CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou délivrer quelques coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 46 du lundi 14 novembre 2022, retour sur la cérémonie du 11 novembre à Grenoble, marquée par un étrange discours.
Retrouvez ci-dessous la chronique RCF 46 sur la cérémonie du 11 novembre à Grenoble en version texte, et sa version radiophonique en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
« Aujourd’hui, nous allons parler de cérémonie… et d’un drôle de discours. Vendredi dernier, comme chacun sait, nous étions le 11 novembre. Une date qui marque une double commémoration : d’une part, celle de l’armistice de la Première guerre mondiale, et d’autre part celle de l’ensemble des personnes mortes pour la France. Depuis 2012 en effet, l’hommage rendu par la nation le 11 novembre concerne tous les conflits. Et des cérémonies sont organisées dans toutes les communes de France.
Mais cette année, celle de Grenoble a fait grincer quelques dents. Plus particulièrement le discours prononcé par des élèves d’une école primaire, âgés d’une dizaine d’années. Un texte dans lequel les enfants ont évoqué, au-delà de la question des morts pour la France, les « violences policières »… et même les « violences institutionnelles » en prenant pour exemple l’utilisation du 49.3 par le gouvernement.
Des réactions parmi les élus présents
Des élus présents se sont émus de la dimension très politique du discours prononcé par les enfants. Le conseiller municipal d’opposition de Grenoble Alain Carignon a ainsi écrit au maire de Grenoble pour dénoncer une « double instrumentalisation d’un événement patriotique et de jeunes élèves ». De fait, sauf à considérer que le 49.3 soit au programme des cours d’éducation civique en école primaire, personne ne croit que les enfants ont, eux-mêmes, écrit le texte en question…
Un avis partagé par la conseillère municipale d’opposition Émilie Chalas. L’ancienne députée de l’Isère, a ainsi réagi dans les colonnes du Dauphiné libéré en dénonçant un « discours très politisé écrit par des adultes […] Il y a eu instrumentalisation et ce n’est pas bien ».
Si le ministre Olivier Véran, lui aussi présent lors de la cérémonie grenobloise, n’a pas officiellement réagi, la députée insoumise Élisa Martin a, au contraire, salué un « discours poignant et lucide ». Ce qui n’étonnera personne.
Les cérémonies, des moments consensuels ?
Les cérémonies sont pourtant rarement l’occasion de polémiques. Et c’est heureux. On se rappelle toutefois que le Parti communiste de Grenoble avait dénoncé la présence de Mireille d’Ornano, ex-élue Front national avant de rejoindre les Patriotes, lors de la cérémonie du 8 mai à Grenoble en 2019. Pour les communistes, l’élue n’avait pas sa place dans cette cérémonie, au regard des idées qu’elle défendait. De plus, Mireille d’Ornano arborait une écharpe tricolore, ce qu’elle n’avait techniquement pas le droit de faire, n’étant plus conseillère municipale mais “seulement” députée européenne.
Bien sûr, les cérémonies, les fêtes nationales, les commémorations sont des moments politiques. Dans le sens où elles ont vocation à unifier la nation autour d’un ensemble de valeurs et d’héritages communs. Elles participent en quelque sorte au roman national. C’est pourquoi, généralement, elles font consensus parmi celles et ceux qui choisissent d’y prendre part.
Dès lors, il n’est pas anormal de s’interroger sur un discours portant une parole délibérément clivante, et évoquant des faits très précis et très actuels, quand une commémoration a plutôt vocation à prendre de la distance.
Et pour conclure, admettons quand même que les soldats dans les tranchées de la Grande guerre auraient sans doute préféré la « violence institutionnelle » du 49.3 aux nuages de gaz moutarde.
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Une réflexion sur « Chronique Place Gre’net – RCF 46 : « La cérémonie du 11 novembre… et son étonnant discours » »
Je suis partie ! Entendre des enfants hurler des textes qui n’avaient pas leur place ce jour de 11 novembre m’a exaspérée. Je venais pour un hommage aux poilus et morts pour la France et non pour entendre des propos trop politisés….