FOCUS – Cette année encore, le Parc naturel régional du Vercors et la Communauté de communes du massif du Vercors ont fait appel à des jeunes en service civique pour assurer une opération de médiation sur le site de La Molière-Sornin. Un espace naturel sensible très prisé des visiteurs et qui nécessite, dès lors, de prévenir les comportements inappropriés, ainsi que la cohabitation entre les différents usages.
Lancée en 2021 avec succès, l’opération a été renouvelée en 2022 : le Parc naturel régional du Vercors et la Communauté de communes du massif du Vercors (CCMV) ont fait appel à des médiateurs volontaires en service civique pour informer, orienter et sensibiliser les visiteurs de l’espace naturel sensible (ENS) de La Molière-Sornin. Le tout sur la base d’un CDD de six mois, débuté au mois de juin 2022.
Les problématiques sont nombreuses pour les espaces naturels sensibles. Et plus particulièrement lors d’un été chaud et sec comme celui observé en 2022, qui fragilise la faune et la flore et augmente les risques d’incendie. Le Vercors n’est ainsi pas le seul concerné, comme en témoignent les opérations de sensibilisation menées par la police municipale de Chamrousse sur le site du lac Achard, autre ENS isérois.
Une cohabitation parfois compliquée entre les différents usages
Les missions des jeunes recrues ? « Orienter les visiteurs, les renseigner, leur souhaiter la bienvenue… et amener le public à comprendre le territoire pour qu’il puisse se l’approprier et défendre le bien commun », explique Jacques Adenot, président du Parc naturel régional du Vercors. Sans oublier de prévenir les comportements indésirables, mais aussi les conflits d’usage.
Le PNR du Vercors est en effet un lieu de travail pour certains. Sur le site de La Molière-Sornin, il n’est ainsi pas rare que les exploitants forestiers soient empêchés de sortir leur bois quand les visiteurs se mettent devant les barrières.
Quant aux chasseurs, ils n’apprécient guère la présence de traileurs ou de VTT. « Ils estiment que toute activité en-dehors de la leur dérange le gibier », résume Jean-Paul Uzel, adjoint à l’Environnement de Villard-de-Lans et délégué communautaire au sein de la CCMV où il est membre de la commission Agriculture et forêt.
Pour faire face à des situations qui pourraient s’avérer houleuses, les services civiques ont bénéficié d’une formation spécifique d’une quinzaine de jours. D’une part, pour « mieux connaître le territoire », et d’autre part pour « appréhender la problématique du multiusage [et] la communication non violente ». Avec, finalement, un vrai numéro d’équilibriste associant protection de l’environnement, ouverture revendiquée au public et conjugaison des usages.
Entre compréhension et sanction
Qu’il s’agisse de dépôts de déchets, d’allumages de feux ou de piétinements de la flore, les comportements inappropriés ne manquent pas, note Jacques Adenot. Comme ceux de certains traileurs qui dérangent la faune en montant trop haut, ou des pratiquants de VTT qui créent de nouveaux parcours “sauvages” en les partageant sur internet.
Autre problème : les chiens non tenus en laisse, qui représentent un danger pour la faune, mais aussi… pour eux-mêmes. Les troupeaux sont en effet gardés par des patous et des chiens de montagne portugais ou chiens de berger d’Anatolie qui peuvent s’avérer très dangereux pour leurs congénères.
Opérant en binôme, les médiateurs doivent faire acte de pédagogie face à ces comportements. Et si Jacques Adenot préfère la « compréhension » à la « sanction », la police ou la gendarmerie (à cheval) peut-être sollicitée en cas de persistance des abus. Du reste, les forces de l’ordre effectuent d’elles-mêmes des tournées sur le site. Notamment avec les services de l’Office national de forêt, dans le cadre de la prévention des feux.
La motivation des quatre services civiques 2022 ? L’envie de trouver ou retrouver un lien plus fort avec la nature, mais aussi de la défendre. L’urgence écologique fait en effet partie des préoccupations de Dorian, Aline, Alexandre et Thomas, autant que le besoin de se rendre utile.
Ils en auront l’occasion jusqu’à fin 2022, avec juste un peu de répit une fois terminée la saison estivale… car les visiteurs demeurent très présents jusqu’à la fin des vacances scolaires de la Toussaint !
Un nouveau « bol d’air pour La Molière »
Cette année encore, le Parc naturel régional du Vercors a lancé l’opération « Un bol d’air pour La Molière ». Le principe ? Interdire l’accès des voitures et motos au plateau de La Molière-Sornin les samedis, dimanches et jours fériés, entre le 15 juillet et le 16 août 2022. Avec un objectif : freiner l’abondance de voitures, sur un site qui connaît une véritable surfréquentation touristique depuis l’année “Covid” 2020.
« Nous ne souhaitons pas interdire l’accès à ce site naturel qui constitue l’une des pépites du territoire. Au contraire, nous voulons en faciliter la découverte, mais en proposant des moyens d’accès différents et alternatifs aux véhicules individuels », expliquait Hubert Arnaud, maire d’Autrans-Méaudre-en-Vercors, lors du lancement de l’opération. Des navettes et des télésièges ont ainsi été mis à disposition des visiteurs.
Si le bilan complet de l’édition 2022 du « bol d’air » est attendu pour septembre, un bilan à mi-parcours publié début août se voulait déjà très positif. Entre 170 et 200 personnes par jour avaient ainsi emprunté les modes d’accès alternatifs. Le tout, ajoutait le maire d’Autrans, avec une adhésion totale des habitants du plateau du Vercors, comme de ses visiteurs.