FOCUS – Trente-six ans après la disparition de Marie-Thérèse Bonfanti à Pontcharra, un crâne humain a été découvert, ce mercredi 26 octobre 2022, sur la commune de La Buissière, lors des fouilles réalisées dans la zone indiquée par le suspect. Ce dernier avait été mis en examen, en mai, pour enlèvement, séquestration et meurtre, suite à la réouverture de l’enquête, deux ans plus tôt. La juge d’instruction a reçu ce lundi 28 novembre le résultat de l’expertise ADN : il s’agit bien du crâne de la mère de famille de 25 ans, disparue le 22 mai 1986 sans donner signe de vie depuis.
[Article publié le 28 octobre 2022 à 20 h 44 et mis à jour le 28 novembre 2022 à 19 h 11] La juge d’instruction en charge de l’affaire Bonfanti a reçu, ce lundi 28 novembre 2022, le résultat de l’expertise ADN effectuée par l’Institut de recherche de la gendarmerie nationale (IRCGN) sur le crâne découvert lors des fouilles du 26 octobre, annonce le parquet de Grenoble. « Le profil génétique retrouvé correspond à celui de Marie-Thérèse Bonfanti », confirme le procureur.
Trente-six ans après les faits, l’affaire Marie-Thérèse Bonfanti, mère de famille de 25 ans disparue en 1986 à Pontcharra, va-t-elle connaître une nouvelle avancée majeure ? Ce mercredi 26 octobre 2022, les fouilles réalisées sur la commune de La Buissière « ont permis la découverte d’un crâne humain à environ 65 mètres du lieu de dépose supposé du corps de la victime indiqué par le mis en examen », annonce le procureur de la République de Grenoble Éric Vaillant, ce vendredi 28 octobre.
Par ailleurs, « un ossement partiel dont la nature humaine n’est pas confirmée, un bouton-pression et un bout de tissu ont également été mis au jour au cours des différentes phases de recherches », qui ont pris fin ce vendredi, ajoute le magistrat. Toutefois, « rien ne permet d’établir formellement à ce stade qu’il s’agit des restes de Marie-Thérèse Bonfanti », tempère-t-il.
L’enquête relancée en 2020 et confiée au groupe « cold cases » de la gendarmerie
La jeune femme, mariée et mère de deux enfants de 4 ans et 6 mois, avait disparu le 22 mai 1986 alors qu’elle distribuait des journaux gratuits à Pontcharra. Son mari avait donné l’alerte le soir-même mais, malgré d’importantes recherches, aucun corps n’a jamais été retrouvé et Marie-Thérèse Bonfanti n’avait plus donné le moindre signe de vie.
Très vite pourtant, les gendarmes avaient privilégié la piste criminelle. Parmi les suspects ciblés, l’un d’eux avait attiré plus particulièrement leur attention. Un certain Yves Chatain, alors âgé de 21 ans, propriétaire de la maison devant laquelle la jeune Iséroise avait garé sa voiture le jour de sa disparition. Celui-ci avait même été placé en garde à vue. Mais, en dépit d’un passé judiciaire et d’éléments troublants, il avait dû être libéré, faute de preuves.
Cependant, ni cette remise en liberté ni le non-lieu rendu en 1988 n’avaient entamé la persévérance de la famille de Marie-Thérèse Bonfanti, intimement convaincue de la culpabilité d’Yves Chatain. Celle-ci avait remué ciel et terre durant des années jusqu’à ce qu’en 2020 le procureur, interpellé par une lettre du frère de la disparue, décide de rouvrir l’enquête, confiée au groupe « cold cases » de la Section de recherches de la gendarmerie de l’Isère.
Le principal suspect de l’époque a avoué le meurtre 36 ans après
Les nouvelles investigations menées par les gendarmes avaient ainsi conduit à interpeller et replacer en garde à vue en mai 2022 – soit 36 ans après les faits – le principal suspect de l’époque, Yves Chatain, désormais âgé de 56 ans. Lequel avait finalement avoué, lors de ses auditions, avoir étranglé Marie-Thérèse Bonfanti après une dispute, tout en fournissant un mobile assez nébuleux.
Mis en examen le 9 mai 2022 pour enlèvement, séquestration et meurtre, le suspect avait également déclaré avoir chargé le corps dans sa voiture, qu’il avait ensuite « déposé en pleine nature ». Deux premières campagnes de fouilles ont donc été réalisées en septembre 2022 dans la zone indiquée par le meurtrier présumé.
« Les ossements découverts lors des fouilles feront l’objet, au cours des prochaines semaines, d’expertises complémentaires notamment destinées à confirmer la nature féminine du crâne découvert et son identité ADN. »
D’importants moyens ont de nouveau été déployés à partir du 24 octobre 2022. Ces dernières fouilles, « menées par des militaires de la Section de recherches de Grenoble, quatre techniciens en identification criminelle du Groupement de gendarmerie de l’Isère et cinq personnels d’une entreprise privée spécialisée dans les recherches en milieu difficile, avec le concours d’un anthropologue de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), ont permis d’explorer près de 3 500 m² de terrain sur les cinq derniers jours », précise Éric Vaillant.
Près de 80 000 euros de frais de justice ont ainsi été engagés pour ces recherches. Si la famille de la victime a été informée de la découverte, reste maintenant à établir que le crâne est bien celui de Marie-Thérèse Bonfanti. Les ossements retrouvés feront donc l’objet, au cours des prochaines semaines, « d’expertises complémentaires notamment destinées à confirmer la nature féminine du crâne découvert et son identité ADN », explique le procureur.