FOCUS – La cafétéria de Sciences-Po Grenoble servirait de la viande exclusivement halal. C’est en tout cas ce qu’aurait annoncé sur Instagram l’association Cafet” en kit qui en a la charge, avant de supprimer son message. De quoi provoquer la colère du syndicat étudiant de droite Uni, qui évoque un « nouvel acte de soumission à l’idéologie woke et à l’islamisme ». Une position reprise sur la Toile, notamment par les adeptes de la théorie du « grand remplacement ».
De la viande uniquement halal pour les étudiants de Sciences-Po Grenoble ? C’est ce que dénonce le syndicat étudiant Uni, L’Union nationale inter-universitaire, marquée à droite, rebondit sur un message Instagram posté par Cafet” en kit. L’association en charge de la gestion de la cafétéria de l’Institut d’études politique (IEP) de Grenoble aurait en effet annoncé que « l’ensemble de [ses] produits [étaient] maintenant 100 % halal, et cela grâce à un nouveau fournisseur ».

Sur le parvis de Sciences-Po Grenoble. Les étudiants ont-ils pour obligation de manger halal à la cafétéria ? © Simon Marseille – Place Gre’net
« Aurait » ? Le post en question, explique l’Uni, a depuis été retiré du compte Instagram de l’association. Et d’aucuns sur les réseaux sociaux laissent entendre qu’il s’agirait d’un “fake”. Cafet” en kit n’a cependant posté aucun démenti, alors que l’interpellation du syndicat remonte au 19 octobre 2021. Directement sollicitée par Place Gre’net, l’association n’a pas non plus (au moment de la publication de cet article) répondu à nos questions. Pas plus que la direction de Sciences-Po Grenoble.
La position de l’Uni reprise par les adeptes du « grand remplacement »
Une chose est certaine : l’Uni ne manque pas de tirer à boulets rouges sur l’annonce. L’organisation dénonce un « nouvel acte de soumission à l’idéologie woke et à l’islamisme », et estime que « les pratiquants d’une religion sont favorisés au détriment des autres ». Tout en mentionnant « la cruauté de cette pratique, les animaux étant conscients lorsqu’ils sont abattus », et en appelant l’IEP à « faire respecter l’idéal républicain dans l’enceinte de son école ».

Le message que l’association Cafet’en kit aurait posté sur Instagram, puis retiré. Si certains évoquent un “fake”, l’association n’a pas démenti l’information.
Les étudiants qui ne souhaitent pas consommer halal ne peuvent-ils pas manger ailleurs ? « Il est bien plus pratique pour les étudiants de l’IEP d’aller chercher leur repas à cette cafétéria plutôt qu’au Crous, l’attente étant bien moins longue », estime encore l’Uni. Qui lance une pétition pour exiger que « Sciences Po Grenoble refuse qu’une association agréée et disposant de locaux dans son école contraigne les étudiants à consommer de la viande halal ».
D’abord relayée par L’Incorrect, la prise de position de l’Uni a ensuite été reprise dans la “droitosphère”. Des médias adeptes de la théorie du « grand remplacement » ne manquent ainsi pas de relayer l’information, tels Causeur par la voix de sa directrice de rédaction Élisabeth Lévy, sur Sud Radio le 20 octobre 2021. De même que les sites Fdesouche, Boulevard Voltaire ou encore Riposte Laïque.
Les accusations d’islamophobie restent en mémoire
La réaction de l’Uni s’inscrit dans un contexte particulier. Le syndicat garde en tête les accusations d’islamophobie contre deux enseignants de Sciences-Po Grenoble, dont les noms avaient été affichés via des collages sur les murs de l’établissement. Ceci à peine cinq mois après l’assassinat de Samuel Paty, décapité par un terroriste islamiste après avoir été désigné comme islamophobe sur les réseaux sociaux.

Quand un collage désignait deux professeurs de l’IEP de Grenoble comme islamophobes, cinq mois après l’assassinat de Samuel Paty.
« Les professeurs mis en danger ne reçoivent toujours aucun soutien de la part de l’administration malgré la persistance des menaces », dénonce le syndicat étudiant. Une polémique qui avait mené à un rapport de l’inspection générale, dans lequel la direction, l’union syndicale étudiante de l’IEP comme l’un des professeurs visés en prenaient pour leur grade, considérés comme responsables d’un « psychodrame ». En attendant le prochain ?