FOCUS – La cour d’appel de la Drôme a condamné, ce vendredi 18 novembre 2022, Amine Ellaboudi à 19 ans de prison pour l’assassinat de Mohamed Mehdi, 19 ans, tué par balles en novembre 2017 à Échirolles. Son cousin Sofiane Mesbah, acquitté en première instance en septembre 2021, a quant à lui écopé de 20 ans de réclusion criminelle pour complicité d’assassinat. Les avocats de ce dernier ont décidé de se pourvoir en cassation.
Après cinq jours d’audience, la cour d’appel de la Drôme a rendu son arrêt, ce vendredi 18 novembre 2022, dans l’affaire de l’assassinat de Mohamed Mehdi, tué par balles en novembre 2017, à Échirolles. Condamné à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Isère en septembre 2021, l’auteur des tirs, Amine Ellaboudi, a cette fois écopé de 19 ans de prison. Son cousin Sofiane Mesbah, acquitté en première instance, a, lui, été condamné à 20 ans de réclusion pour complicité d’assassinat.
Les peines prononcées par la cour d’assises de l’Isère étaient inférieures aux réquisitions du parquet, le jury n’ayant à l’époque pas retenu la préméditation. Le ministère public, qui avait demandé 25 ans de prison à l’encontre des deux accusés, avait donc décidé de faire appel dans les jours suivant le jugement.
Amine Ellaboudi a affirmé avoir tiré sur Mohamed Mehdi sans intention de le tuer
Les faits remontent au 7 novembre 2017. Ce jour-là, Mohamed Mehdi, 19 ans, avait succombé à deux balles de 9 mm – dont une reçue à l’abdomen – tirées par le passager d’un scooter, alors qu’il marchait sur l’avenue Kimberley, à Échirolles. L’enquête avait alors rapidement fait le lien avec une altercation survenue, le matin même, entre le jeune homme et une habitante du quartier.
Deux suspects potentiels avaient été identifiés par les enquêteurs de la police judiciaire : le fils de cette habitante, Amine Ellaboudi, âgé aujourd’hui de 28 ans, et le cousin de celui-ci, Sofiane Mesbah, son ainé de cinq ans. Le premier était soupçonné d’être l’auteur des coups de feu mortels et le second d’avoir conduit le scooter.
Placé en garde à vue, Amine Ellaboudi avait reconnu les faits mais assurait avoir visé les jambes et n’avoir eu aucune intention de tuer Mohamed Mehdi. Quant à Sofiane Mesbah, celui-ci a toujours clamé son innocence, affirmant n’avoir rien à voir avec cette affaire. L’absence de preuves matérielles avait ainsi conduit les jurés de la cour d’assises de l’Isère à prononcer un acquittement.
Suspecté d’être le conducteur du scooter, Sofiane Mesbah acquitté puis condamné
Malgré ce doute, les neuf jurés de la cour d’appel de la Drôme n’ont pas eu la même lecture et ont donc considéré que Sofiane Mesbah était bien le conducteur du scooter. Ce alors que ce dernier avait été blanchi par son cousin à la barre. Des déclarations qu’Amine Ellaboudi a d’ailleurs réitérées lors du procès en appel, tout en refusant toujours de révéler l’identité du mystérieux conducteur.
Mais Sofiane Mesbah était bien sorti de chez lui pendant quatorze minutes, au moment du meurtre. C’est ce que révélaient les données de son bracelet électronique, porté suite à une condamnation, quelques mois auparavant, pour « détention et transport de produits stupéfiants » et « blanchiment ». Une durée insuffisante, selon ses avocats, pour se rendre sur les lieux du crime en scooter et revenir à son domicile. Mais pas pour les officiers de la PJ.
Si la démonstration des enquêteurs a visiblement convaincu la cour d’appel, Me Arnaud Levy-Soussan, avocat de Sofiane Mesbah, s’est, lui, indigné de la condamnation « sans preuve » de son client. « La possibilité de commettre une infraction n’est pas la preuve qu’il l’ait commise », a ainsi réagi le pénaliste au micro de France 3, rappelant qu’aucun témoin n’avait reconnu formellement le conducteur du scooter, par ailleurs casqué.
Ses avocats se pourvoient en cassation contre « une injustice profonde »
Les motivations des jurés et des magistrats n’ont pas encore été communiquées et il est donc impossible, à ce stade, de déterminer pourquoi Amine Ellaboudi, reconnu coupable d’assassinat, a écopé d’une peine légèrement inférieure à son cousin, pourtant jugé pour complicité. « Ils ont sans doute estimé que mon client avait un ascendant sur son cousin car il était plus âgé », a estimé Me Levy-Soussan, toujours sur France 3.
Dénonçant « une injustice profonde » et qualifiant ce verdict « d’aberration totale », l’avocat et son confrère Me Julien Charle n’entendent pas en rester là. Les défenseurs de Sofiane Mesbah ont ainsi annoncé, sitôt rendue la décision de la cour d’appel, qu’ils feraient un pourvoi en cassation « dès [ce] lundi » pour la contester.