EN BREF – Les deux incendies successifs de lignes électriques, survenus dans les nuits du dimanche 3 au lundi 4 avril et du lundi 4 au mardi 5 avril 2022 dans le Grésivaudan, visaient notamment, selon les enquêteurs, le groupe STMicroelectronics. Son usine de Crolles a d’ailleurs due être mise temporairement à l’arrêt, suite à ce second sinistre. La CGT ST Crolles a réagi ce mercredi 6 avril en dénonçant des « actes irresponsables ». Rappelant que le site isérois est classé « Seveso seuil haut », le syndicat alerte ainsi sur le risque d’accident industriel majeur que pourrait entraîner une rupture d’alimentation électrique.
Un poste de transformation de RTE (gestionnaire du Réseau de transport d’électricité) à Froges, dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 avril 2022. Puis neuf lignes électriques, la nuit suivante, sous le pont de Brignoud, entre Villard-Bonnot et Crolles. En vingt-quatre heures, deux incendies probablement volontaires, attribués par les enquêteurs à des activistes d’ultra-gauche, ont frappé le Grésivaudan. Une série de sinistres qui n’avait toujours pas été revendiquée ce mercredi 6 avril. Mais qui visait, semble-t-il, tout particulièrement le site Seveso à Crolles du groupe STMicroelectronics.
Plusieurs inscriptions retrouvées sur les lieux du premier incendie ciblaient en effet le fabricant de semi-conducteurs, pointé pour sa “trop” grande consommation d’électricité. Et l’entreprise, privée de cette source d’énergie une partie de la nuit après le second sinistre, a dû mettre temporairement à l’arrêt la production – tout comme Soitec – sur son site de Crolles, ce mardi 5 avril. L’alimentation électrique a finalement pu être rétablie en début de matinée mais le redémarrage des installations nécessite inévitablement un certain temps.
« Toute rupture d’alimentation électrique non intentionnelle et non maîtrisée aurait pu conduire à un accident industriel majeur » aux conséquences « irréversibles »
La CGT ST Crolles l’a d’ailleurs souligné dans un communiqué envoyé ce mercredi 6 avril : « Cet incident génère une charge de travail très importante afin de sécuriser et remettre en service l’ensemble du site industriel. » « Si ces incendies sont effectivement volontaires avec pour but d’atteindre, entre autres, le site industriel de STMicroelectronics, la CGT ST Crolles les considère comme irresponsables », ajoute le syndicat.
La CGT rappelle en effet que le site de STMicroelectronics Crolles est classé « Seveso seuil haut » (le plus élevé sur l’échelle des risques technologiques). Celui-ci est passé de « Seveso seuil bas » à « Seveso seuil haut » en mars 2017, en raison des volumes de stockage et de consommation de produits chimiques du site.
Ainsi, « toute rupture d’alimentation électrique non intentionnelle et non maîtrisée aurait pu conduire à un accident industriel majeur dont les conséquences humaines et écologiques seraient irréversibles », alerte le syndicat. Lequel se réjouit toutefois qu′« aucun incident lié à la coupure électrique n’ait été constaté sur le site », en grande partie grâce au déclenchement des systèmes de sécurité.
Des questions « légitimes » mais qui « ne peuvent être réglées par ce type d’action »
La CGT évoque également les sujets soulevés par les incendiaires – bien qu’aucune revendication n’ait été postée à ce stade sur les canaux habituels de l’ultra-gauche. D’une part, « la place des nouvelles technologies dans la société » ; d’autre part, « les questions écologiques liées à la consommation d’eau ou d’énergie du site ».
Des questions « légitimes », admet-elle. Mais celles-ci, poursuit le syndicat, « ne peuvent être réglées par ce type d’action ». Et de conclure : « Pour nous, elles doivent être discutées démocratiquement avec les citoyen-ne‑s et les salarié-e‑s. »