TROIS QUESTIONS À – La préfecture de l’Isère a déclenché, jeudi 7 juillet 2022, le niveau 3 de sécheresse pour les territoires de montagne du département, les autres territoires restant au niveau 2 d’alerte, depuis le 16 juin, avec quelques exceptions. Etat des lieux avec Simon Mittelberger, climatologue à Météo France, qui fournit ses prévisions sur le département en matière de chaleur et de pluviométrie
PLACE GRE’NET – La situation de la sécheresse sur le département de l’Isère en ce milieu d’année 2022 est-elle ordinaire ou, au contraire, exceptionnelle ?
SIMON MITTELBERGER – Si l’on regarde au niveau de la sécheresse des sols, on est très proche de la sécheresse record qui avait été enregistrée en 1976. Nous sommes à des niveaux extrêmement bas, plus bas même que ce que l’on rencontre habituellement au milieu de l’année. C’est une situation que l’on rencontre en moyenne une fois tous les 25 ans. À l’échelle de l’Isère, on est donc bien sur un phénomène exceptionnel !
Cela concerne principalement la partie de plaine du département, donc la partie ouest du département. La partie est, au niveau des montagnes, reste plus humide que l’autre partie. En revanche, l’Isère fait partie des zones les plus touchées de France. Sont concernés particulièrement par la sécheresse le quart nord-est de la France, la grande région Auvergne-Rhône et également la Bourgogne-Franche-Comté. L’Isère se situe un peu au centre des régions les plus touchées du territoire national.
À quoi est dûe cette sécheresse exceptionnelle ? Est-elle aussi la résultante d’une situation déjà dégradée les années précédentes ?
SIMON MITTELBERGER – Cette sécheresse est, naturellement, liée au déficit de précipitations que l’on a enregistré. Sur l’Isère, nous avons une pluviométrie déficitaire depuis janvier 2022, avec des déficits très importants sur certains mois. Par exemple, au mois de mars, on atteint 73 % de déficit. C’est-à-dire qu’il est tombé 24,8 millimètres de pluie alors qu’habituellement, il en tombe 91.
On observe une grande variabilité au niveau des années. À l’échelle du pays, en 2021, la pluviométrie a été globalement satisfaisante. Sur l’Isère, si l’on regarde la saison précédente, nous avions une pluviométrie excédentaire sur les mois de décembre 2020 et janvier 2021, puis très légèrement déficitaire au printemps. Mais avec des déficits beaucoup moins importants que ceux observés cette année !
À la différence encore de 2022, la fin du printemps et le début de l’été 2021, dont les mois de mai à juillet, ont été particulièrement arrosés. On a eu entre 1,5 à 2 fois la normale de précipitation. Nous sommes donc bien sur une situation qui contraste avec celle de l’année dernière.
Les orages récents ont-ils amélioré la situation et, plus globalement, que faudrait-il pour résorber un peu cette sécheresse sur le département de l’Isère ?
SIMON MITTELBERGER – Non, les orages récents ont eu peu d’effet sur la sécheresse au niveau des sols en raison des températures élevées. Une forte partie des précipitations s’est évaporée. Elles ont permis de ré-humidifier les sols très légèrement, mais on reste sur des niveaux très bas sur la saison.
Or, quand on est sur des sols très secs, il faut beaucoup de précipitations pour les ramener au niveau moyen que l’on observe habituellement. Cela dépend donc de la pluviométrie, mais aussi de la température. Au mois de mai, on observe l’assèchement des sols du fait du manque pluviométrie, mais aussi du fait que le mois a été particulièrement chaud. Il faudrait, par exemple, un mois de juillet pluvieux et frais comme celui de 2021.
Mais les tendances sur les trois prochains mois, du moins ce que l’on a comme étant le scénario le plus probable, c’est un été plus chaud et plus sec que la normale sur la moitié sud de la France. Donc Isère compris. Sachant tout de même que ces prévisions sont une moyenne sur les trois prochains mois. On peut donc avoir des mois totalement contrastés à l’intérieur de ce trimestre.
Une réflexion sur « Alerte sécheresse renforcée : pour le climatologue Simon Mittelberger « l’Isère est proche de la sécheresse record de 1976 » »
C’est très rassurant ! Tout va bien alors ! Tout est normal et sous contrôle!!!! C’est tous les 25 ans ! Nikel ! Rien à voir donc avec un quelconque réchauffement climatique ! Ouf ! Ni à voir avec l’enchaînement des canicules !