DÉCRYPTAGE - L'Association du Skatepark de Grenoble dénonce depuis des années le retard de la ville en matière d'infrastructures de glisse urbaine. Les pratiquants réclament la construction de nouveaux modules extérieurs pour le skateboard et le BMX, ainsi que la rénovation du skatepark de la Bifurk, obsolète et trop petit. L'association y voit un manque d'engagement des municipalités successives pour des sports pourtant en plein essor. De son côté, la Ville de Grenoble affiche sa volonté de développer les équipements, tout en soulignant les contraintes liées au foncier et à la complémentarité des pratiques.
La scène se reproduit tous les mardis soir à la Bifurk. Des amateurs de glisse urbaine patientent en file indienne avant de pouvoir s'élancer, tout en restant sur leurs gardes pour éviter les collisions. "C'est le seul skatepark intérieur à Grenoble. Donc, forcément, l'hiver, c'est blindé!", regrette Émile, membre de l'Association du Skatepark de Grenoble. "On doit attendre son tour. On rentre souvent dans d'autres personnes."
Le constat, unanime et sans appel, vaut pour les quinze sessions libres hebdomadaires de skateboard, et encore plus pour celle du mardi soir, la plus fréquentée. Le skatepark de la Bifurk est en effet non seulement trop petit pour le nombre de pratiquants, mais également obsolète. "La pratique devient même dangereuse", déplore Yoan Gros, coordinateur de l'association. "En plus, il fait froid, il y a de la poussière et on n'a pas de vestiaires ni de douches."
Mais ces récriminations, loin de se limiter à la Bifurk, concernent aussi la pratique extérieure. "À la Caserne de Bonne [square Silvestri, ndlr], l'été, c'est abusé ! Entre le roller, les trottinettes et le skate, il y a trop de monde", déplore Nathanaël, 14 ans, arrivé deuxième au championnat régional de sa catégorie. "On est beaucoup de skateurs à Grenoble et les skateparks sont trop petits." Un point de vue partagé par Yoan Gros, qui dénonce "le retard abyssal de Grenoble en matière d'infrastructures de glisse urbaine".
Une volonté politique "dérisoire", selon l'association
Cet amateur de skate a d'ailleurs eu une réaction épidermique aux propos de l'adjointe aux sports de la Ville de Grenoble sur Place Gre'net, le 25 novembre 2021. "La Ville souhaite développer la glisse urbaine un peu partout sur le territoire", affirmait ainsi Céline Mennetrier. Laquelle faisait notamment référence à l'installation des modules du parc Paul-Mistral, venus s'ajouter aux skateparks du square Silvestri et de l'Esplanade (quai de la Graille).
Cet engagement affiché de la municipalité laisse Yoan Gros très dubitatif. "On a été interpellés par la manière dont elle a présenté la situation des sports de glisse, qui laisse à penser qu'il y aurait eu une volonté politique de la Ville derrière ces installations", explique-t-il. Or, pour le salarié de l'Association du Skatepark de Grenoble, celle-ci est "soit très dérisoire, soit absente".
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 84 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous