DÉCRYPTAGE - Dans une lettre ouverte écrite en décembre 2021, quatre femmes accusent La Bobine d'avoir couvert le harcèlement et les agressions dont elles se disent victimes de la part d'un serveur de l'établissement. Une réaction au communiqué du lieu culturel associatif, qui affirme de son côté avoir mené une enquête dans les règles, avant de licencier l'auteur présumé des faits. La Bobine avait été pointée par "Balance ton bar Grenoble", en novembre 2021, pour le comportement de cet ex-salarié, soupçonné d'avoir commis des violences sexistes et sexuelles répétées entre 2019 et 2021.
La polémique a fait irruption publiquement à la mi-novembre 2021, en pleine vague "Balance ton bar". Parmi la vingtaine d'établissements mentionnés sur le compte Instagram "Balance ton bar Grenoble", un nom avait particulièrement retenu l'attention : celui de La Bobine. Pourquoi celui-ci plus qu'un autre ? Car l'emblématique lieu culturel grenoblois – à la fois bar associatif, restaurant, salle de spectacle et de concerts, studios de répétition et d'enregistrement – bénéficie d'une image plutôt positive sur les questions liées au féminisme et à l'égalité des genres.

La Bobine a été mise en cause dans une publication sur "Balance ton bar Grenoble", qui l'accuse d'avoir couvert les agressions sexistes et sexuelles commises par l'un de ses serveurs. © Balance_ton_bar Grenoble / Instagram (capture d'écran)
Pourtant, l'auteure de la publication accusait La Bobine d'avoir eu connaissance, dès février 2021, des violences sexistes et sexuelles commises envers elle et d'autres femmes par l'un de ses serveurs. Selon cette internaute, le salarié serait encore resté en poste de longs mois après ce premier signalement, en profitant pour "continuer ses agressions", avec la complicité au moins passive de l'établissement.
Depuis, la controverse a rebondi par communiqués interposés. D'abord avec celui de l'association Projet Bob - La Bobine, publié le 23 novembre 2021 sur son site internet. Puis, sous la forme d'une lettre ouverte datée du 16 décembre 2021 et signée par "Eva, Clémentine, Marine et Lola2Tous les prénoms ont été anonymisés, qui se présentent comme "quatre des victimes connues de l’agresseur qui a sévi à La Bobine".
"Une personne agressée sexuellement, une victime de coups, deux autres harcelées"
De quoi est soupçonné exactement le serveur ? Difficile d'obtenir l'information auprès des différentes parties, ce dernier ne faisant pas, pour l'heure, l'objet de poursuites pénales. Sous couvert d'anonymat, l'une des victimes déclarées a fini par livrer quelques détails : "Une personne a été agressée sexuellement, une victime de coups, deux autres harcelées... Et encore, je ne cite pas tout, loin de là."

Les faits incriminés, notamment des cas de harcèlement répétés, se sont produits entre 2019 et 2021, pour certains dans l'enceinte de La Bobine, pour d'autres à l'extérieur. © Chloé Ponset - Place Gre'net
Des faits survenus essentiellement, selon les témoins, de 2019 à 2021 (inclus), au sein de La Bobine, mais aussi en dehors de ses murs. Dans leur lettre ouverte, soutenue par les associations et collectifs Noustoutes38, Balance ton bar Grenoble, Balance ta scène, Serein.e.s, En tout genre et Déviations, les quatre femmes accusent le lieu associatif d'avoir "couvert durant tout ce temps" les "agressions".
"L'agresseur s'est servi de son lieu de travail comme d'un terrain de chasse pour parvenir à ses fins"
Clémentine, la première à avoir donné l'alerte, pointe ainsi la responsabilité de La Bobine. "En tant que barman, l'agresseur s'est servi de son lieu de travail comme d'un terrain de chasse pour parvenir à ses fins", affirme la jeune femme. Elle évoque également l'alcoolisation massive du salarié "sur ses heures et son lieu de travail". Laquelle avait pour effet de "décupler sa violence" lorsqu'il "se rendait chez ses victimes ou les invitait chez lui, en étant ivre".
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