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Grenoble : un mil­lier de mani­fes­tants contre les vio­lences poli­cières et en sou­tien aux bles­sés de Sainte-Soline, deux per­sonnes interpellées

Grenoble : un mil­lier de mani­fes­tants contre les vio­lences poli­cières et en sou­tien aux bles­sés de Sainte-Soline, deux per­sonnes interpellées

REPORTAGE – Plus d’un mil­lier de per­sonnes se sont ras­sem­blées devant la pré­fec­ture de l’Isère, jeudi 30 mars 2023, pour dénon­cer les vio­lences poli­cières, dans la fou­lée de la mani­fes­ta­tion du 25 mars contre les « méga-bas­sines », à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Les mani­fes­tants venaient sou­te­nir à Grenoble, comme par­tout en France, les nom­breux bles­sés – dont deux très griè­ve­ment, l’un étant tou­jours entre la vie et la mort. Mais aussi pro­tes­ter contre la dis­so­lu­tion annon­cée des Soulèvements de la Terre, le col­lec­tif co-organisateur.

[Article publié ini­tia­le­ment le 31 mars 2023 à 12 h 44 et mis à jour le 4 avril 2023 à 21 heures, avec ajout enca­dré sur les inter­pel­la­tions] Des ras­sem­ble­ments étaient pré­vus à la même heure, par­tout en France, devant les pré­fec­tures, à l’ap­pel de syn­di­cats, asso­cia­tions et par­tis de gauche. À Grenoble, plus d’un mil­lier de per­sonnes se sont réunies jeudi 30 mars 2023, à par­tir de 19 heures, devant la pré­fec­ture de l’Isère, pour dénon­cer les vio­lences policières.

Les mani­fes­tants, sys­té­ma­ti­que­ment fouillés en arri­vant sur la place de Verdun, pro­tes­taient face à la répres­sion des mani­fes­ta­tions contre la réforme des retraites et sur­tout contre les « méga-bas­sines », samedi 25 mars, à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

Grenoble : un millier de manifestants contre les violences policières

Plus d’un mil­liers de mani­fes­tants se sont ras­sem­blés sur la place de Verdun pour dénon­cer les vio­lences poli­cières et sou­te­nir les bles­sés de la mani­fes­ta­tion de Sainte-Soline. © Manuel Pavard – Place Gre’net

Dans la foule, beau­coup, cho­qués par les récits enten­dus de vive voix ou lus dans les médias, venaient ainsi appor­ter leur sou­tien aux 200 bles­sés de Sainte-Soline, dont 40 graves et deux très graves. Si l’un de ces deux mani­fes­tants vient de sor­tir du coma – mais dans un état res­tant incer­tain -, l’autre se trouve en effet tou­jours entre la vie et la mort. La famille de ce der­nier a d’ailleurs déposé plainte pour « ten­ta­tive de meurtre » et « entrave aux secours ».

L’armement et les vio­lences de la police dans le viseur des manifestants

Parmi les per­sonnes pré­sentes à Grenoble, cer­tains reve­naient même des Deux-Sèvres. C’est le cas de Coline. Encore très « secouée » cinq jours après, la tren­te­naire, qui se défi­nit comme mili­tante éco­lo­giste et anti­ca­pi­ta­liste, a relaté « un déchaî­ne­ment de vio­lences poli­cières rare­ment vu. J’ai pour­tant fait un paquet de manifs mais, là, les gen­darmes se sont lâchés. Tout le monde a “mor­flé” sans dis­tinc­tion », accuse-t-elle.

Grenoble : un millier de manifestants contre les violences policières

De nom­breux slo­gans et pan­cartes visaient iro­ni­que­ment la police et les méthodes des forces de l’ordre. © Manuel Pavard – Place Gre’net

Dans les prises de parole des ora­teurs suc­ces­sifs, comme chez les mani­fes­tants, un constat est revenu fré­quem­ment. Celui d’un « usage décom­plexé et sys­té­ma­tique de leur arme­ment » par les forces de l’ordre, que ce soit lors des mani­fes­ta­tions contre la réforme des retraites ou donc contre les « méga-bassines ».

Grenoble : un millier de manifestants contre les violences policières

Les mani­fes­tants dénon­çaient les vio­lences poli­cières lors des mani­fes­ta­tions contre les méga-bas­sines et contre la réforme des retraites. © Manuel Pavard – Place Gre’net

Dans le viseur des mili­tants, le LBD, les gre­nades de désen­cer­cle­ment et, plus par­ti­cu­liè­re­ment, les GM2L, ces gre­nades à la fois lacry­mo­gènes et assour­dis­santes, res­pon­sables de nom­breux bles­sés à Sainte-Soline. « L’époque où on ne devait craindre que les gre­nades lacry­mo­gènes tra­di­tion­nelles et les coups de matraque, c’est fini. Aujourd’hui, on risque car­ré­ment notre vie dans cer­taines manifs », s’in­digne Bruno, l’ami de Coline.

La dis­so­lu­tion annon­cée des Soulèvements de la terre jugée « scandaleuse »

Les ras­sem­ble­ments orga­ni­sés ce jeudi avaient aussi un autre but : pro­tes­ter contre la dis­so­lu­tion, annon­cée par Gérald Darmanin, du mou­ve­ment Les Soulèvements de la Terre, co-orga­ni­sa­teur de la mani­fes­ta­tion anti-méga-bas­sines1avec le col­lec­tif Bassines non merci et la Confédération pay­sanne. Une mesure « scan­da­leuse » selon les mani­fes­tants, à l’i­mage de Bruno et Coline, qui pré­fé­re­raient « dis­soudre les Brav‑M », cette unité de police accu­sée de mul­tiples abus et vio­lences lors des actions contre la réforme des retraites.

Grenoble : un millier de manifestants contre les violences policières

Une pan­carte, parmi d’autres, appe­lant à la déso­béis­sance civile et s’é­le­vant contre l’in­jus­tice que consti­tue, selon les mani­fes­tants, la dis­so­lu­tion des Soulèvements de la Terre. © Manuel Pavard – Place Gre’net

Au micro, un mili­tant, Benjamin, a lu une tri­bune dénon­çant la déci­sion du ministre de l’Intérieur. Extraits : « Nous allons rendre publique notre appar­te­nance aux Soulèvements de la Terre. (…) Nous nous sou­le­vons toutes et tous contre la vision du monde et de la vie que ce gou­ver­ne­ment incarne, contre le sac­cage des milieux natu­rels, la dis­pa­ri­tion des terres arables, l’ac­ca­pa­re­ment de l’eau, l’aug­men­ta­tion de la durée de coti­sa­tion, contre les muti­la­tions par­fois fatales qu’ils imposent depuis trop long­temps à nos amis. »

Un ras­sem­ble­ment sans inci­dents et des rumeurs d’ar­res­ta­tions non confirmées

Entre chaque prise de parole, les slo­gans ont fusé sur la place. Des habi­tuels « Police par­tout, jus­tice nulle part », « Police natio­nale, milice du capi­tal » ou « À bas l’État poli­cier » à celui, plus radi­cal, pro­met­tant à Emmanuel Macron le même sort que Louis XVI. Le ras­sem­ble­ment s’est tou­te­fois déroulé dans le calme, mal­gré un bref moment de ten­sion lors­qu’une par­tie des mani­fes­tants se sont pos­tés face au cor­don de poli­ciers, devant le tri­bu­nal administratif.

Les mani­fes­tants, nom­breux, se sont dis­per­sés dans le calme, après un ras­sem­ble­ment de près de trois heures. © Manuel Pavard – Place Gre’net

Des rumeurs d’ar­res­ta­tions, évo­quant une voire deux per­sonnes inter­pel­lées, ont alors couru, relayées par les ora­teurs. Si elles n’ont pas été confir­mées le soir-même, deux inter­pel­la­tions2voir enca­dré auraient bien eu lieu en effet, d’a­près nos infor­ma­tions. Les mani­fes­tants ont fina­le­ment quitté pro­gres­si­ve­ment la place de Verdun, sans inci­dents, à par­tir de 22 heures. Et, mal­gré les craintes des auto­ri­tés à ce sujet, le ras­sem­ble­ment n’a pas été suivi d’une mani­fes­ta­tion sauvage.

Deux per­sonnes inter­pel­lées en se ren­dant au rassemblement

Les rumeurs d’ar­res­ta­tions, très vite relayées, ont pro­vo­qué un mou­ve­ment de foule sou­dain, au beau milieu du ras­sem­ble­ment. Des mani­fes­tants se sont alors avan­cés face au cor­don de poli­ciers posté à l’angle nord-ouest de la place de Verdun, près du tri­bu­nal admi­nis­tra­tif. Mais après ce regain de ten­sion et un face-à-face mar­qué par quelques invec­tives et des slo­gans un peu plus radi­caux, ceux-ci ont reflué vers le centre de la place et les prises de parole ont repris.

Les rumeurs – fina­le­ment bien réelles – évo­quant deux arres­ta­tions ont pro­vo­qué un mou­ve­ment de foule et un bref moment de ten­sion, une par­tie des mani­fes­tants se diri­geant alors vers les poli­ciers pos­tés à l’en­trée nord-ouest de la place de Verdun. © Manuel Pavard – Place Gre’net

De fait, deux per­sonnes ont bien été inter­pel­lées ce soir-là en arri­vant au ras­sem­ble­ment, lors des fouilles poli­cières quasi sys­té­ma­tiques orga­ni­sées à l’en­trée de la place de Verdun. La pre­mière a ainsi été emme­née au com­mis­sa­riat pour une véri­fi­ca­tion d’i­den­tité. Malgré quelques démê­lés avec la police – qu’elle ne sou­haite pas rendre publics à ce stade – lors de son inter­pel­la­tion, la mani­fes­tante est fina­le­ment res­sor­tie libre après 30 minutes, sans suites judiciaires.

Quant à la seconde per­sonne, arrê­tée pour pos­ses­sion d’un cou­teau, celle-ci n’a pu en revanche quit­ter l’hô­tel de police que vers minuit, avec une « alter­na­tive aux pour­suites », selon le site Cric Grenoble. Dès la fin du ras­sem­ble­ment offi­ciel, place de Verdun, une par­tie des mani­fes­tants se sont d’ailleurs ren­dus devant le com­mis­sa­riat pour récla­mer sa libé­ra­tion et attendre sa sortie.

Manuel Pavard

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4 réflexions sur « Grenoble : un mil­lier de mani­fes­tants contre les vio­lences poli­cières et en sou­tien aux bles­sés de Sainte-Soline, deux per­sonnes interpellées »

  1. sep article
  2. Protester contre un pro­jet qui n’a aucun sens sur le plan éco­lo­gique = faux écolo ?
    Remarquez ça fait sens puisqu’il suf­fit de mili­ter pour l’environnement pour être fiché S dans ce pays.
    Merci dés­in­tox de votre com­men­taire à la solde du pouvoir.

    sep article
    • Lénine est-il à la solde du pou­voir ? Il a dit de vous que « le gau­chisme est la mala­die infan­tile du communisme ».

      sep article
  3. Soutien à des faux éco­los et vrais fichés S pour vio­lences et dégra­da­tions ? Très peu pour moi.

    sep article

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