REPORTAGE - Après près de trois semaines de débats, le procès de Nordahl Lelandais, jugé devant la cour d'assises de l'Isère pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, en août 2017, à Pont-de-Beauvoisin, arrive à son terme. À la veille du verdict, l'après-midi de cette quatorzième et avant-dernière journée d'audience était consacré aux plaidoiries de la défense, ce jeudi 17 février 2022. Me Jakubowicz a demandé une peine de 30 ans de prison, souhaitant que son client soit condamné sur les preuves, et non en écho à l'opinion publique. Une réponse à l'avocat général, qui avait requis, le matin, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
"Comment défend-on un homme qui a enlevé et tué une petite-fille de 8 ans, baissé la culotte de ses petites-cousines de 4 et 8 ans ? Un homme dont les crimes suscitent la révolte et le dégoût ?" En introduisant ainsi sa plaidoirie, ce jeudi 17 février 2022, Me Alain Jakubowicz, avocat de Nordahl Lelandais, soulève la question revenant à chaque meurtre d'enfant. "Voilà quatre ans que je me pose ces questions", ajoute-t-il. "La réponse, je l'ai trouvée dans mon serment d'avocat."
Expliquer et tenter de convaincre les jurés. Tel était le défi que devaient relever le célèbre avocat lyonnais et ses deux collaborateurs, ce jeudi après-midi. Pour la dernière fois en effet, la défense avait la parole en ce quatorzième et avant-dernier jour du procès de Nordahl Lelandais, jugé depuis le 31 janvier devant la cour d'assises de l'Isère pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, dans la nuit du 26 au 27 août 2017, à Pont-de-Beauvoisin.
Me Moutous demande aux jurés de "rester mesurés" et de "le juger à hauteur d'homme"
Écueil supplémentaire pour le trio, leurs plaidoiries devaient contrebalancer le virulent réquisitoire prononcé le matin-même contre leur client par l'avocat général. Jacques Dallest a en effet requis la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, à l'encontre de Nordahl Lelandais. Soit la peine maximale encourue pour les faits reprochés, l'ex-militaire n'étant pas poursuivi pour viol, faute de preuves, malgré la "conviction" du ministère public.
C'est d'ailleurs sur ce dernier point - entre autres - que vont s'appuyer les trois avocats de la défense. Leur stratégie est basée sur trois axes : juger sur les preuves donc, humaniser l'accusé et dénoncer l'emballement médiatique et la pression de l'opinion publique. Premier à plaider, Me Mathieu Moutous demande ainsi aux jurés de "rester mesurés" et de "juger Nordahl Lelandais à hauteur d'homme, pas à hauteur médiatique".
"Ce n'est pas le monstre qu'on décrit dans les médias"
"Ce n'est pas le monstre qu'on décrit dans les médias, c'est plutôt un homme falot, à la vie misérable", affirme-t-il, regrettant "le phénomène inhérent à la cour d’assises, celui de la loupe déformante. Chacun de ses faits et gestes est décortiqué. Ce dossier a poussé ce phénomène à son paroxysme."
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