FOCUS – Dans une étude publiée le lundi 20 mars 2023, l’Association justice animaux Savoie (Ajass) affirme que 24 % des lycées (analysés) publics et privés de la région Auvergne-Rhône-Alpes ne respectent pas l’obligation de proposer au moins un menu végétarien par semaine. Mise en cause, la Région Auvergne-Rhône-Alpes remet grandement en question le sérieux du rapport.
Selon l’Association justice animaux Savoie (Ajas), 24 % des lycées (analysés) publics et privés de la région Auvergne-Rhône-Alpes ne respectent pas l’obligation légale d’instaurer un menu végétarien par semaine. L’association explique s’être basée sur les menus disponibles sur les sites Internet des établissements, ou après demande par mail ou téléphone de leur composition. Son étude a été rendue publique lundi 20 mars 2023.
Résultat ? « 42 lycées de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont aujourd’hui hors la loi vis-à-vis de l’obligation d’un menu végétarien par semaine, soit ponctuellement, soit de manière récurrente », écrit l’association. S’y ajoutent, poursuit-elle, « 13 lycées qui ne proposent aucun menu végétarien le midi mais ont pu proposer un ou plusieurs plats sans viande ni poisson le soir à l’internat ». Ce qui, à ses yeux, constitue un « manquement au texte ».
Neuf lycées en Isère ne proposeraient pas de menu végétarien hebdomadaire
Neuf lycées isérois figurent parmi les mauvais élèves pointés du doigt pour défaut de menu végétarien hebdomadaire. Parmi eux, trois lycées grenoblois : Les Eaux-Claires, André-Argouges et le lycée Notre-Dame. Deux lycées de Voiron sont également ciblés, Ferdinand-Buisson et Édouard-Herriot. Enfin, l’association mentionne Camille-Corot (Morestel), La Pléiade (Pont-de-Chéruy), La Saulaie (Saint-Marcellin) et Galilée (Vienne).
L’association salue également l’engagement de certains établissements, dont le lycée Champollion de Grenoble, qui « se distinguent en proposant plusieurs plats végétariens par semaine, diversifiés et cuisinés ». « Ces établissements montrent à quel point l’instauration de menus végétariens de qualité est possible et souhaitable et qu’il existe une corrélation positive entre la fréquence des menus végétariens proposés et la qualité de ces derniers », souligne l’Ajas.
Outre la présence d’un repas végétarien par semaine, les activistes de la cause animale mettent encore en avant leur présentation, jugée dans certains cas peu attractives au travers de leur description ou de la couleur adoptée dans les menus. Elle déplore encore que des repas carnés puissent se voir accolés un macaron vert, pour « bio » ou « local », ce qui représente à ses yeux du « greenwashing ».
La Région Auvergne-Rhône-Alpes directement mise en cause
L’Ajas rend la Région Auvergne-Rhône-Alpes, en charge de la gestion des lycées, directement responsable de la situation. Et réclame différentes mesures, par le biais d’un « recours administratif préalable à toute procédure contentieuse ». La première : la mise en place d’un « règlement régional de mise en œuvre des repas végétariens dans la restauration collective des établissements publics et privés locaux ».
L’association demande aussi à la majorité régionale « de circulariser auprès de l’ensemble des chefs d’établissements […] le rappel de l’obligation leur incombant en matière d’offre et d’élaboration des menus végétariens, étant précisé que seuls les repas du midi sont concernés ». Et enfin, « d’insérer dans le label “La Région dans mon assiette” l’objectif de promotion des repas végétariens ».
Sans surprise, l’opposition écologiste n’a pas manqué de s’emparer du rapport » de l’Ajas. « La Région Auvergne-Rhône-Alpes ne peut ignorer la loi dans les lycées publics dont elle a la charge », écrit-elle. Non sans mettre en avant les « bienfaits écologiques, sanitaires et sociaux d’une telle mesure », quand bien même celle-ci laisserait « l’exécutif de Laurent Wauquiez de marbre ». Mais aussi son impact financier, les repas végétariens étant moins coûteux.
« Des données parcellaires et plus qu’approximatives »
Du côté de la Région, on s’interroge… sur la méthode employée par l’association. « Sous la fausse apparence d’une enquête rigoureuse, les allégations d’une association dont l’unique but est de bannir la viande de l’alimentation comportent en réalité des données parcellaires et plus qu’approximatives qui discréditent le sérieux de cette étude », écrit sans ambages Florence Dubessy, vice-présidente déléguée à l’Éducation et aux Lycées.
L’Ajas explique en effet avoir basé son rapport sur les 175 établissements dont elle a pu se procurer les menus, les 42 établissements signalés représentant 24 % d’entre eux. Ce « sur les 248 établissements de la région », précise l’association. Alors que la Région Auvergne-Rhône-Alpes en dénombre… 585. À noter que l’Insee comptabilisait pour sa part 508 lycées professionnels ou d’enseignement général publics et privés sur la région à la rentrée 2021.
Après la parution de notre article, l’Ajas a précisé que son étude ne portait que sur les lycées généraux en Auvergne-Rhône-Alpes, alors que la Région inclut également les lycées professionnels. [encadré ajouté le 21 mars 2023 à 14 h 40]
La Région attaque des « injonctions délirantes d’associations extrémistes »
L’étude de l’Ajas concède par ailleurs s’être basée sur une majorité de menus établis sur février et mars 2023, et n’avoir pu « la plupart du temps [se] procurer qu’un ou deux menus par établissement ». Des faiblesses qui pourraient semer le doute sur ses conclusions ? Au contraire : « Il est probable que le ratio des lycées classés comme respectant la loi soit surreprésenté et qu’il y ait davantage d’établissements hors la loi », assure-t-elle.
La Région a une toute autre lecture. Florence Dubessy signale ainsi, « à titre d’exemple », que le lycée Claude-Lebois (Saint-Chamond, dans la Loire) est mentionné comme ne proposant pas de repas végétariens alors qu’un tel régime a été proposé aux élèves le vendredi 17 mars. Soit trois jours avant que le rapport de l’association ne soit rendu public et adressé aux médias. De plus, ajoute la vice-présidente, la Région n’intervient que pour la restauration des établissements publics.
Conclusion ? « La Région n’entend pas se soumettre aux injonctions délirantes d’associations extrémistes minoritaires », écrit Florence Dubessy. Non sans « renouveler sa confiance aux chefs des cuisines [qui] s’engagent chaque jour pour proposer à nos lycéens une alimentation de qualité, locale et durable en privilégiant les produits de nos agriculteurs locaux ». Une réponse à l’opposition écologiste devrait également suivre. Saignante, ou à point ?