FOCUS – Certains salons de coiffure proposent maintenant à leurs clients de faire don de leurs cheveux. Une générosité qui permet à des personnes malades d’avoir des perruques de qualité à moindre coût. Plusieurs enseignes de l’agglomération grenobloise comme Scalp et Egérine soutiennent cette cause. Mais il est aussi possible d’envoyer soi-même ses cheveux aux associations.
C’est un geste anodin auquel on ne pense pas forcément mais qui peut rendre un grand service aux personnes ayant perdu leurs cheveux : donner les siens lorsqu’on les coupe. De plus en plus de professionnels de la coiffure se mobilisent ainsi pour développer le don de mèches auprès d’associations spécialisées qui les recueillent comme Solidhair et Fake Hair Don’t Care.
Quelques salons grenoblois proposent progressivement cette démarche, notamment Scalp et Egérine, tous les deux situés dans l’hyper-centre. Il est ainsi possible d’y faire don de ses cheveux à partir d’une certaine longueur. De quoi permettre ensuite de créer des perruques destinées aux personnes malades, en majorité atteintes de cancer ou de pelade.
Don de cheveux : des conditions spécifiques à chaque association
La majorité des associations demandent au moins 25 centimètres de longueur. C’est le cas, par exemple, de Solidhair, qui récolte les dons depuis 2015. Parmi ses fournisseurs, figurent les salons grenoblois Egérine coiffure et Les Fées mèches. Johanna, coiffeuse chez Egérine, explique la façon de faire : « Il faut mettre deux élastiques afin de correctement tenir la mèche. Ensuite, on regarde s’il y a au moins 25 centimètres. Le cheveux ne doit pas être abîmé, pas décoloré, ni avoir des couches de colorations ».
Cependant, les perruquiers, de plus en plus expérimentés, peuvent aussi travailler avec des chevelures plus courtes. Héloïse Arviset, gérante du salon Scalp, est ainsi heureuse de pouvoir travailler avec l’association Fake Hair Don’t Care, qui « accepte les chevelures colorées, décolorées et plus courtes. Les cheveux doivent seulement être en bon état et faire au moins 10 centimètres ».
Héloïse a décidé de collaborer avec Fake Hair Don’t Care pour faciliter le don de cheveux puisque les contraintes sont justement moins importantes. Elle lui envoie ainsi, une fois par an, un colis de 7 kilogrammes. Cette association compte également deux autres partenaires dans l’agglomération : Jaïna Coiffure (à domicile), qui exerce à Grenoble et Seyssinet-Pariset, et Les ciseaux de Caro, à Fontaine.
Une démarche généreuse qu’il faut désacraliser
Dans ces différents salons de coiffure, les professionnels proposent systématiquement le don de cheveux. Si certains clients se montrent réticents à l’idée de voir leurs pointes recyclées, la plupart d’entre eux acceptent de donner leurs mèches. « On propose, mais on n’impose pas, précise Héloïse. Parfois, ils ne sont pas prêts à ce que leurs cheveux se retrouvent sur la tête de quelqu’un, donc on le respecte. Mais la plupart du temps, bien sûr qu’ils veulent donner leurs cheveux ! Ils sont contents de le faire et de participer à ça. »
Les donateurs viennent « à peu près tous les deux ans », explique Johanna. Cela représente « une à deux personnes par semaine ». Marine a déjà donné ses longueurs il y a un an et demi, en venant par hasard au salon Egérine. Sa chevelure ayant repoussé de 30 centimètres, elle a décidé de renouveler l’expérience.
« Je me dis que j’ai des cheveux plutôt bien, et je me suis dit que ça pouvait être utile de faire ce don pour les personnes malades », raconte Marine. « Ma tante a eu un cancer et a dû avoir une perruque. J’ai vu que c’était compliqué et très cher. Moi, ça ne me coûte rien d’aider et de faire plaisir. » Même si « ça fait toujours un petit pincement de couper autant de longueur d’un coup », reconnaît-elle.
Un peu d’argent et de temps pour la bonne cause
Qu’implique cette démarche pour les professionnels partenaires ? Ils doivent tout d’abord adhérer à l’une des associations spécialisées, à hauteur d’environ 15 euros par an. À cela, s’ajoutent certains coûts à leur charge, comme l’achat de petits sachets pour y recueillir les mèches et l’affranchissement des colis. Pour son dernier carton, Héloïse a ainsi dû payer une vingtaine d’euros.
Au-delà du coût financier, les salons consacrent du temps à cette démarche, notamment pour la préparation de la coupe et le tri des sachets. « On ne peut pas envoyer tous les cheveux. Tout est re-trié avant l’envoi », souligne la gérante de Scalp. Mais Héloïse, très sensible à ce sujet, relativise : « Le cancer, par exemple, touche tout le monde. On connaît beaucoup de personnes qui sont décédées à cause de ça. » Un peu de temps donc mais qui se justifie à ses yeux pour redonner le sourire à des personnes malades, grâce à ces nouveaux cheveux portés en toute discrétion.
S’il existe des salons partenaires des associations, il est aussi possible de couper ses cheveux chez soi et de les envoyer par voie postale. Toutes les informations sont disponibles sur le site internet de Solidhair et de Fake Hair Don’t Care.