FOCUS – Cinq personnes ont été interpellées, mardi 4 octobre 2022, en Isère, dans le cadre de deux enquêtes distinctes mais liées toutes deux au vol, en juin dernier, de 2 tonnes de poudre d’argent sur le site de Schneider Electric à Moirans. Deux hommes de 44 et 48 ans ont été mis en examen et écroués pour ce braquage. En parallèle, un couple de trentenaires et un de leurs amis ont été interpellés dans une affaire de blanchiment et escroquerie, en lien avec un dossier d’urbanisme. La perquisition de leur domicile a permis de retrouver des armes et produits de luxe, mais aussi 750 kilos de poudre d’argent provenant du vol. Le mari, qui serait le frère d’un des deux braqueurs, a été incarcéré.
L’enquête sur le vol de 2 tonnes de poudre d’argent, en juin 2022, sur le site de Schneider Electric à Moirans, a connu une avancée décisive avec une vague d’interpellations, mardi 4 octobre, en Isère. Au total, cinq personnes ont été interpellées, dont trois écrouées à l’issue de leur garde à vue, lors de deux opérations menées par les gendarmes grenoblois, annonce le parquet de Grenoble. Deux enquêtes distinctes, mais qui s’avèrent liées à la même affaire.

De nombreux meubles et objets de luxe ont été saisis dans la maison du couple interpellé à Saint-Martin d’Uriage. © Parquet de Grenoble
Les faits principaux remontent à la nuit du 25 au 26 juin. Vers 3 heures du matin, « trois individus cagoulés pénétraient dans l’entreprise Schneider Electric de Moirans », relate le procureur de la République adjoint Boris Duffau. « Sous la menace d’armes, l’agent de sécurité présent était attaché aux pieds et aux poignets. Son téléphone portable lui était retiré. »
Un butin estimé à près d’un million d’euros
Se rendant dans le magasin, les malfaiteurs étaient ensuite parvenus à ouvrir les coffres et à dérober 2 tonnes de poudre d’argent (matière première rare utilisée dans la fabrication des composants électriques) et 700 kilos de déchets d’argent, qu’ils avaient chargés dans un véhicule utilitaire. Un butin estimé à près d’un million d’euros. Le vigile avait quant à lui été « contraint de se coucher à l’arrière de son propre véhicule, verrouillé par les auteurs ».

Les braqueurs avaient dérobé 2 tonnes de poudre d’argent dans la nuit du 25 au 26 juin 2022, sur le site de Schneider Electric à Moirans, un budget estimé à un million d’euros. © Google Maps (capture d’écran)
L’enquête a été confiée par le parquet de Grenoble à la Section de recherches de la gendarmerie, qui a poursuivi ses investigations, sur commission rogatoire d’un juge d’instruction, sur les faits de vol en bande organisée. Celles-ci ont abouti, mardi 4 octobre, à l’interpellation de deux hommes âgés de 44 et 48 ans.
Mis en examen pour « recel de vol en bande organisée » et « vol en bande organisée »
Présentés au juge d’instruction au terme de leur garde à vue, tous deux ont été mis en examen, respectivement pour « recel de vol en bande organisée » et « vol en bande organisée ». « Conformément aux réquisitions du parquet, les deux individus ont été placés en détention provisoire », indique le magistrat, ajoutant que « les investigations vont se poursuivre afin d’identifier les autres co-auteurs ou complices ».
Des complices qui pourraient notamment se retrouver parmi les trois individus « soupçonnés de blanchiment, d’escroquerie, de faux et usage de faux, d’abus de biens sociaux et d’abus de confiance », interpellés également mardi 4 octobre, par les gendarmes de la brigade de recherches de Grenoble, co-saisis avec le Groupe interministériel de recherches (Gir).
Les suspects « mènent un train de vie sans rapport avec leurs revenus légaux, se concrétisant notamment par de nombreux voyages à l’étranger et des achats de biens de luxe ».
Au départ, tout part de « banales » infractions au code de l’urbanisme, qui vont susciter une plainte d’une mairie de la métropole grenobloise, puis l’ouverture d’une enquête préliminaire pilotée par le parquet de Grenoble, en octobre 2020. Très vite, les enquêteurs suspectent un couple de trentenaires et un de leurs amis, âgé de 35 ans.
« Ces derniers mènent un train de vie sans rapport avec leurs revenus légaux, se concrétisant notamment par de nombreux voyages à l’étranger et des achats de biens de luxe », précise le procureur de la République Éric Vaillant. « Ils réalisent aussi d’importants investissements immobiliers tant en France qu’à l’étranger. » Or, une partie de leurs revenus sont non déclarés ou « d’origine suspecte, réalisés par des sociétés locales et de négoce en métaux précieux ».

Des chaussures de marque ont notamment été saisies lors de la perquisition du domicile du couple, qui menait grand train. © Parquet de Grenoble
Le couple, propriétaire d’une habitation individuelle à Saint-Martin-d’Uriage, est par ailleurs gérant de plusieurs sociétés commerciales « destinées à donner une apparence de légalité au train de vie affiché ». Les deux époux profitaient ainsi largement de leurs revenus dissimulés, secondés pour cela par leur ami de longue date.
Bijoux, produits de luxe, armes à feu et 750 kilos de poudre d’argent découverts lors de la perquisition
Après l’interpellation des trois suspects, la perquisition effectuée au domicile du couple a permis de découvrir et saisir de nombreux bijoux et produits de luxe ainsi que deux armes à feu… Mais également, selon Le Dauphiné libéré, « entreposés dans le garage, plus de 750 kilos de poudre d’argent encore conditionnée dans des emballages estampillés aux couleurs de la société Schneider Electric ».

De nombreux bijoux figuraient parmi les produits de luxe découverts lors de la perquisition de la maison, à Saint-Martin-d’Uriage. © Parquet de Grenoble
Si le parquet ne souhaite pas confirmer cette dernière découverte, il admet néanmoins à demi-mot le lien entre les deux affaires. « Cette perquisition a aussi permis de concourir à l’avancées significative d’autres enquêtes en cours confirmant la participation du couple à des activités délictuelles relevant de la bande organisée à l’envergure internationale », informe ainsi le procureur, sans plus de précisions.
Le mari, frère d’un des braqueurs, incarcéré, son épouse placée sous contrôle judiciaire
Connexion supplémentaire, le mari, âgé de 38 ans, ne serait autre que le frère d’un des deux braqueurs mis en examen, d’après le quotidien régional. « À l’issue des gardes à vue, le couple a été présenté au magistrat instructeur qui les a mis en examen pour blanchiment, recel d’abus de confiance, escroqueries et abus de biens sociaux », ajoute le magistrat.
Le mari a été incarcéré en maison d’arrêt tandis que son épouse, âgée de 30 ans, a été placée sous contrôle judiciaire. L’ami du couple a quant à lui été laissé libre au terme de sa garde à vue. Il sera convoqué ultérieurement, précise le parquet.