FOCUS – Pendant une semaine, les étudiants du Master Transmédia de l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble ont investi La Casemate. Le défi : cinq jours pour imaginer, créer et expérimenter en groupe un objet inventé. En immersion du 14 au 17 février 2022 dans le laboratoire de fabrication Fab Lab, les étudiants avaient comme seule contrainte d’apprivoiser les matériaux souples. En fin de semaine, les quatre équipes ont présenté leurs objets réalisés, allant du masque de démon japonais à un sac de largage.
« Il y avait de la vie dans la maison pendant une semaine », relate Jeany Jean-Baptiste, directrice du Centre de culture scientifique, technique et industrielle, La Casemate. Comme chaque année depuis 2019, des étudiants de première année du Master Transmédia de l’IEP de Grenoble ont réalisé ensemble de nouveaux objets. Ce sans aucune compétence technique dans les machines à commande numérique.
À chacun sa banane
« Qui n’a jamais rêvé de poches extensibles ? », questionne l’équipe Peau de Banane, alias PDB. « Le sac banane est la solution ! », redécouvre un des membres. Chacun a réalisé le sien en fonction de sa personnalité et de son inspiration. Un point commun toutefois : le patron afin de faciliter la fabrication.
Élisabeth a nommé son sac banane Le Rouge et le Noir. « Un mélange entre douceur, sobriété, volupté et la traduction d’une hésitation entre le rouge et le noir », explique-t-elle, un brin lyrique. Maëlle a quant à elle créé sa banane Sauvage à l’aide d’une chemise pour enfant aux motifs dinosaures. Et Léocadie de s’écrier « Oh la vache ! » en ouvrant la sienne baptisée « Go moooh » avec un motif vache imprimé à l’intérieur.
Jean a, pour sa part, souhaité mêler jazz, blues et bossa nova pour son sac du même nom. « Cette pièce unisexe qui nous représente n’aurait pas été réalisable sans les outils de La Casemate », souligne Maëlle.
Lâcher de poubelles à la Casemate
L’équipe suivante se qualifie elle-même de brochette de lâches. « Si la lâcheté devait avoir un visage, ce serait moi ! », confie Romain. Son projet « Largue-le » vise à assurer une rupture de couple “légère”. L’équipe a ainsi conçu un parachute de largage à l’aide d’un sac-poubelle, d’une besace et de fil de pêche.
Pour rompre avec sa moitié, il suffit d’envoyer le parachute… La besace contient un mot qui informe de la séparation ainsi que les objets appartenant à la personne quittée (brosse à dents, culotte etc.). « On a décidé de se débarrasser des freins à la créativité… comme le bon goût », se justifie l’un des membres, à propos de l’utilisation d’un sac-poubelle comme parachute.
Un masque du royaume des esprits… en jean d’enfant
Rostaim Yavari et son équipe, Matéo, Rémi et Antoine ont fabriqué un masque de démon japonais, typique des costumes Oni. Son nom : « Shin ‘en no sore ». L’équipe souhaitait « créer un masque traditionnel » afin de se rapprocher de l’univers du cinéma, de la fiction et d’allier objet artistique et esthétique.
Ce masque « venu du royaume des esprits » qui se veut angoissant a été fabriqué à l’aide d’une imprimante 3D, de chaînes pour matérialiser la mâchoire, de lumières Led pour les yeux et de différents tissus pour la cagoule et les cheveux.
Les étudiants ont toutefois rencontré des difficultés dans l’exercice. Aux problèmes d’imprimante 3D et de peinture non adhérente s’est ajouté un obstacle majeur : le tissu souple. Les quatre garçons avaient en effet choisi un jean d’enfant comme tissu pour le masque. Ils disposaient donc de peu de matière sans couture pour exprimer leur créativité. « En choisissant un modèle de jean pour enfants, nous n’avions pas pensé aux nombreuses coutures rapprochées… C’était terrible à voir ! », reconnaît l’un des étudiants.
Une pièce de mode androgyne « pour artistes en recherche d’individualité »
La dernière équipe « Far Lab » annonce, en toute modestie, « une pièce de mode haute couture jamais pensée auparavant ». Ce vêtement mixte s’adresse aux artistes. Or dans l’équipe, se trouvent Adèle Couvert, chanteuse à ses heures, et Jeremy Maurin, membre d’un groupe de musique. L’équipe leur propose une tenue de scène au style androgyne.
L’accessoire, qui trouve son inspiration dans l’univers cow-boy, est destiné aux artistes « en recherche d’individualité ». Amovible, il s’accroche aux manches du t‑shirt grâce aux bandes de scratch adhésives. Tandis que les franges, composées de cuirs, de jean et de bijoux, sont censées assurer légèreté et souplesse aux mouvements…
« Vous avez fait preuve de liberté dans chacun de vos projets, voire vous en avez abusé et c’est bien ! », se félicite Jeany Jean-Baptiste.
Fin 2022, la Casemate animera, par ailleurs le futur “Centre de sciences” Cosmocité . Un lieu ludique et éducatif orienté sur les sciences de la Terre, de l’Univers et de l’Environnement. De quoi peut-être stimuler la créativité des prochaines promotions d’étudiants.