FOCUS - Les salariés de l’usine Soitec de Bernin ont annoncé mardi 14 juin 2022 reconduire « pour une durée indéterminée » la grève initiée le 10 par l’une des équipes. Ils dénoncent un manque de reconnaissance, la dégradation des conditions de travail et une répartition jugée inéquitable des actions gratuites, pourtant censées fidéliser les employés. Contactée, la direction affirme de son côté privilégier le dialogue avec les partenaires sociaux "pour que l’activité revienne rapidement à la normale".
« La grève est reconduite à l’unanimité. On a des salariés qui sont vraiment déterminés. » Soitec, entreprise spécialisée dans les matériaux semi-conducteurs, se heurte depuis vendredi 10 juin aux contestations des salariés de son usine de Bernin. Cette grève spontanément initiée à 22 h 30 vendredi a été massivement suivie depuis. Les salariés mobilisés et leurs représentants ont voté mardi 14 juin pour sa reconduction, après la "décision délibérée de la direction de couper les ponts » avec eux.
Une stratégie bien loin d’être gagnante pour l’entreprise, comme le rappelle Fabrice Lallement, délégué syndical CGT Soitec. « Les conséquences pour la boîte sont majeures, sachant qu’elle fonctionne à flux tendu. Une heure perdue, c’est une heure qui ne sera pas rattrapée. »
Ces salariés « en colère » dénoncent notamment des conditions de travail difficiles et une confiance rompue vis-à-vis de la direction. Parmi les sujets bouillants au cœur des échanges, la question de la reconnaissance salariale ainsi que celle des actions gratuites.
« La problématique, c’est surtout l’écart entre les plans Onyx et Opale »
Le déclenchement d’une grève dans l’usine de l’un des leaders mondiaux de la conception et de la production de matériaux semi-conducteurs innovants pourrait surprendre. Et pourtant, le mouvement découle en partie des résultats historiques récemment annoncés par l’entreprise. Pour la première fois, le chiffre d’affaires de Soitec a atteint le milliard de dollars, en croissance de 50 % à taux de change constants par rapport à 2020-2021.
Dans de telles circonstances, les salariés appellent la direction à entendre leurs « demandes légitimes ». À commencer par la thématique brûlante des actions gratuites. « Il y a un désaccord avec le syndicat des cadres sur le sujet, explique Fabrice Lallement. Nous ne sommes pas sur une approche confiscatoire. Nous ne voulons pas prendre aux uns et aux autres. La problématique réside surtout dans l’écart entre le plan des dirigeants (Onyx) et celui du reste de l’entreprise (Opale). »
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