ÉVÉNEMENT. Après le Roméo et Juliette de Gounod en juin 2022, la Fabrique Opéra Grenoble est de retour avec un grand classique de l’art lyrique italien. Cette fois, c’est en effet Turandot qui a été choisi pour quatre représentations au Summum, à partir du 31 mars 2023.
« Quiconque s’éprend de Turandot doit répondre à ses trois questions… ou être décapité. » La Fabrique Opéra Grenoble ne donne qu’un petit indice sur l’histoire de Turandot, le sommet de l’art lyrique qu’elle va porter sur la scène du Summum les 31 mars, 1er, 2 et 4 avril. Une œuvre qu’elle présente comme « l’apogée du théâtre puccinien ».
Cette merveille créée à la Scala de Milan au printemps 1926 est, de fait, une pièce maîtresse du répertoire italien. Extrait de la note d’intention : « Ce qui frappe dans Turandot, plus encore que la dimension fabuleuse et symbolique, c’est la synthèse de tous les types de sujets traités par Puccini auparavant (…). Parfaitement équilibrés, ces éléments servent une intrigue sans temps morts et d’une prodigieuse efficacité. »
Dix-sept ans après les débuts de la Fabrique Opéra, nombreux sont ceux qui connaissent Patrick Souillot, le chef d’orchestre qui l’a inventée. Une fois encore, le maestro se prépare à diriger l’Orchestre symphonique universitaire de Grenoble, mis en place, lui, dès 1977. Les mélomanes isérois les plus assidus s’en souviennent : l’ensemble était là dès le début. C’était pour une production de La Flûte enchantée.
Depuis, il a joué beaucoup d’autres “standards” de l’art lyrique, tels qu’Aïda, Carmen, Rigoletto ou La Traviata. Le tout en complicité avec des choristes amateurs recrutés chaque année en fonction de l’œuvre choisie. S’y ajoutent évidemment des solistes professionnels, sélectionnés sur audition. Il en faut neuf pour Turandot, que ses interprètes chantent en italien.
Shirley et Dino, un duo choisi pour assurer la mise en scène
Tout ce petit monde travaille aussi sous la conduite d’un metteur en scène. Fait exceptionnel : cette année, ils sont même deux. La Fabrique Opéra a fait appel à Corinne et Gilles Benizio, alias Shirley et Dino. Ces deux humoristes arpentent les scènes de France depuis déjà plus de vingt ans. Ils ont été plusieurs fois récompensés pour leur travail et ont aussi une petite expérience du cinéma. L’opéra ne leur est pas inconnu, loin de là. Leur CV commun compte déjà quelques “perles” signées Purcell, Rameau, Offenbach ou Donizetti.
Leurs impressions premières ? « On se rend compte que les artistes d’opéra ont leurs gestes, a indiqué Shirley sur TéléGrenoble. Il faut qu’ils aillent vers un personnage qui n’est pas eux. C’est le plus compliqué, mais on y arrive bien. » Et Dino de surenchérir : « On est assez directifs, en essayant de conserver leurs personnalités et en allant dans le sens où ils s’amusent le plus. C’est un divertissement, quand même ! »
Un divertissement dont l’intrigue se déroule dans une Chine imaginaire, au Moyen-Âge. La fille de l’empereur attire de nombreux prétendants et notamment un prince venu de très loin. Malgré la cruauté de la belle, ce dernier en tombe amoureux. Parviendra-t-il à l’épouser ? C’est tout l’objet d’un magnifique livret, qui enferme un trésor différent de ceux de beaucoup d’autres opéras.
Mort plus d’un an avant la première représentation, Puccini ne put jamais profiter des fruits de son travail. L’histoire retient d’ailleurs que la fin de Turandot a été écrite par un autre compositeur, Alfano, dont le talent fait toujours débat aujourd’hui.