FOCUS – Le Musée de Grenoble prend place à la Maison des habi­tants Teisseire-Malherbe pour une nou­velle édi­tion de son pro­jet Hors les murs. Neuf œuvres autour du thème de la nature, trois des­sins, trois pein­tures, deux pho­to­gra­phies et une sculp­ture, sont à décou­vrir jus­qu’au 2 juin 2022. Le tout accom­pa­gné de nom­breux ren­dez-vous culturels.

Un vol­can en érup­tion qui déploie des volutes roses sur fond de ciel, un face-à-face aux limites de l’ab­surde entre un bateau de tou­risme et les chutes du Niagara, des vagues déchaî­nées dans les­quelles émergent d’é­tranges formes ou la minu­tieuse repré­sen­ta­tion des herbes d’un champ un jour d’été… Telles sont quelques-unes des œuvres sur la nature pro­po­sées par le Musée de Grenoble à la mai­son des habi­tants Teisseire-Malherbe jus­qu’au 2 juin 2022.

Guy Tosatto, direc­teur du Musée de Grenoble. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Pour la sei­zième édi­tion de son for­mat « Hors les murs », le Musée est en effet de retour dans un local qu’il avait déjà investi au moment même de son ouver­ture, en 2005. « Les pein­tures séchaient et nous sommes arri­vés pour accro­cher l’ex­po­si­tion », se rap­pelle Guy Tosatto, direc­teur du Musée de Grenoble. Depuis, la mai­son des habi­tants a trouvé son réseau et ses par­te­naires pour s’ins­crire de plain-pied dans la vie du quartier.

« Aller à la ren­contre des publics qui ne viennent pas au Musée »

De quoi garan­tir à l’ex­po­si­tion un suc­cès popu­laire ? L’équipe du Musée de Grenoble y compte bien. Pierre Bastien, res­pon­sable du pro­jet Hors les murs, note qu’une cen­taine de bul­le­tins ont été dépo­sés dans les urnes, alors que les habi­tants étaient invi­tés en amont à don­ner leur opi­nion sur la direc­tion que devait prendre l’ex­po­si­tion. Un suc­cès, et la pro­messe peut-être d’at­ti­rer beau­coup de visiteurs.

Une des œuvres pré­sen­tées dans le cadre de l’ex­po­si­tion Au cœur de la nature, Jörg Sasse, 2613, 2004. © Adagp, Paris 2022

C’est bien tout l’en­jeu, rap­pelle Guy Tosatto : « Aller à la ren­contre des publics qui ne viennent pas au musée pour toutes sortes de rai­sons. Et leur faire com­prendre qu’il y a des œuvres qui existent, une occa­sion de se décol­ler du quo­ti­dien pour débou­cher sur l’i­ma­gi­naire ». Le direc­teur insiste : les œuvres pré­sen­tées sont toutes des ori­gi­nales. Pour mieux per­mettre de « ren­con­trer des œuvres en vrai, avec leur sub­stance, leur corps et leur matière ».

Pas ques­tion tou­te­fois pour le Musée de Grenoble de se sub­sti­tuer à une poli­tique plus géné­rale de sen­si­bi­li­sa­tion à la créa­tion artis­tique. « Ça, c’est un tra­vail qui devrait être par­tagé entre le minis­tère de l’Éducation natio­nale et celui de la Culture », estime Guy Tosatto. Non sans regret­ter que des ten­ta­tives dans ce sens aient tourné court par le passé. Pas de quoi « récu­pé­rer ce fossé gran­dis­sant entre la culture clas­sique et les nou­velles géné­ra­tions », s’inquiète-t-il.

Portrait d’une nature « sau­vage, rebelle, indomptée »

Le titre de l’ex­po­si­tion ? Au coeur de la nature, pour mieux s’ins­crire dans la fou­lée de Grenoble Capitale verte euro­péenne 2022. Avec un choix porté, après consul­ta­tion des habi­tants, autour de la nature « sau­vage, rebelle, indomp­tée, puis­sante », décrit Pierre Bastien. Au total, neuf œuvre sont pro­po­sées : trois œuvres pic­tu­rales, trois des­sins, deux pho­to­gra­phies et une sculp­ture. Avec un cer­tain équi­libre entre œuvres figu­ra­tives et plus “abs­traites”.

Marie-Laure Poquay et Pierre Bastien, res­pon­sables du pro­jet Hors les murs du Musée de Grenoble. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Comme tou­jours pour ses Hors les murs, le Musée pro­pose en effet des œuvres d’art contem­po­rain. Ici, celles pro­po­sées vont de 1961 à 2004. Pour des rai­sons pra­tiques, d’a­bord : les œuvres anciennes, plus fra­giles, sont moins trans­por­tables. Mais aussi, sou­ligne Pierre Bastin, pour « per­mettre à des per­sonnes qui n’ont peut-être pas l’ha­bi­tude de visi­ter des musées de voir la variété de la créa­tion contem­po­raine ».

Au Cœur de la nature s’ac­com­pagne encore de nom­breux ren­dez-vous, qu’il s’a­gisse d’un ate­lier chant, de repré­sen­ta­tions théâ­trales ou encore d’un concert de l’ar­tiste Dïa, le jeudi 12 mai. Sans oublier plu­sieurs évé­ne­ments orga­ni­sés dans d’autres lieux, notam­ment la biblio­thèque Teisseire-Malherbe, Bouquins sans fron­tière au Pôle de soli­da­rité inter­na­tio­nale lundi 23 mai, ou bien encore l’Ecole supé­rieure d’art et de design mer­credi 25 mai. Une pro­gram­ma­tion à retrou­ver dans l’a­genda du Musée et la bro­chure dédiée à l’ex­po­si­tion.