DECRYPTAGE - Le loup. Un sujet qui alimente les passions et cristallise les tensions. Depuis son retour en France dans les années 1990, le prédateur a bouleversé les pratiques pastorales. Si certains syndicats d'éleveurs le jugent responsable de tous les maux, les associations de protection de l'environnement le considèrent a contrario comme un élément indispensable des écosystèmes français. Pour autant, résumer le débat à un combat entre deux camps serait bien trop réducteur, tant les dissensus sont nombreux entre syndicats. Et en dépit d'un dialogue rompu entre certains acteurs, des collaborations plus discrètes se font jour.
"'Au loup ! Un loup dévore le troupeau !' À ces mots, les villageois bondirent hors de leurs maisons et grimpèrent sur la colline pour chasser le loup. Mais ils ne trouvèrent que le jeune garçon qui riait comme un fou de son bon tour." La morale d'Esope, connue de tous, a su traverser les âges et rester d'actualité. Excepté qu'aujourd'hui, peu de bergers se risqueraient à cette plaisanterie...
Car, depuis son retour par les Alpes et sa présence sur l'ensemble du département, le loup est devenu un sujet brûlant. Chaque été, lorsque les troupeaux rejoignent les alpages, les attaques se multiplient. Les suspicions augmentent. Et les débats s'enflamment.
Chaque année, les mêmes oppositions s'accentuent entre syndicats d'éleveurs et associations de défense de l'environnement. Même si, loin de l'idée que l'on pourrait s'en faire, tous les syndicats ne s'accordent pas sur le discours à adopter. Face à une situation aussi clivante, les revendications sont nombreuses et souvent divergentes.
Le loup dans nos territoires : quelle situation ?
Selon l'Office français de la biodiversité (OFB), la population du loup en France s'élève à 600 individus environ. Une estimation établie grâce à des modèles mathématiques, le dénombrement de la population de loups par comptage étant impossible.
Cependant, ces méthodes ne font pas consensus, y compris entre les différents syndicats. "Faussées" selon Christophe Gabert, référent prédation Nord Isère de la FDSEA38. "Scientifiques" et "qui marchent" selon Julien Van Ee, représentant à la Commission départementale Loup de la Confédération paysanne.
Par conséquent, le bilan divise lui aussi. Pour Christophe Gabert, la population de loups en France est largement "sous-estimée". L' Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), soutient, elle, "un nombre bien trop faible pour garantir la survie de l’espèce sur le long terme". Un constat commun à plusieurs associations de défense de l'environnement.
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Une réflexion sur « Loup en Isère : quelle cohabitation entre le prédateur, le pastoralisme et le tourisme ? »
https://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/communique-de-presse-derniere-estimation-de-la-a22021.html