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Tribune libre | "Grenoble Capitale verte 2022: Alors, on se souviendra de quelque chose?"

Tribune libre | « Grenoble Capitale verte 2022 : Alors, on se sou­vien­dra de quelque chose ? »

Tribune libre | « Grenoble Capitale verte 2022 : Alors, on se sou­vien­dra de quelque chose ? »

TRIBUNE LIBRE – Après sa tri­bune « Grenoble capi­tale verte : Alors, on pourra en tirer des ensei­gne­ments ? », publiée sur Place Gre’net au mois de jan­vier 2022, le col­lec­tif Grenoble à coeur signe un nou­veau texte pour dres­ser le bilan, selon lui, d’un an de Capitale Verte européenne.

« Pourra-t-on en tirer des ensei­gne­ments ? », ques­tion­nons nous en début d’année, au sujet de « Grenoble capi­tale verte 2022 ».

Alors que la fin approche et que Valencia, avec son parc de 110 hec­tares en pleine ville, vient à juste titre d’être dis­tin­guée, nous nous inter­ro­geons à nou­veau : dans quelques mois, un an, vingt ans, se sou­vien­dra-t-on de quelque chose ? Un bilan contra­dic­toire, que la mai­rie devrait ini­tier, fera t‑il connaître un quelque chose dont se souvenir ?

Pollution, trois évé­ne­ments marquants

1 – Alors que Lisbonne, « capi­tale verte » de 2020, a créé un réseau de 658 cap­teurs et 80 sta­tions de mesures de la qua­lité de l’air, des nui­sances sonores et des micro­cli­mats urbains, à Grenoble on a sup­primé une sta­tion d’Atmo ! Et pas n’importe laquelle : celle qui mesu­rait la pol­lu­tion à proxi­mité du bou­le­vard Gambetta…

2 – Les don­nées d’Atmo publiées en février 2022 par l’association Respire ont mon­tré que toutes les écoles gre­no­bloises les plus pol­luées (sauf une, proche de l’A480) sont situées dans la par­tie du coeur de Grenoble où la fer­me­ture du bou­le­vard Agutte-Sembat concentre le tra­fic auto­mo­bile, depuis avril 2017.

Tendances générales de la baisse de la pollution en France (source Citepa)

Tendances géné­rales de la baisse de la pol­lu­tion en France (source Citepa)

Le niveau de NO2 dans l’air dépas­sait encore les 30 μg/m3 aux abords de ces écoles peu avant la Covid, et il y a net­te­ment moins baissé (un tiers de moins) com­pa­ra­ti­ve­ment à la soixan­taine d’écoles gre­no­bloises qui étaient dans ce même cas en 2015. Que fait la mai­rie ? Rien, sauf nier et étouf­fer le pro­blème, alors qu’il affecte la santé de 4 000 élèves !

3 – Grenoble a pris six ans de retard depuis 2014 dans la lutte contre la pol­lu­tion au NO2. Six années en huit ans ! En effet, le Plan de Protection de l’Atmosphère de 2014 pré­voyait le res­pect du seuil pour 2015 – 2016, ce qui vient seule­ment de se pro­duire, a trouvé le Conseil d’État. Enfin.

Remercions-en le télé­tra­vail, très pra­ti­qué à Grenoble depuis la Covid, ainsi que la ten­dance natio­nale de baisse, constante par­tout depuis plus de vingt ans grâce aux contraintes euro­péennes d’amélioration des moteurs.

Cependant, le seuil reste fré­quem­ment dépassé à la sta­tion Atmo du bou­le­vard Foch. Qui l’a relevé à la mai­rie ? Personne, comme lors de l’augmentation de 15 % en 2017 après la fer­me­ture d’Agutte-Sembat.

Commerce, trois évé­ne­ments marquants

1 – Dans la « capi­tale verte », l’agrandissement de Grand’Place a com­mencé. Ce pro­jet, voté à l’unanimité par le maire “éco­lo­giste” et son groupe poli­tique, nuit gra­ve­ment à la santé des com­merces de proxi­mité. C’est comme si le coeur de Grenoble n’avait pas d’importance véri­table, comme s’il fal­lait défi­ni­ti­ve­ment oublier qu’il était, avant le plan de non-cir­cu­la­tion de 2017, le qua­trième le plus dyna­mique de France selon la fédé­ra­tion du com­merce Procos.

2 – Toxique à l’identique, le chan­tier de Neyrpic a été lancé. « Nous visons en pre­mier lieu les habi­tants de la val­lée du Grésivaudan, car ils ont aujourd’­hui du mal à accé­der à l’hy­per centre » a clai­re­ment déclaré le pro­mo­teur, mani­fes­te­ment satis­fait de la fer­me­ture du bou­le­vard Agutte-Sembat et de l’ambiguïté du maire de Grenoble, qui n’a pas voté la demande de sus­pen­sion du pro­jet Neyrpic.

3 – Les com­merces de Sainte-Claire et de Notre-Dame déclinent en silence depuis la mise sous cloche du quar­tier. Le pres­sing n’a pas résisté à la chute de 30 % de son chiffre d’affaires, il a fermé, l’agence ban­caire et l’Express bar aussi. L’Apollon, qui per­dait 20 %, a vendu. Le mar­ché Sainte-Claire a vu dis­pa­raître la moi­tié des clients. Les halles sont un lieu presque fan­tôme en semaine, et jamais bondé le week-end. Tandis que le taux de vacance n’est que de 1,2 %… dans l’hyper-centre de Nantes !

La pro­po­si­tion inno­vante de Grenoble à Coeur, une large zone de ren­contre sur tout un quar­tier, est tou­jours réa­li­sable. Voici un aperçu de ce qu’elle donnerait :

Exemple de zone de rencontre en France, ici à Paris, en 2022.

Exemple de zone de ren­contre en France, ici à Paris, en 2022.

Énergie, les deux points marquants

1 – Avoir repris le men­songe de l’électricité « 100 % verte et locale à Grenoble » a fait de Yannick Jadot une vic­time du tout com’ pro­pa­gan­diste vécu chaque jour par les gre­no­blois, dont cha­cun voit qu’il porte tort à l’écologie. Quant au prix de l’électricité de « Grenoble capi­tale verte », il a viré au rouge en sui­vant le prix du gaz.

2 – Le chauf­fage au bois reste la source très pré­pon­dé­rante des par­ti­cules fines PM2,5 à Grenoble. Il se cal­cule à par­tir des chiffres de Santé Publique France que ce pol­luant est 27 fois plus agres­sif que le NO2. « Les niveaux de par­ti­cules fines sont pro­ba­ble­ment le prin­ci­pal levier qui peut être actionné pour amé­lio­rer signi­fi­ca­ti­ve­ment la santé des popu­la­tions de zones urbaines comme Grenoble » (Rémy Slama, épi­dé­mio­lo­giste, place Gre’net).

Les PM2,5 et le NO2 à "Grenoble capitale verte" (source Gre-mag).

Les PM2,5 et le NO2 à « Grenoble capi­tale verte » (source Gre-mag).

Quels pro­grès en la matière avec « Grenoble capi­tale verte » ? Un plan d’isolation des bâti­ments enfin à la hau­teur du dérè­gle­ment cli­ma­tique ? Non. C’est sur le front de la séman­tique qu’il y a eu la prin­ci­pale avan­cée, à tra­vers l’élément de lan­gage du « chauf­fage au bois non per­for­mant ».

Car il exis­te­rait donc un chauf­fage au bois indi­vi­duel per­for­mant ? Alors que « même si on brûle du bois sec et propre, les poêles éco design res­tent gros­siè­re­ment pol­luants com­pa­rés au gaz ou à l’élec­tri­cité » (Steve Crawshaw, res­pon­sable de la qua­lité de l’air à Bristol, Angleterre).

En effet, même les poêles cer­ti­fiés émettent autant que plu­sieurs des véhi­cules que les ZFE veulent inter­dire, et la com­pa­rai­son serait bien pire encore si les tests « flamme verte » en labo­ra­toire ne sous-esti­maient pas énor­mé­ment les émissions !

Faire beaucoup de bruit autour des ZFE masque la vraie priorité à Grenoble (source Ineris).

Faire beau­coup de bruit autour des ZFE masque la vraie prio­rité à Grenoble (source Ineris).

Démocratie et vie locale, les faits qui ont mar­qué l’année

Sans « son approche inno­vante de démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive » (dixit le com­mu­ni­qué du comité « capi­tale verte » euro­péenne), Grenoble n’aurait pas obtenu le titre. Quels ont été les faits marquants ?

Si les ate­liers « Green Grenoble » n’ont pas déplacé les foules, le bud­get par­ti­ci­pa­tif a brillé ! Par son détour­ne­ment gros­sier plus que par le taux de par­ti­ci­pa­tion des gre­no­blois : sou­te­nue par l’ex-secrétaire dépar­te­men­tal de EELV, la fer­me­ture des quais à la cir­cu­la­tion a pu figu­rer dans la pré­sé­lec­tion, puis c’est un employé de la mai­rie qui a raflé les deux pre­mières places…

Vote pour le Budget participatif 2022 de la Ville de Grenoble. © Séverine Cattiaux - Place Gre'net

Vote pour le Budget par­ti­ci­pa­tif 2022 de la Ville de Grenoble. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Tandis que les sen­tences tombent sur les asso­cia­tions indé­pen­dantes : quar­tier Mistral, le Plateau a été condamné ; quar­tier Villeneuve, la Cordée aussi ; quar­tier Mutualité, la MJC prend des coups. Le pou­voir muni­ci­pal s’attaque même aux modiques moyens du Comité de Liaison des Unions de Quartier, pour­tant un pilier de la démo­cra­tie locale gre­no­bloise depuis soixante ans !

Alors, qui peut voir autre chose qu’un coup de com’, un de plus, dans l’invitation en décembre de l’Observatoire International de la Démocratie Participative ?

« Grenoble capi­tale verte » : alors, on se sou­vien­dra de quelque chose ?

« Le plus gros pôle de tra­vail de l’Agence capi­tale verte est celui de la com­mu­ni­ca­tion » a dit son direc­teur. Effectivement, mal­gré les 13,4 mil­lions d’euros de coût bud­gété, qui a constaté des réa­li­sa­tions, des investissements ?

Alors, se sou­vien­dra-t-on de « Grenoble capi­tale verte » dans quelques mois, dans un an, dans vingt ans ? Un peu, beau­coup, pas du tout ?

Autrement que par Neyrpic et Grand’ Place ? Autrement que par l’environnement natu­rel des mon­tagnes ou les réa­li­sa­tions du passé, uti­li­sés pour obte­nir le titre ? Autrement que par l’élargissement de l’A480 ?

Le col­lec­tif Grenoble à coeur

Rappel : Les tri­bunes publiées sur Place Gre’net ont pour voca­tion de nour­rir le débat et de contri­buer à un échange construc­tif entre citoyens d’opinions diverses. Les pro­pos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opi­nions des jour­na­listes ou de la rédac­tion et n’engagent que leur auteur.

Vous sou­hai­tez nous sou­mettre une tri­bune ? Merci de prendre au préa­lable connais­sance de la charte les régis­sant.

Place Gre'net

Auteur

4 réflexions sur « Tribune libre | « Grenoble Capitale verte 2022 : Alors, on se sou­vien­dra de quelque chose ? » »

  1. Qui a signé l’ar­ticle ? Le col­lec­tif « Grenoble à cœur » ou la Rédaction de place Gre’net ? Il y a une confu­sion des genres.

    sep article
    • Bonjour, il s’a­git d’une tri­bune de Grenoble à coeur comme men­tionné en intro­duc­tion. L’encadré indi­quant que les pro­pos tenus ne reflètent pas l’o­pi­nion de la rédac­tion ou des ses jour­na­listes avait été oublié et vient d’être rajouté. Cordialement.

      sep article
  2. Il y a quand même eu un moment inou­bliable à gra­ver dans les annales : la pré­sen­ta­tion par Eric Piolle au Conseil d’Etat de sa col­lec­tion de burqinis.
    Il faut recon­naître qu’il a ce jour là porté très haut l’é­ten­dard de Grenoble capi­tale verte, cou­leur de l’islamisme.
    https://​www​.lopi​nion​.fr/​p​o​l​i​t​i​q​u​e​/​p​i​s​c​i​n​e​s​-​d​e​-​g​r​e​n​o​b​l​e​-​e​r​i​c​-​p​i​o​l​l​e​-​p​r​e​s​e​n​t​e​-​s​a​-​c​o​l​l​e​c​t​i​o​n​-​d​e​-​b​u​r​k​i​n​i​s​-​a​u​-​c​o​n​s​e​i​l​-​d​e​tat

    sep article
  3. Bétonnage : est-ce écolo de den­si­fier la ville ? d’a­me­ner de nou­veaux habi­tants qui dégagent du CO2 par leur res­pi­ra­tion ? ce qui amène davan­tage des camions pour appro­vi­sion­ner les maga­sins et de voi­tures pour se déplacer ?

    Rats, et encom­brants sur les trot­toirs : est-ce écolo ?

    Dealers et vio­lence : est-ce écolo ?

    sep article

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