FOCUS – Signe de la division de la gauche sur le canton de Pont-de-Claix ? À Champ-sur-Drac, l’élue d’opposition Muriel Riou accuse le maire Francis Diétrich de déroger aux principes du Printemps isérois, qu’il soutient pourtant. En cause, notamment, la gestion des transports scolaires par la commune. Le maire assume ses décisions et accuse son opposante de récupération politique.
Les élections départementales ne sont pas sans raviver quelques rivalités politiques. Illustration à Champ-sur-Drac, où la conseillère municipale d’opposition Muriel Riou s’offusque du soutien du maire Francis Diétrich au Printemps isérois. Pour la candidate malheureuse aux municipales de 2020, l’élu chenillard représente « un caillou non négligeable dans la chaussure » de l’union de la gauche au niveau du département.
Dans un courriel adressé à notre rédaction, Muriel Riou estime que Francis Diétrich prend sur sa commune « des décisions allant à l’encontre de ce mouvement de gauche et écologiste ». Notamment dans le domaine des transports scolaires. En cause ? En premier lieu, l’annulation des transports scolaires sur la totalité de l’année 2020 – 2021, « alors que les consignes sanitaires ne l’imposaient pas », écrit l’opposante.
Des arrêts de bus scolaires supprimés par le maire de Champ-sur-Drac ?
Faux, répond en substance le maire. Les consignes interdisaient le brassage d’élèves de groupes scolaires différents. Or le bus de la commune de Champ-sur-Drac dessert deux écoles élémentaires et une maternelle. « Mettre trois bus n’était pas possible dans notre budget », ajoute l’élu. Qui assume la décision… et rappelle que le service de transport scolaire mis en place par la Ville ne relève pas de ses compétences obligatoires.
Muriel Riou accuse également le maire de « supprimer » deux arrêts pour la rentrée prochaine, notamment celui du Hameau de Combe, « à plus de 3 kilomètres des écoles ». Résultat : les parents seront dans l’obligation d’utiliser leurs voitures. Un choix encore une fois assumé par Francis Diétrich, au nom de l’intérêt collectif : l’arrêt en question rallonge le temps de parcours du bus pour desservir un hameau au final peu habité. Quant au deuxième arrêt concerné, celui-ci n’est pas supprimé mais déplacé. « Il faudra marcher environ 150 mètres », décrit le maire.
L’élu indique par ailleurs que des questions de sécurité sont en jeu. En desservant jusqu’à l’arrêt de Combe, le bus scolaire doit ensuite faire des manœuvres dans le village qui peuvent poser problème au regard de la législation en vigueur. Pas de quoi convaincre Muriel Riou, qui estime que la municipalité pourrait avoir recours à des véhicules plus légers. Et pour qui le maire met à mal un service public communal datant de plusieurs dizaines d’années. Francis Diétrich soupire et relativise : sur les 300 enfants scolarisés de la commune, 50 empruntent les transports scolaires.
Une délégation accueillie par les gendarmes et les policiers ?
Mécontents de ces changements, des parents d’élève ont malgré tout manifesté devant la mairie le 10 juin 2021. Un rassemblement, s’offusque Muriel Riou, accueilli par deux gendarmes et quatre policiers municipaux. « Cela en dit long sur le climat de dialogue qui règne sur la commune », ironise l’élue d’opposition.
« Lorsqu’il y a une manifestation, qu’une délégation entre dans la mairie en exigeant que le maire la reçoive, on a une obligation légale de prévenir la police pluricommunale », rétorque le maire. Police qui s’est elle-même chargée de prévenir les gendarmes. Reste, ajoute le maire, que les manifestants ont été reçus par l’un de ses adjoints. Tout comme des parents d’élève avaient été reçus la veille de la manifestation.
Vers un déclassement de terres agricoles ?
Outre la question des transports, Muriel Riou accuse encore le maire de Champ-sur-Drac d’un dernier méfait : demander le déclassement de terres agricoles en terrain constructible. « Quid de l’écologie ? Quid du développement durable ? », interroge l’élue avec opiniâtreté. Face à elle, Francis Diétrich pointe du doigt un « raccourci brillant » et conteste totalement l’interprétation des faits réalisée par son opposante.
Le terrain en question ? L’ancien terrain de football de la commune, exploité à titre gracieux depuis une dizaine d’années par un agriculteur. À l’occasion de son entrée dans le Plan local d’urbanisme intercommunal, le maire reconnaît avoir demandé le déclassement du terrain. Quitte, ajoute-t-il, à le compenser en classant une autre parcelle en terrain agricole, pour maintenir l’équilibre métropolitain. La demande court toujours, mais n’a pas (encore) reçu de réponse favorable.
« Ce n’est pas pour construire des immeubles ou pour faire de la densification », précise Francis Diétrich. Le maire explique vouloir utiliser le terrain pour construire une nouvelle salle des fêtes éloignée des habitations. Ainsi qu’un parking qui pourrait accueillir une aire de covoiturage. Voire servir de parking relais pour les habitants de la Matheysine se rendant sur l’agglomération grenobloise. Au final, Francis Diétrich estime que Muriel Riou et son groupe politique Champ autrement jouent la carte de la récupération politique.
L’élue, de son côté, affirme s’exprimer en tant que « citoyenne écologiste de gauche »… et au passage « habitante du hameau de Combe ».
Sur le canton de Pont-de-Claix, auquel est rattaché Champ-sur-Drac, la gauche semble en position de remporter les départementales. Ce après une division au premier tour, avec deux listes concurrentes.