FOCUS – Entre 1000 et 2000 personnes ont défilé dans les rues de Grenoble pour la dixième manifestation « contre les restrictions du passe sanitaire et pour la liberté vaccinale ». Une édition marquée par la forte mobilisation des soignants et professionnels du médico-social non vaccinés, désormais suspendus de leur fonction.
« Dentiste à l’arrêt », « Suspendus, qui va vous soigner ? », « Blouse blanche en colère noire »… De nombreux soignants ont défilé en tête de cortège, ce samedi 18 septembre, à Grenoble, pour la dixième manifestation contre le passe sanitaire et pour la liberté vaccinale. Ces sages femmes, infirmiers, orthopédistes, dentistes, médecins, éducateurs spécialisés, agents techniques… exerçant aussi bien dans le secteur public que privé sont suspendus de leur fonction depuis le 15 septembre. Et ce en raison de leur refus de se faire vacciner. Ils ne sont plus, de fait, rémunérés.
Ce samedi, à plusieurs reprises, ces professionnels ont réclamé la fin de l’état d’urgence, et l’abrogation de la loi du 5 août. Ceci afin d’être réintégrés dans leur fonction, sans avoir à se faire vacciner. « Nous sommes capables de soigner sans risque de transmettre la maladie, en respectant les gestes barrières, comme nous avons su le faire pendant une bonne partie de la crise sanitaire », soutiennent-ils.
Autre argument avancé par ces soignants et le personnel du secteur médico-social justifiant qu’ils n’ont pas à se faire vacciner : le vaccin n’est pas la solution absolue à l’éradication du virus étant donné qu’il n’arrête pas la contagion. « Je suis pour le consentement libre et éclairé des personnes à vouloir se faire vacciner, renchérit, pour sa part, Anne, 51 ans, médecin et non vaccinée. Ce qui me préoccupe encore plus fortement, c’est l’obligation vaccinale pour les 12 – 17 ans. Sur le long terme, on ne sait pas comment notre système immunitaire va réagir ».
Mobilisation des bistrots, cafés, restaurants et du « camp social »
Les bistrots, cafés et restaurants ont eux-aussi fait entendre leur voix, ce samedi. « Contrôler n’est pas notre métier », c’est le message qu’ils ont mis en avant sur leur bannière. Comme les bibliothécaires de Grenoble qu’ils citent en exemple, les salariés de ce secteur en ont assez de contrôler le passe sanitaire « par peur de la répression ».
« Les bistrots, cafés, restaurants, sont ouverts à tout le monde, avec ou sans papier. Ce sont des lieux du vivre ensemble », martèlent-ils. Pour eux, le retrait du passe sanitaire est la seule façon de renouer avec « l’essence de leur métier » qui consiste à « accueillir les clients ».
Ont aussi défilé, ensemble, les organisations syndicales Sud, CNT, le syndicat des étudiants Unef, entre autres, et les partis politiques d’extrême gauche tels que le NPA et La France Insoumise. Eux dénoncent le glissement vers « une société de surveillance et de contrôle qui menace les libertés et le droit du travail », ainsi qu’ils le soulignent dans un communiqué qu’ils ont cosigné.
Quant à l’obligation vaccinale, pour Yannick, l’un de ces militants politiques, il va de soi qu’il s’agit d’une manipulation du gouvernement. « Elle permet à Macron de se dédouaner et de masquer le problème de fond qu’est la dégradation de l’hôpital public » fustige-t-il.
Les revendications du « camps social » ? « La gratuité des tests », « la levée des brevets sur la santé » et « l’accès pour tous aux vaccins pour tous les pays », une « politique ambitieuse avec un investissement massif public dans la santé et l’éducation », notamment. Les organisations d’extrême gauche annoncent d’ores et déjà une grève interprofessionnelle, mardi 5 octobre, « contre la politique autoritaire et antisociale de Macron ».
Des étudiants dans les prochains cortèges ?
Sur la participation à cette dixième mobilisation, plusieurs manifestants remarquent un léger recul par rapport aux samedis précédents. René, un gilet jaune présage que la rentrée universitaire pourrait toutefois raviver le mouvement. « Les étudiants n’ont pas besoin de passe sanitaire pour les cours, mais vont devoir le présenter pour tous les événements festifs, toutes les activités culturelles, sportives, en dehors ». Une situation inadmissible pour le gilet jaune, qui espère que « les étudiants ne laisseront pas faire ».