FOCUS – Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère délivre le bilan de sa collecte participative lancée au mois de février 2021. Au final, 307 familles ont répondu présentes pour proposer des objets du quotidien en lien avec la période de la Seconde Guerre mondiale. Vêtements, jouets ou documents rendant compte d’un passé pas si lointain, mais dont les témoins disparaissent peu à peu.
Une blouse d’écolière, une robe, une bouillotte, un almanach, des bons d’essence ou de charbon… À l’occasion du bilan de la collecte lancée par le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, Josiane Gouvernayre a dévoilé des souvenirs du passé au président du Département de l’Isère Jean-Pierre Barbier et à la directrice du Musée Alice Buffet. Des objets d’un quotidien lointain qu’elle confie aujourd’hui à la mémoire collective, non sans émotion.
Bien sûr, Josiane Gouvernayre n’est pas seule à avoir participé à la collecte. C’est en qualité de représentante plus ou moins improvisée des 307 familles qui ont répondu présentes à l’appel du Musée qu’elle participait à l’événement. Sur une table, d’autres objets illustraient la variété des dons : un canard en bois, une peluche de Babar ou une valise ornée d’un cochon et d’inscriptions en allemand quelque peu sibyllines.
« L’ère des témoins se termine »
C’est en février 2021 que le Musée de la Résistance a lancé son opération de collecte participative. Avec pour objectif d’enrichir ses collections d’objets en lien avec le quotidien des Isérois durant la Seconde Guerre mondiale. Une opération d’autant plus nécessaire à l’heure où une génération est sur le départ. Avec le risque que les souvenirs conservés soient victimes d’un tri trop drastique de la part des familles.
« L’ère des témoins se termine », a résumé Jean-Pierre Barbier. « Et c’est pourquoi le Musée de la Résistance et de la Déportation a toute son importance : quand les témoins ont disparu, il ne s’agit pas de diluer cette mémoire dans autre chose. Ce qui fonde et détermine le Musée, c’est la Seconde Guerre mondiale, les atrocités qu’on a pu constater, qui sont retranscrites dans les objets que nous collectons », ajoute-t-il.
Un passé qui résonne étrangement, à l’heure d’une nouvelle guerre en Europe, aux portes de l’Union européenne. « On a cru en 1945 que la paix était une période de normalité, alors qu’en fait elle est malheureusement l’exception », juge le président du Département. Tout en refusant toute « injonction » dans le devoir de mémoire : « Il faut inciter les gens à se souvenir, qu’ils le fassent par volonté propre, et c’est le rôle du Musée de la Résistance. »
Près de 170 dons retenus par le Musée de la Résistance
Quid de la collecte proprement dite ? Celle-ci s’est axée sur quatre points principaux, explique Alice Buffet. À savoir collecter des objets en « trois dimensions »– soit pas seulement des documents papiers –, qui retracent le quotidien des Isérois pendant le conflit. Ce avec un accent mis sur le Nord-Isère, territoire peu représenté dans les collections du Musée, et sur la période 1939 – 1943, elle aussi moins documentée.
Au final, ce sont 169 « dossiers » qui ont été retenus par le comité créé par le Musée de la Résistance dans le cadre de sa collecte. Le tout en lien avec la commission scientifique d’acquisition des musées de la Drac, « qui a statué définitivement sur le destin de ces propositions », indique le Musée. Certaines ont rejoint la collection Musée de France, d’autres l’inventaire documentaire, et d’autres encore le centre de documentation.
Les propositions exclues l’ont été « pour des raisons de pertinence ou parce qu’elles ne concernaient pas l’Isère », explique Alice Buffet. Les donateurs potentiels n’ont pas été refoulés pour autant. « À chaque fois, ils ont été réorientés vers d’autres établissements, les archives départementales ou d’autres musées qui se trouvent sur les territoires concernés », a rassuré pour conclure la directrice du Musée de la Résistance.