FIL INFO – Que vont devenir la centaine d’occupants du squat Jean-Macé à Grenoble ? Alors que le propriétaire du tènement a obtenu leur expulsion après des mois d’occupation très mal vécus par les riverains à proximité immédiate, la question du relogement reste entière. Et prend désormais une tournure judiciaire.
Le bras de fer se poursuit entre la Ville de Grenoble et la préfecture de l’Isère concernant le relogement des personnes précaires du squat Jean-Macé. Si la municipalité avait proposé une solution d’hébergement, sans en préciser son adresse1Après le refus d’Éric Piolle de préciser la localisation de l’immeuble suite à une demande d’Émilie Chalas en conseil municipal, cette dernière a fini par apprendre qu’il se trouvait rue Mallifaud, lors d’une réunion du conseil d’administration du centre communal d’action sociale, jeudi 8 juillet au matin., le tout nouveau préfet Laurent Prévost lui avait opposé une fin de non-recevoir. En particulier s’agissant du caractère inconditionnel de cet accueil. En clair, oui à la prise en charge des personnes vulnérables, dont les enfants, mais non pour celles en situation irrégulière.
Or la Ville de Grenoble estime que l’absence de propositions d’hébergement d’urgence aux familles génère deux risques majeurs. Celui d’accroître la vulnérabilité des familles tout d’abord. Mais aussi « pour le territoire, un risque de troubles à l’ordre public que créerait un déplacement plutôt que la résorption du bidonville ». D’où le choix de la municipalité de saisir en référé, le 28 juin 2021, le tribunal administratif de Grenoble afin que « des mesures utiles soient prononcées en urgence ».
« Dans l’intérêt de tous […] et parce que l’inaction de l’État n’a que trop duré, nous mobilisons les moyens juridiques à notre disposition pour garantir la protection des plus vulnérables et arrêter le jeu cynique de la patate chaude », a ainsi affirmé Yann Mongaburu, conseiller municipal délégué à l’urbanisme transitoire.
Jean-Macé : la préfecture dénonce une procédure judiciaire contestable
Pour la préfecture, ce choix n’a rien d’anodin : « Là où on souhaiterait un travail technique, on sent bien qu’il y a d’autres éléments, politiques, qui entrent en ligne de compte… » a ainsi déploré Laurent Prévost, lors d’une rencontre avec la presse mardi 6 juillet. « Si j’étais taquin, je dirais que la Ville de Grenoble n’a pas toujours eu les mêmes pudeurs sur [d’anciens] dossiers. Il y a des précédents où, à la demande de la Ville, ont eu lieu des évacuations de squats sans qu’il y ait cette procédure. Je constate que, là, il y en a une devant la juridiction administrative. » Une procédure contestable tant « sur la forme et sur le fond » pour le préfet qui entend dépolitiser ce dossier.
« On va chercher des solutions pour concilier le respect du droit, de la tranquillité des riverains et la situation de vulnérabilité des personnes dont on a bien conscience. » Le tribunal administratif devrait se prononcer lors d’une audience ce mardi 13 juillet.