FOCUS – La Métropole de Grenoble annonce l’adoption prochaine d’un plan vélo doté de 24 millions d’euros. Objectif ? « Démocratiser l’usage du vélo » sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones péri-urbaines ou de moyenne montagne. Et sécuriser la pratique cycliste, en travaillant sur les points noirs identifiés par l’intercommunalité.
« Démocratiser partout l’usage du vélo, qu’il soit quotidien, occasionnel, sportif ou de loisir, [et] faciliter et sécuriser sa pratique ». C’est ainsi que Christophe Ferrari décrit les objectifs du nouveau Plan vélo que l’intercommunalité s’apprête à voter vendredi 2 juillet. Un plan, insiste le président de Grenoble-Alpes Métropole, qui veut associer les maires des communes concernées autant que les intercommunalités voisines, sans oublier le Département et la Région.

De gauche à droite, Jean-Yves Porta (maire de Vaulnaveys-le-Haut), Sylvain Laval (vice-président de la Métro), Christophe Ferrari (président de la Métro) et Michelle Veyret (adjointe de Saint-Martin-d’Hères) présentant le Plan vélo de Grenoble-Alpes Métropole. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Et pour cause, ajoute Christophe Ferrari : si le plan est doté de 24 millions d’euros, « la dimension inter-territoriale facilite les financements additionnels, donc nous n’allons évidemment pas nous en priver ». Certaines réalisations peuvent en outre concerner d’autres budgets. Par exemple des projets urbains comme l’aménagement de l’A480 et ses itinéraires cyclables, ou encore la création d’une passerelle au-dessus du Drac à Saint-Égrève.
Un plan vélo qui va renforcer les pistes Chronovélo
Quid du plan proprement dit ? Celui-ci comporte en premier lieu un « renforcement » des pistes Chronovélo : 13 kilomètres de linéaires sont programmés pour 2021, tandis que 74 autres kilomètres sont « à l’étude ». Sylvain Laval, vice-président aux Infrastructures cyclables (et président du Smmag), souligne à ce propos l’attention portée aux « axes du quotidien ». Avec, notamment, la mise en place d’une nouvelle signalétique pour une meilleure lisibilité du réseau.
Mais la Métro entend également « démocratiser la pratique du vélo dans les territoires péri-urbains, ruraux ou de moyenne montagne », indique Christophe Ferrari. En ciblant tout particulièrement les habitants éloignés des transports en commun, comme du service Métrovélo.
De quoi remplir d’aise le maire de Vaulnaveys-le-Haut. « Nos habitants sont assez favorables à la pratique du vélo, souhaiteraient se rendre en vélo sur l’agglomération, mais ne le font pas, faute d’équipements de sécurité », explique Jean-Yves Porta. Qui ne cache pas « se sentir quelquefois un peu isolé par rapport à [cette] pratique. » Et appelle de ses vœux un maillage cyclable entre Gières et Vizille pour faciliter la vie de ses administrés cyclistes.
Une incitation financière à l’achat de VAE
Autres ambitions du plan vélo ? Une nouvelle stratégie d’entretien du réseau, qu’il s’agisse de la propreté, du balayage ou du déneigement. L’occasion pour Christophe Ferrari de se fendre d’un quasi mea culpa. « C’est une dimension pour laquelle les compétences des communes et de la Métro sont enchevêtrées, et pour laquelle nous avons le devoir de faire mieux, beaucoup mieux, que ce que nous faisions », estime-t-il.

La Métropole veut inciter les habitants à se tourner vers le vélo pour leurs déplacements © Thomas Imbert – place Gre’net
Pour encourager l’utilisation du vélo, le président de la Métropole entend accompagner les entreprises ou habitats collectifs dans cette direction. Notamment via des installations d’arceaux en amont des traversées piétonnes ou devant les écoles, collèges et lycées, en partenariat avec les collectivités compétentes (Département et Région). Le tout dans le cadre de Grenoble Capitale verte 2022.
L’incitation peut aussi prendre une forme financière. Ainsi, la Métro annonce-t-elle la mise en place d’une aide à l’acquisition de vélos à assistance électrique (VAE), sous conditions de ressources. De quoi motiver, encore une fois, les habitants des zones péri-urbaines pour des trajets de moyenne distance. Enfin, Sylvain Laval insiste sur les opérations de sensibilisation auprès des scolaires… et sur l’impact positif des rendez-vous cyclistes qu’accueille régulièrement le territoire.
Une douzaine de « points noirs » identifiés sur l’agglomération
Reste la question de la sécurité. Suite à une « vaste étude sur la sécurité des déplacements » menée par la Métropole, une douzaine de « points noirs » ont été identifiés sur l’agglomération. Autant de carrefours destinés à être sécurisés, via par exemple une modification des feux ou la mise en place de cédez-le-passage. Après le décès d’une cycliste à Grenoble en mars 2021, la municipalité avait d’ailleurs interpellé la Métropole sur cette question.

Croisement des boulevards Jaurès-Libération et Vallier-Foch à Grenoble, l’un des « points noirs » accidentogènes de l’agglomération. © Google Maps
Une douzaine de points noirs… seulement ? « Certains diront que tous les carrefours sont dangereux. Après, évidemment, il y a des priorisations qui sont faites, des endroits plus caractéristiques que d’autres », explique Sylvain Laval. Les cyclistes peuvent par ailleurs aussi poser des problèmes de sécurité. La Métro, indique Christophe Ferrari, compte ainsi s’appuyer sur les polices municipales pour contrôler et sanctionner les pratiques à vélo dangereuses.
Mais, au-delà des points noirs, l’objectif est bien de faciliter la vie des cyclistes le long des grands axes de la Métropole. Michelle Veyret, première adjointe de la Ville de Saint-Martin d’Hères, annonce ainsi le début des études pour le déploiement d’une bande cyclable sur l’avenue Gabriel-Péri, appelée à devenir un « boulevard urbain ». De quoi rassurer les cyclistes de l’agglomération, qui considèrent aujourd’hui volontiers Gabriel-Péri comme une voie « cyclhostile » ?