FOCUS - Le procès de la tentaculaire affaire de traite d'êtres humains dans le Sud-Est de la France s'est ouvert ce lundi 6 décembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Lyon. Vingt prévenus comparaitront durant deux semaines devant la justice, soupçonnés de faire partie d'un vaste réseau d'immigration clandestine. Lequel exploitait des sans-papiers vietnamiens travaillant en situation irrégulière dans des restaurants asiatiques, basés notamment dans l'agglomération grenobloise.
Des gérants de restaurants, des intermédiaires, un faussaire, des comptables et même un élu d'opposition grenoblois et son épouse. Ils seront vingt prévenus à comparaître au cours de ce procès de deux semaines, qui s'est ouvert ce lundi 6 décembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Lyon. Et ce, pour des faits allant de la "traite d’êtres humains à l’égard de plusieurs personnes" à "l'aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en France, en bande organisée".
Tous sont en effet soupçonnés d'avoir pris part à un vaste trafic de clandestins vietnamiens, entre 2017 et 2020. Un réseau opérant depuis la région grenobloise, avec des ramifications dans tout le sud de la France. Celui-ci est accusé d'avoir produit de faux titres de séjour et exploité des sans-papiers vietnamiens travaillant dans des conditions souvent déplorables dans des restaurants asiatiques, en Isère mais aussi dans les Bouches-du-Rhône et dans l'Aude.
Deux Vietnamiens, morts dans le "camion de l'horreur" en Angleterre, avaient travaillé dans des restaurants à Grenoble
Cette affaire tentaculaire et complexe a eu des conséquences tragiques. Le Dauphiné libéré, qui a consacré une longue enquête au dossier et suit le procès à Lyon, relate ainsi l'histoire funeste de Nhung et Diep. Ces deux jeunes Vietnamiens d'une vingtaine d'années avaient été retrouvés morts asphyxiés dans un camion frigorifique, aux côtés de trente-sept autres de leurs compatriotes, en octobre 2019, près de Londres.
Un drame qui avait défrayé la chronique à l'époque. Et qui plonge ses racines, du moins pour ces deux victimes, dans l'affaire actuellement jugée à Lyon. Car, avant de tenter de rejoindre l'Angleterre dans le "camion de l'horreur" – comme l'ont surnommé les médias – Nhung et Diep étaient passés par Grenoble. Comme plusieurs dizaines d'autres sans-papiers, les deux jeunes hommes avaient travaillé, avec de faux titres de séjour, dans des restaurants asiatiques de l'agglomération, indique le quotidien régional.
Les employés devaient dormir sur des couvertures, dans la salle principale du restaurant
C'est d'ailleurs la découverte de faux certificats de séjour par un établissement bancaire grenoblois en novembre 2017, puis par la préfecture de l'Isère quelques mois plus tard, qui a mis la justice sur la piste de ce réseau. L'enquête ouverte par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lyon a ensuite mobilisé plusieurs unités de la police aux frontières.
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