REPORTAGE - Le procès de Nordahl Lelandais, jugé devant la cour d'assises de l'Isère pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, en août 2017, à Pont-de-Beauvoisin, est entré dans sa deuxième semaine ce lundi 7 février 2022. Une sixième journée d'audience marquée par les témoignages forts et poignants de la famille de la fillette. Tour à tour, sa mère, son père et sa sœur ont ainsi raconté à la barre leur vie brisée et vivement interpellé l'accusé. Mais ce dernier, poussé dans ses retranchements, notamment par la grande sœur de Maëlys, n'a toujours pas craqué.
Cela restera sans nul doute comme l'un des moments marquants de ce procès. Après avoir lu un texte poignant à la barre, Colleen, la grande sœur de Maëlys, demande à s'adresser directement à Nordahl Lelandais. D'une voix vibrante de colère, la lycéenne de 16 ans l'interpelle vertement, les yeux dans les yeux : "Je veux savoir si vous avez violé ma sœur ?" "Non, je ne l'ai pas violée", répond l'accusé.
Colleen poursuit, avec une détermination et un aplomb forçant l'admiration : "Pourquoi avoir attendu six mois avant de dire où était Maëlys ? C'était de la torture. Je veux que vous disiez la vérité. Vos mensonges, il y en a marre. On a besoin des réponses maintenant !" Mais l'ex-militaire botte en touche et prétend qu'il "s'exprimera plus tard". La même et éternelle promesse depuis l'ouverture du procès, entré ce lundi 7 février 2022 dans sa deuxième semaine.
Dans la salle, le public est sonné et bouleversé. Le face à face, d'une intensité rare, fait office de climax d'une journée particulièrement chargée en émotion. Après avoir examiné, le matin, la deuxième agression sexuelle commise, le 20 août 2017, par Nordahl Lelandais sur une petite-cousine de 6 ans, la cour d'assises de l'Isère a en effet entendu, durant l'après-midi, les témoignages de la famille de Maëlys de Araujo.
"Je n'ai pas su te protéger des méchants", se lamente la mère de Maëlys
Les parents et donc Colleen ont ainsi raconté tour à tour comment leur vie avait basculé depuis l'enlèvement et le meurtre de leur fille et petite sœur, alors âgée de 8 ans, dans la nuit du 26 au 27 août 2017, lors d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin. "Tu étais mon rayon de soleil et cette nuit terrible d'août 2017, tout est devenu sombre dans ma vie", commence Jennifer Cleyet-Marrel, la mère de Maëlys, en lisant une lettre déchirante à la barre.
"J'aurais tellement voulu que ce soit moi à ta place mais ce monstre en a décidé autrement", continue-t-elle, d'une voix à peine audible. "La vie est tellement injuste. Mon cœur de maman saigne de ton absence, une cicatrice gravée sur le cœur qui ne s'effacera jamais. Je n'ai pas su te protéger des méchants. Cette culpabilité sera ancrée en moi jusqu'à la fin de mes jours."
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