REPORTAGE VIDÉO - À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, mercredi 8 mars 2023, l'Assemblée générale féministe de Grenoble appelait à se mobiliser pour une grève générale contre l’exploitation des femmes et les violences de genre. Ainsi, de 1 900 à 5 000 personnes ont-elles défilé depuis l'hôpital couple-enfant jusqu'à la place Victor-Hugo. Le tout dans le sillage de la lutte contre la réforme des retraites et les lois Kasbarian-Bergé et Asile immigration de Gérald Darmanin.
Il était un peu plus de 14 heures quand les premières gouttes de pluie ont commencé à tomber sur le cortège de la manifestation pour les droits des femmes qui commençait à se former devant l'hôpital couple-enfant, mercredi 8 mars à Grenoble. Ainsi entre 1 9001Chiffre des autorités. et 5 0002Selon l'organisation. personnes avaient-elles bravé la pluie pour répondre à l'appel à la mobilisation et à la grève générale féministe lancé par l'Assemblée générale féministe de l'Isère et plusieurs collectifs, organisations syndicales et politiques.
Le tout, comme partout dans le monde, dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes et des minorités de genre mais aussi dans le sillage de la levée de boucliers contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
Aussi, dans son appel, l'organisation invitait-elle « à la reconduction de la grève du 7 mars [...] jusqu'au retrait de la réforme des retraites qui précarise gravement les femmes les plus âgées, des lois Kasbarian-Bergé et Asile immigration ». Sans oublier la déconjugalisation des aides sociales et le blocage des loyers et des factures, « qui mettent les femmes à genoux ».
« Contre l’exploitation des femmes (…) et pour l'égalité des droits »
« Si on s'arrête, le monde s'arrête ! », clamait la banderole de tête, confortant ainsi l'appel à la grève générale féministe « contre l’exploitation des femmes, les violences de genre et pour l'égalité des droits ». Notamment les grèves « du travail salarié, du travail reproductif, des charges mentales, des lycéennes, des étudiantes et des stagiaires ».
« La grève féministe ouvre le champ de la place sociale que les femmes et des minorités de genre occupent dans la société », explique Fanny, porte-parole de l'AG féministe de l'Isère. À savoir le travail reproductif, comme celui de s'occuper des enfants à la maison. « C'est un travail qu'elles font gratuitement mais qui est pourtant essentiel et produit une valeur sociale qui n'est pas reconnue, déplore la militante féministe. Pour avoir une grève totale, assure-t-elle, il faut qu'elles arrêtent les tâches qu'elles assurent au quotidien de manière habituelle. »
« Tous les jours, on me renvoie à mon genre »
Pour Fanny, si l'on veut arrêter les violences faites aux femmes, il faut un changement d'ordre économique et social plus profond. « Si on arrêtait de précariser les femmes, peut-être seraient-elles moins sujettes aux violences sexistes et sexuelles. Le travail de fond, c'est en amont qu'il faut le faire », considère ainsi la jeune femme. « Tant qu'on continuera à foncer vers une société libérale et capitaliste, nous resterons dans une société de violences. »
Sous les parapluies, une majorité de femmes bien sûr mais aussi de nombreux hommes sont venus manifester. Dans les rangs, Mélanie, étudiante qui prépare le Capes. « Je me perçois comme intersectionnelle et je considère qu'il est primordial que les femmes se battent. Si nous le faisons pas maintenant, quand le ferons-nous pour obtenir une retraite en tant que femme ? », interroge-t-elle.
« Je suis consciente des inégalités qui nous frappent, explique un peu plus loin une manifestante qui déclare s'appeler Elle. Tous les jours, on me renvoie à mon genre et j'aimerais bien qu'il y ait une forme d'égalité qui ne peut passer que par la lutte. »
Agir dès le plus jeune âge sur la question de l'égalité filles-garçons
Aline, également étudiante, vient chaque année participer à la manifestation. « J'ai subi des injustices et des agressions. Aussi suis-je très sensibilisée à la cause des femmes et c'est pour ça que j'ai envie de lutter pour la sécurité de mes consœurs du monde entier. C'est un moyen de me sentir moins seule et de soutenir toutes celles qui vivent des choses parfois pires que celles que j'ai vécues », rapporte-t-elle.
Pour Aline, c'est dès le plus jeune âge qu'il faut agir pour que chacun puisse savoir ce qu'il veut devenir et comprendre que certains comportements ne sont pas acceptables. Et surtout, « apprendre le consentement qui malheureusement n'est pas toujours acquis pour les adultes », souligne-t-elle.
Rodolphe est quant à lui professeur d'éducation physique. « Notre présence [masculine, ndlr] me semble indispensable car les droits de la femmes nous touchent autant qu'elles. Il faut travailler encore plus à l'égalité des droits. C'est en cours mais il y a une grosse marge de progression. » En effet, poursuit-il, « beaucoup de choses pourraient se libérer en posant cette question de l'égalité filles-garçons à l'école ».
À ses côtés, sa compagne estime pour sa part « que tout cela ne va pas assez vite ». Pour cette dernière, le fait que cette manifestation s'inscrive aussi dans le cadre de la protestation contre la réforme des retraites est tout à fait cohérent car, affirme-t-elle, « on ne peut pas séparer la place des femmes des acquis sociaux ».
Quelques slogans hostiles aux forces de l'ordre
Plusieurs haltes ont ponctué la progression du cortège dans son parcours en direction de la place Victor-Hugo, où un village féministe l'attendait. Parvenue à la hauteur de l'hôtel de police, une jeune femme s'est alors livrée à un poignant témoignage autour de la légifération sur le consentement et du recentrage de la définition du viol autour de la victime.
Peu après, quelques slogans hostiles aux forces de l'ordre ont fusé au sein du cortège tandis que « des jets de projectiles non touchants étaient tirés en direction des fonctionnaires », a rapporté plus tard la police. En dehors de cela, la manifestation quoique très animée s'est déroulée dans le calme jusqu'à son terme, sur le coup de 17 heures.
« Égalité femmes et hommes » : l'entreprise VFD très bien notée
En marge de la mobilisation féministe, VFD, l'entreprise de transport routier de voyageurs installée en Isère depuis 1894, annonçait via un communiqué, sa fierté d'avoir obtenu le score de 99 sur 100 pour sa démarche « égalité femmes et hommes ». Un résultat qui « met [ainsi] en valeur une dimension fondamentale dans l’entreprise : l’égalité des droits et des opportunités pour les femmes et pour les hommes ».
Pour preuve, poursuit VFD, « il y a 16 % de femmes et dans ce secteur d’activité [...] qui se féminise progressivement, ce score est un levier pour promouvoir les métiers de la conduite auprès de futures recrues ». Le transporteur voit ainsi récompensé « son engagement pour la mixité et l’égalité professionnelle », à travers l'index « égalité femmes-hommes » instauré par la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel ».
La féminisation des métiers de la conduite, une « priorité »
Véritable baromètre, cet index repose sur cinq critères mesurant l’égalité femmes-hommes. Notamment l'écart de rémunération H-F et les taux d'augmentations individuelles et de promotion entre femmes et hommes. Mais aussi le nombre de salariées ayant bénéficié d’une augmentation à la suite de leur congé maternité ou encore la parité parmi les dix plus hautes rémunérations.