FOCUS - « Face aux animaux. Nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences » est le nouveau livre de l’universitaire grenoblois Laurent Bègue-Shankland préfacé par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Cet ouvrage publié le 23 février 2022 aux éditions Odile Jacob dévoile ce que nos interactions si diverses avec les animaux disent de notre empathie et de nos liens avec eux. Mais aussi ce qu’ils révèlent de nos comportements avec les membres de notre propre espèce.
« En tant que psychologue, l’étude de nos comportements agressifs envers les animaux est un sujet magistral qui mérite un traitement. Et jusqu’à présent, très peu d’approches de psychologie sociale s’y sont essayées », explique Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologie sociale à l’université Grenoble-Alpes (UGA)4Laurent Bègue-Shankland est aussi membre de l’Institut universitaire de France (IUF). Chercheur invité à l’Université Stanford, il dirige aujourd’hui la Maison des sciences de l’homme-Alpes (MSH-Alpes - CNRS/ UGA)., auteur du livre Face aux animaux. Nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences, publié aux éditions Odile Jacob le 23 février 2022.

Couverture du livre Face aux animaux. © Laurent Bègue-Shankland
Comment débranche-t-on notre empathie envers les animaux lorsque nous les instrumentalisons, les exploitons jusqu’au sacrifice de leur vie ? Nos relations avec eux, de l’attachement à la maltraitance, éclairent-elles notre identité ? Et ces liens ont-ils des répercussions sur notre rapport à autrui ? Telles sont les questions explorées par le scientifique dans cet ouvrage préfacé par le médiatique neuropsychiatre Boris Cyrulnik5Médecin et psychanalyste, il a vulgarisé le concept de « résilience » et est l'auteur de nombreux livres dont Mémoire de singe et paroles d'homme .
« J’ai d’abord voulu dresser un large panorama de nos liens aux animaux »
Un livre vif, éclairant, bourré d'informations extraites de plus de 800 références scientifiques et de réflexions. Et donnant au final au lecteur le sentiment, exaltant, de mieux comprendre les ressorts multiples de nos comportements, pas forcément toujours vertueux envers les animaux, sans que nous soyons pour autant de dangereux psychopathes.
Dans cet ouvrage de 339 pages, comprenant 60 illustrations, l’auteur éclaire aussi d’un autre jour les relations d’avilissement que nous entretenons parfois avec les membres de notre propre espèce en opérant une césure pernicieuse par simple association avec les animaux. Il est incontestable que ce livre comprenant aussi de nombreux témoignages marque des points en faveur de la cause animale. Pour autant, « ce n’est pas un livre prescriptif ou de dénonciation, je n’ai pas voulu être dans cette posture-là », souligne Laurent Bègue-Shankland.

Laurent Bègue-Shankland. © Nils Louna
Avec ce livre, « j’ai d’abord voulu dresser un large panorama de nos liens historiques, sociaux mais aussi psychologiques aux animaux », ajoute l’enseignant-chercheur. Ainsi dans les premiers chapitres, le lecteur peut-il (re)mesurer le rôle majeur que les animaux ont joué dans l’édification des civilisations.
Bien sûr, les hommes les ont massivement utilisés comme outils pour tirer les charrues dans leurs champs ou tourner les meules à blé ou à huile, comme rabatteurs dans leurs chasses, guetteurs pour donner l’alerte, cobaye dans les expériences scientifiques... mais aussi comme ressource. Dans l’animal, l’être humain a tout trouvé : la viande pour se nourrir, le cuir pour se vêtir, les plumes pour écrire, les tendons pour faire de la colle... Qu’avons-nous oublié d’exploiter chez eux ? « Rien » estime l’auteur à l’issue de son important inventaire.
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