EN BREF – Elles se sont réunies au pied de la Tour Perret le 27 avril 2023 et y ont pique-niqué. Une trentaine de personnes, menées notamment par le collectif Droit au Logement 38, ont dénoncé les coûts que les collectivités publiques comptent engager pour la restauration de l’édifice. Et posé un ultimatum à la Ville de Grenoble pour agir encore contre le mal-logement et en faveur des sans-logis.
Le Dal 38 s’appuie, lui aussi, sur le caractère symbolique de la Tour Perret. C’est à son pied qu’il s’est réuni, jeudi 27 avril. Une trentaine de membres et sympathisants du collectif ont entamé un concert de casseroles à midi. Slogans revendicatifs à l’appui.
Les militants ont expliqué le choix du site. « Alors que la crise du logement bat son plein, il est accablant de voir trois acteurs majeurs de la politique du logement et de l’hébergement (État, Conseil départemental de l’Isère et Ville de Grenoble) investir 15 millions d’euros dans une tour en béton. »

La Tour Perret ? Pour les militants du Dal 38, il est « accablant » que des collectivités publiques engagent 15 millions d’euros pour sa restauration. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
Le Dal 38 dénonce ce qu’il présente comme l’objectif de Claus Habfast, « conseiller municipal ». À savoir faire de la Tour Perret « l’un des dix lieux touristiques les plus visités du département ». Et il établit une comparaison avec la Métropole, qui « a investi trois millions d’euros par an pour la réhabilitation énergétique des logements sociaux ».
Vers une nouvelle intensification des actions militantes du Dal 38 ?
Les militants fixent un ultimatum à la Ville de Grenoble. « Le 5 juin 2023, cela fera pile un an que des dizaines de familles mal-logées et sans-logis se sont mises en lutte en occupant l’esplanade de la Caserne de Bonne, puis l’ancienne école Jean-Macé, pour le respect d’un droit fondamental : celui d’avoir un toit ».
Le Dal 38 assure que la Ville de Grenoble « ne (lui) répond plus depuis des mois ». Il demande « qu’une solution décente soit trouvée pour toutes les familles occupant les écoles » avant la date anniversaire. « Faute de quoi, nous intensifierons encore nos actions, jusqu’au relogement de toutes et tous », assure le groupe.
Auguste Perret, un architecte « collabo » ?
Le Dal 38 a également soulevé un argument peu entendu jusqu’alors dans le débat public : Auguste Perret ne mériterait pas l’hommage susceptible de lui être rendu par la restauration de “sa” Tour.
« L’architecte fut le premier président de l’ordre des architectes en 1941, sous le régime du maréchal Pétain, écrit le collectif. À ce titre, il mit en œuvre un décret de la même année, qui limita à 2% le nombre d’architectes juifs dans la profession. L’entreprise familiale (avec son frère Gustave Perret) a participé à la construction des blockhaus du “mur de l’Atlantique”, afin de protéger le Troisième Reich de l’offensive alliée ».
Pour justifier ces lourdes accusations, le Dal 38 renvoie à la page Wikipédia d’Auguste Perret qui, elle-même, pointe notamment vers un article de Télérama sur ce sujet.
Le Dal 38 rappelle que la Ville s’est « engagée pour la réquisition et contre les expulsions ». Et qu’en juin 2022, « le conseil municipal a voté l’expérimentation de la réquisition par le maire de logements vacants ». Depuis ? « Aucun acte concret ».
Le collectif cite également l’arrêté municipal du 25 octobre 20221« Lors de toute expulsion de domicile sur le territoire de la commune et notamment au moment de la sollicitation du concours de la force publique, il devra être fourni au maire ou à son représentant qualifié la justification qu’une solution effective, décente et adaptée de logement ou le cas échéant d’hébergement ait été proposée à la ou aux personnes intéressées ». et dit avoir reçu l’assurance qu’il était entré en vigueur. D’après le Dal 38, « des bailleurs sociaux comme Actis ou Grenoble Habitat » ne respectent pas ce texte. Ils seraient donc passibles de poursuites.
Ville de Grenoble : « La restauration de la tour Perret sera une fierté collective »
De retour de reportage, nous avons sollicité la Ville de Grenoble en vue d’une éventuelle réaction à cette mobilisation. Une réponse nous est parvenue le jour même, à 17h19 : « La Ville regrette que soient opposées la rénovation du patrimoine et la lutte contre le mal-logement et la précarité. Le patrimoine historique appartient à toutes et tous les Grenoblois, quel que soit leur niveau de ressource, et la valorisation de la tour Perret sera une fierté collective.
Le budget nécessaire sera réuni par le concours de multiples partenaires et il est sans commune mesure avec les politiques sociales développées de manière volontariste par la Ville et le CCAS. Ainsi, la Ville finance en direct 230 places d’hébergement pour un coût annuel de 1,5 millions d’euros. L’investissement est également majeur s’agissant du soutien au logement social et l’amélioration du cadre de vie. 15 millions d’euros, c’est globalement ce que la Ville investit chaque année dans les ZAC et la rénovation urbaine ».
1 réflexion sur « Logement : le Dal 38 dénonce les coûts de restauration de la Tour Perret et met la pression sur la Ville de Grenoble »
Quelle honte.Decidément Mr le maire n’en loupe pas une. Débloquer 15 millions d euros pour rénover une croute plutôt que des logements. Mais jusqu’où va t ‑il aller pour compter sur les bailleurs privés pour loger des familles decemment à coup de loyers
bientôt encadrés tout en essorant au passage ces bailleurs via 30 % d augmentation sur la taxe fonciere ? Si au moins elle servait pour des actions plus necessaires que la tour Perret ou la » re-plantation » d arbres pour lesquels » on « se rend compte qu il aurait mieux vallu ne pas les deterrer.
Je me demande à qui profite le-les-crimes.