des étu­diants gre­no­blois vont construire un centre de recy­clage au Népal

Tri-Haut pour l’Everest : des étu­diants gre­no­blois vont construire un centre de recy­clage au Népal

FOCUS – À quelques mois du départ pour la terre des sher­pas, les cinq étu­diants gre­no­blois de Tri-Haut pour l’Everest s’ac­tivent pour créer un centre de recy­clage à Pangboche, tout près de l’Everest népa­lais. Que ce soit sur les plans tech­nique, logis­tique et finan­cier, ces jeunes bien­tôt diplô­més ingé­nieurs ou archi­tectes sont bien déci­dés à mettre leur pro­jet à exé­cu­tion. La construc­tion du centre doit débu­ter en 2024.

En 2020, Tri-Haut pour l’Everest n’était encore que l’espoir bal­bu­tiant de jeunes étu­diants dési­reux de répondre au défi envi­ron­ne­men­tal posé par la ques­tion des déchets. Trois ans plus tard, ce pro­jet de construire le pre­mier centre de recy­clage au pied de l’Everest est à l’aube de se concré­ti­ser. La pre­mière pierre devrait en effet être posée cou­rant 2024 dans la ville népa­laise de Pangboche, le der­nier gros vil­lage avant le départ de l’ascension du plus haut som­met du monde.

Terrain où sera construit le centre de recyclage à Pangboche © Tri-Haut pour l'Everest

Terrain où sera construit le centre de recy­clage à Pangboche. © Tri-Haut pour l’Everest

Les acteurs enga­gés dans l’association Tri-Haut pour l’Everest ? Trois étu­diants ingé­nieurs de l’Ense31Ecole d’in­gé­nieure de l’éner­gie, de l’eau et de l’en­vi­ron­ne­ment de Grenoble , issus de la troi­sième pro­mo­tion ayant repris le flam­beau, et deux élèves de l’Ensag, l’é­cole d’architecture de Grenoble, tous bien déci­dés à mettre leur exper­tise au ser­vice de ce pro­jet. « Nous par­tons fin jan­vier 2024, pour res­ter cinq mois là-bas », explique, ravie, Clémence Sangouard, étu­diante à l’Ense3 et nou­velle pré­si­dente de l’association.

Mais pour­quoi faire neuf heures de vol pour s’en­ga­ger dans le domaine envi­ron­ne­men­tal ? « Les trois fon­da­teurs du pro­jet ont vu un docu­men­taire [Everest green, un film du réa­li­sa­teur Jean-Michel Jorda, ndlr], qui les a aler­tés sur les mon­tagnes de déchets plas­tiques pré­sentes dans la val­lée de l’Everest », expose Clémence Sangouard.

Des machines pour broyer, pres­ser, tordre le plastique

Plastiques, papiers, objets élec­tro­niques et déchets sani­taires amas­sés consti­tuent une énorme « décharge à ciel ouvert [qui] pol­lue les sols, les nappes phréa­tiques et les cours d’eau », selon l’association Tri-Haut. A quoi s’ajoute des pro­blèmes sani­taires dont sont vic­times les popu­la­tions locales, pour la plu­part en situa­tion déjà très précaire.

L'Everest, "la plus haute décharge du monde" © Tri-Haut pour l'Everest

L’Everest, « la plus haute décharge du monde » © Tri-Haut pour l’Everest

Les habi­tants de Pangboche sou­tiennent donc la démarche des étu­diants, qui dis­posent d’ailleurs de plu­sieurs autres com­pa­gnons de cor­dée dans cette expé­di­tion : des archi­tectes et ingé­nieurs fran­çais et népa­lais, mais aussi des asso­cia­tions et inter­mé­diaires locaux dont plu­sieurs s’évertuent déjà à ramas­ser le plus de déchets pos­sibles… sans être capables tou­te­fois d’as­su­rer un net­toyage en pro­fon­deur face à l’ampleur de la tâche. Tous sai­sissent donc l’urgence de la situation.

Pour pal­lier ce pro­blème, pour­quoi ne pas trans­for­mer ces déchets sur place ? Les étu­diants ont donc ima­giné plu­sieurs machines per­met­tant de broyer, pres­ser ou tordre le plas­tique. L’objectif étant de fabri­quer pour les habi­tants non seule­ment des maté­riaux iso­lants, grâce à la poly­floss, mais aussi du fuel et du gaz, via la pyro­lyse à plas­tique, ou bien de créer toutes sortes d’objets fonc­tion­nels avec la presse à feuilles plas­tiques (Sheetpress), comme des tuiles pour les habi­ta­tions locales.

Tri-Haut pour sen­si­bi­li­ser le tou­risme de masse à l’im­pact environnemental

Cet espace de recy­clage visent les tou­ristes, en grande par­tie res­pon­sables de la dégra­da­tion envi­ron­ne­men­tale dans ce lieu reculé du monde. Nos confrères de RFI ont ainsi chif­fré à 454 le nombre de per­mis pour l’as­cen­sion de l’Everest en 2023. Un record pour le Népal. À la merci du tou­risme, devenu l’une de ses prin­ci­pales sources de reve­nus2Chaque alpi­nisme étran­ger rap­por­te­rait 10 000 € à l’Etat népa­lais., le pays essaie ainsi de rat­tra­per le gros manque à gagner subi durant la période du Covid 19.

Schéma du centre de recyclage © Tri-Haut pour l'Everest

Schéma du centre de recy­clage. © Tri-Haut pour l’Everest

« Nous vou­lons amé­na­ger un espace de sen­si­bi­li­sa­tion à l’environnement pour ces tou­ristes avec des infor­ma­tions sur la ges­tion des déchets au Népal », explique Clémence Sangouard. À ceci s’ajouterait un salon de thé, chauffé grâce au gaz pro­duit par la pyrolyse.

Pour l’heure, les machines déjà construites par les par­ti­ci­pants pré­cé­dents de Tri-Haut pour l’Everest dorment tran­quille­ment à Katmandu, où elles n’attendent que leur trans­port en pièces déta­chées sur le site de Pangboche, à 4 000 mètres d’altitude. Un joli déni­velé qui les obli­gera à uti­li­ser des yacks, le moyen de trans­port local, mais aussi sans doute des héli­co­ptères et des jeeps… « si le bilan car­bone est négli­geable par rap­port au reste du pro­jet », prend soin de pré­ci­ser l’équipe de Tri-haut pour l’Everest.

Un centre de recy­clage adapté aux besoins des locaux

Cette contrainte s’ajoute aux nom­breuses mis­sions que se sont assi­gnées les cinq nou­veaux par­ti­ci­pant actifs cette année. « Notre objec­tif est de finir l’érection du bâti­ment [accueillant le centre de recy­clage, ndlr] et de mon­ter la der­nière machine : la pyro­lyse à plas­tique », annonce avec éner­gie Clémence Sangouard.

Broyeur à plastique © Tri-Haut pour l'Everest

Broyeur à plas­tique. © Tri-Haut pour l’Everest

Outil très peu fabri­qué et, qui plus est, seule­ment com­mer­cia­lisé à l’é­chelle indus­trielle – un for­mat incom­pa­tible avec les besoins de leur centre de recy­clage –, la pyro­lyse est bien plus com­plexe à réa­li­ser que le reste puisqu’aucun plan ne peut les aiguiller. « Nous vou­lons que notre pyro­lyse soit petite, faci­le­ment uti­li­sable et sur­tout répa­rable direc­te­ment là-bas », indique Clémence Sangouard.

À long terme, une per­sonne employée sur place contrô­le­rait et entre­tien­drait le centre. Un encrage local cher aux yeux des créa­teurs, qui réadaptent leurs idées et pro­po­si­tions en fonc­tion des attentes des habi­tants. « Nous envi­sa­gions par exemple d’installer une douche avec de l’eau chauf­fée par nos machines », se remé­more Clémence Sangouard. « Mais nous avons aban­donné l’idée parce que cela aurait fait de la concur­rence aux locaux qui vivent en héber­geant les tou­ristes dans des lodges, des loge­ments avec douche jus­te­ment. »

Des dons en ligne pos­sibles jus­qu’à début sep­tembre 2024

Et côté bud­get ? « Une par­tie relève d’autofinancement pour les frais per­son­nels d’hébergement, de trans­port, d’alimentation », énu­mère l’étudiante de 22 ans. Une autre vient de la mai­rie de Grenoble, des centres de déchets, de la fon­da­tion Grenoble INP ou encore de bourses gagnées grâce à des concours comme le pro­jet pla­nète Wweeddoo.

Les étudiants des promotions précédentes posant à la Bastille © Tri-Haut pour l'Everest

Les étu­diants des pro­mo­tions pré­cé­dentes posant à la Bastille. © Tri-Haut pour l’Everest

Ces jeunes, déci­dé­ment plein d’ingéniosité, ont éga­le­ment récolté 1 500 € en orga­ni­sant pour la troi­sième fois consé­cu­tive l’Everestille, une course qui consiste à mon­ter la Bastille autant de fois que néces­saire pour éga­ler les 8 848 mètres de déni­velé de l’Everest. À savoir… 33 fois !

À six mois du grand départ, ils comptent aussi sur la géné­ro­sité des don­neurs pri­vés pour finan­cer leur pro­jet dans les meilleures condi­tions, via une cagnotte en ligne. Objectif : atteindre 11 000 € d’ici début sep­tembre 2024.

Sophie Eymard

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