FOCUS – Les professionnels spécialisés dans les accueils collectifs de mineurs en Isère et dans toute la région Auvergne Rhône-Alpes lancent une bouteille à la mer. Dans des lettres adressées aux collectivités locales, Isère Drome Destination Junior, Savoie Mont Blanc Junior et Sancy Dômes Junior alertent ainsi sur la vague d’annulations des classes de découverte qu’elles subissent depuis plusieurs semaines. Ce qui met en péril l’équilibre économique des structures d’hébergement.
« Les centres de vacances ont mal et le font savoir. » Les structures d’hébergement accueillant des classes de découverte, déjà mises à mal ces deux dernières années par l’épidémie de Covid, tirent la sonnette d’alarme en ce mois de décembre. Jusqu’alors promises à un bel hiver, celles-ci ont en effet vu les annulations s’enchaîner au cours des dernières semaines.
En cause, la crainte de devoir gérer des cas positifs et le rapatriement de groupes. Mais aussi le pass sanitaire, imposé aux encadrants et aux collégiens (à partir de 12 ans) dans les classes de neige et séjours de vacances d’hiver pour accéder aux remontées mécaniques et autres activités ne pouvant pas limiter les brassages de publics. À cela, s’ajoute encore la fermeture des frontières suisses et belges, couplée aux craintes de pertes financières des responsables des groupes, qui renâclent de fait à s’engager.
Mais les centres de vacances dénoncent surtout les « interdictions aléatoires des séjours classes de neige et classes de découverte par certains services départementaux de l’éducation ». « Si nous comprenons les mesures de prudence du fait de l’évolution de la situation sanitaire, nous ne pouvons accepter des mesures générales d’interdiction dans le temps qui n’ont aucun sens », s’indigne Michelle Demessine, présidente de l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (Unat), dans une lettre adressée au Premier ministre Jean Castex.
Une filière sinistrée
Face à cet effondrement, les professionnels des séjours pour enfants et adolescents ont réclamé, début décembre, des aides spécifiques dans des lettres envoyées aux collectives locales. Leurs revendications ? La poursuite du chômage partiel au-delà de la fin de l’année, la réactivation des fonds de solidarité pour les structures qui enregistrent une baisse de chiffre d’affaires, ou encore la poursuite de l’aide sur les coûts fixes.
Olivier Fourot, président de Sancy Dômes Junior, a pour sa part reçu plusieurs réponses à son courrier. « Deux sénateurs et une députée m’ont répondu, me renvoyant toutefois aux mesures prises par le gouvernement. Mais nous avons besoin de plus que cela pour survivre ! Nous réclamons, par exemple, que les séjours éducatifs soient placés dans un dispositif de protection ciblée, à l’instar des discothèques et des traiteurs. »
Alors que plusieurs fermetures d’établissements ont déjà été enregistrées, l’inquiétude ne redescend pas au sein de la filière des séjours éducatifs. « Notre territoire a déjà perdu un monument de l’accueil de groupes d’enfants avec la fermeture de Montagne et musique en Vercors. Nous ne pouvons imaginer que l’État laissera d’autres drames de ce type se produire dans les prochains mois. Nous en prenons malheureusement le chemin… », s’alarment Damien Fossa et Victor Haumont, co-présidents d’Isère Drôme Destination Juniors.
« Le principe même des classes de découverte, pourtant fondateur pour les enfants, est menacé. Nous sommes en train de perdre notre public », alerte de son côté Olivier Fourot, qui demande à ce que « le droit de découvrir le territoire » soit inscrit dans la scolarité des enfants. Autre piste : afin de valoriser les classes de découverte et séjours scolaires auprès des enseignants et des familles, l’Unat réclame la mise en place rapide du projet « Ma Classe nature ». Une plateforme facilitant la mise en relation entre les professeurs et les organisateurs.