FOCUS — Comment évolue l’épidémie de Covid en Isère et en Auvergne-Rhône-Alpes ? À la faveur du variant Delta, les contaminations connaissent à nouveau une forte hausse, sans impact pour le moment sur les hospitalisations, contrairement à d’autres régions. Le tout dans un contexte de manifestations contre le pass sanitaire, tandis que deux parlementaires LREM iséroises affichent une opinion bien différente sur l’obligation vaccinale pour l’ensemble de la population.
« La circulation du variant Delta est très préoccupante, ainsi que le montre la reprise de la contamination en Isère », indique la préfecture. Un regain des contaminations Covid qui se fait à la faveur d’un variant « très contagieux » et de « l’augmentation des flux durant la période estivale […] de nature à accélérer le risque de contamination ».
Le variant Delta est « devenu largement majoritaire » en Auvergne-Rhône-Alpes, confirme Santé publique France dans son rapport en date du 22 juillet 2021. « Le taux d’incidence régional […] subit une très forte augmentation (+181 %) pour s’établir à 73 cas pour 100 000 habitants », explique l’agence. Si le virus concerne toujours toutes les classes d’âge, il semble circuler majoritairement chez les personnes entre 15 et 44 ans.
Des tests positifs en hausse, mais des hospitalisations en baisse
En Isère, durant la semaine du 12 au 18 juillet, 815 personnes étaient positives à la Covid-19 sur les 34 721 testées. Soit quasiment le double des 411 personnes positives (sur 33 779 testées) durant la semaine du 5 au 11 juillet. Pour l’heure, la progression rapide du variant ne se traduit pas par une hausse des hospitalisations. Onze personnes ont ainsi été hospitalisées entre le 12 et le 18 juillet, contre 12 entre le 5 et le 11 juillet, et 18 entre le 28 juin et 4 juillet.
La préfecture de l’Isère indique ainsi qu’au 20 juillet 2021, 83 personnes au total étaient hospitalisées pour cause de Covid-19 sur le département, dont sept en réanimation. Des chiffres encore “modérés” et une tendance à la baisse qui se retrouve sur l’ensemble de la région. Ce qui n’est pas le cas de régions très fréquentées en été comme l’Occitanie ou Provence-Alpes-Côte-d’Azur, où les hospitalisations repartent à la hausse.
L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes confirme : « En effet, pas d’augmentation significative sur le milieu hospitalier pour l’instant et espérons que cela dure ! » Les raisons de cette situation ? Une preuve de l’efficacité de la vaccination, qui protège des formes graves du virus, « particulièrement chez les personnes les plus âgées qui sont globalement bien vaccinées », indique l’agence. Les personnes en réanimation ne sont, pour leur part, pas vaccinées.
La hausse des cas et la crainte d’une reprise des hospitalisations amène l’Assurance maladie de l’Isère à recruter 25 téléconseillers en « contact tracing », pour la période estivale et la rentrée. Les missions restent les mêmes : appeler les patients positifs à la Covid-19 « pour remonter les chaînes de contamination », puis prévenir les cas contacts. Mais aussi « identifier les situations médicales et sociales sensibles afin de proposer une aide ».
Un peu moins de la moitié des Isérois vaccinés “double dose”
Quid de la vaccination ? Au 22 juillet 2021 en Isère, 711 732 personnes avaient reçu au moins une première dose de vaccin (soit 56,3 % de la population) et 597 362 leurs deux doses (soit 47,2 % de la population). Des chiffres qui s’inscrivent dans la moyenne régionale. Seules la Loire et l’Allier comptent à ce jour plus de 50 % d’habitants ayant reçu deux doses. Tandis que l’Ain est en queue de classement avec 39 % de vaccinés “double dose”.
Le vaccin et le pass sanitaire qui lui est attenant restent toutefois des points de crispation importants. À Grenoble, des manifestations contre le pass sanitaire, accompagnées de messages hostiles à la vaccination, ont ainsi réuni plusieurs milliers de personnes. Un pas a été franchi dans la nuit du 16 au 17 juillet, où un centre de vaccination de Lans-en-Vercors a été vandalisé. Ouvert en urgence, un centre de remplacement a pu honorer les rendez-vous pris pour la journée.
La vaccination, le groupe médical Avec – anciennement Doctegestio –, repreneur de la Clinique mutualiste, entend de son côté la faire respecter auprès de ses 12 000 collaborateurs. Et ceci au travers d’une application numérique qui « permettra de connaître la situation exacte du nombre de personnes vaccinées au sein du groupe et de suivre son évolution ». Reste à voir la réaction des syndicats, déjà très remontés contre le repreneur, face à une telle initiative.
Covid en Isère : des positions divergentes sur la vaccination obligatoire
La vaccination divise-t-elle jusque dans les rangs de la majorité ? Dans deux communiqués distincts, les députées En marche de l’Isère Émilie Chalas et Catherine Kamowski affichent en effet des positions relativement différentes. Si Catherine Kamowski soutient l’isolement obligatoire des malades ou la vaccination obligatoire de certaines professions, elle se prononce en revanche contre l’idée d’une vaccination imposée à l’ensemble de la population.
« La liberté de chacun dans le choix de se faire vacciner est effectivement fondamentale », écrit la parlementaire. Tout en considérant que le texte voté par le parlement « propose des alternatives garantissant à l’ensemble des Français la sécurité qui leur revient de droit ». Émilie Chalas n’est clairement pas sur la même ligne, en proposant pour sa part « d’envisager l’obligation vaccinale pour tous les Français de plus de 12 ans ».
« Il faudra bien le pass sanitaire et, à terme, l’obligation vaccinale. Ce n’est qu’à ce prix que nous vaincrons l’épidémie et que nous retrouverons de la sérénité », insiste la députée. Pour qui « l’obscurantisme et le complotisme ne peuvent pas défaire notre histoire scientifique et l’engagement social que nous avons les uns envers les autres ». Non sans oublier de rappeler qu’onze vaccins sont d’ores et déjà obligatoires à ce jour en France.