FOCUS – Après le chaos culturel 2020 – 2021, la 11e édition du festival Détours de Babel portée par le Centre international des musiques nomades reprend son itinérance musicale du 5 septembre au 8 octobre 2021. Avec pas moins de 100 rendez-vous transculturels dans 27 lieux de 15 communes de l’agglomération grenobloise et de l’Isère, le festival invite à nouveau son public à flâner aux détours des formes contemporaines du jazz et des musiques du monde.
À l’instar de moult événements culturels, le festival des Détours de Babel porté par Centre international des musiques nomades (CIMN) a subi de plein fouet l’onde de choc de la crise sanitaire. Annulé en 2020 puis reporté du fait de l’irruption du variant Delta au printemps 2021, le festival a fait le gros dos pour ne pas reporter sa 11e édition et garder le lien avec son public.
Après avoir proposé des rendez-vous numériques printaniers, le festival reprend son itinérance musicale à travers une édition exceptionnelle s’étirant du 5 septembre au 8 octobre 2021. Au programme ? Pas moins de 100 rendez-vous transculturels dans 27 lieux de 15 communes de l’agglomération grenobloise et de l’Isère.
« J’ai réussi à reconstruire 95 % de tout ce qui était prévu au printemps », se félicite Benoît Thiebergien, le directeur artistique des Détours de Babel. En l’occurrence, « un vrai casse-tête » en forme de puzzle entre « les tournées internationales impossibles à remonter » et les concerts à remplacer voire recaser au débotté. Dans l’intervalle, « nous avons laissé les portes du théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas ouvertes pour que des groupes puissent venir y travailler et y répéter en permanence », explique le directeur artistique.
Les brunchs : « des petits festivals dans le festival »
« L’ADN du festival c’est faire se croiser, se rencontrer des formes contemporaines du jazz et des musiques du monde. C’est le champ esthétique qui nous intéresse, on n’y déroge pas ». Au titre des développements déjà largement explorés lors des éditions précédentes, les fameux brunchs dominicaux plébiscités par le public1Durant une journée, concerts, spectacles, performances, installations artistiques se répartissent dans différents espaces du lieu d’accueil. Une manière de proposer des temps de convivialité à travers un cheminement libre des parcours musicaux. Dont le tout premier aura lieu ce 5 septembre à Fort Barreaux, tout comme lors de la clôture de l’édition 2019 des Détours de Babel.
« Je tiens beaucoup à ces petits festivals dans le festival. C’est pour ça que nous allons à nouveau investir le fort pour un brunch XXL avec plus de 20 concerts », promet Benoît Thiebergien. Ce pour une avant-première avant que le festival n’adopte son rythme de croisière à compter du mardi 14 septembre. Entre temps, l’organisation en profitera pour monter une exposition de sculptures sonores au musée de peinture de la place de Verdun.
« Nous développons aussi de plus en plus de projets participatifs associant des amateurs et des professionnels qui travaillent toute l’année pour montrer leurs projets lors du festival », ajoute notre interlocuteur.
« Les projets internationaux ont beaucoup souffert du fait de la crise sanitaire »
Quid des moments forts de cette 11e édition ? La question est toujours embarrassante pour un directeur artistique qui, bien sûr, a du mal à faire ce genre de choix concernant sa propre programmation. « Il y a des têtes d’affiches, des musiciens reconnus dans le monde du jazz comme Dhafer Youssef, un joueur de oud tunisien, affirme toutefois Benoît Thiebergien. Mais aussi Rabih Abou-Khalil et son jazz oriental ou encore le trompettiste Erik Truffaz qui proposera un set entre chants liturgiques médiévaux et jazz. »
« Je pense aussi au projet d’un opéra navajo pour voix, ensemble et images projetées de Thierry Pécou, un compositeur contemporain autour de la culture des Navajos », ajoute Benoît Thiebergien. « Un projet atypique à ne surtout pas rater ! », s’emballe le responsable de la programmation. Dans le même ordre d’idée, un autre projet contemporain d’Alexandros Markeas qui devait impliquer un chœur féminin du Bangladesh. « Compte tenu de la situation sanitaire, ça a été compliqué mais nous aurons tout de même quelques chanteuses », déplore-t-il. « C’est vrai que les projets internationaux ont beaucoup souffert du fait de la crise sanitaire. J’ai dû en annuler trois ! », regrette-t-il.
Le passe sanitaire aura-t-il raison de la fréquentation des Détours de Babel ?
Que faut-il surtout ne pas rater d’autre ? « Le projet Yoshitsune actuellement en résidence à Saint-Marie-d’en-Bas, avec la chanteuse japonaise Junko Ueda et le collectif de musiciens alternatifs lyonnais PoiL », recommande vivement Benoît Thibergien. Quoi d’autre ? « Le saxophoniste Fabrizio Cassol avec son Opus 111, qui fait référence à la sonate 32 de Beethoven qui ressemble à un ragtime2Le ragtime, principalement joué par des pianistes noirs, constitue la première expression purement instrumentale de la musique afro-américaine. », complète le programmateur. Sans oublier Amada Dramé, « un magnifique soliste de djembé mandingue », ajoute le directeur du CIMN. « Mais tout le reste est bien ! », tient-il tout de même à préciser.
Reste que le festival n’échappera pas au passe sanitaire ou à la fourniture du résultat d’un test. « Pour tous les concerts, y compris les brunchs à l’extérieur, et ça ça m’ennuie beaucoup, nous devrons vérifier le QR code, nous n’avons pas le choix », prévient Benoît Thiebergien. « Nous verrons si ça a une incidence sur la fréquentation mais ça nous inquiète un peu », avoue-t-il. Et pour cause. En temps normal, les Détours de Babel attirent entre 18 000 et 20 000 personnes et le directeur de la programmation fait montre d’une certaine inquiétude au regard des réservations déjà enregistrées. « En même temps, c’est la fin août, les gens rentrent de congés, nous allons assez vite voir si ça mord », relativise-t-il.