FOCUS – Le Musée dauphinois propose deux expositions aux visiteurs depuis sa réouverture, le 19 mai 2021. L’une consacrée au vélo sous toutes ses coutures, dans ses implications techniques comme sportives, familiales ou sociétales. L’autre dédiée à deux regards croisés sur un territoire du Sénégal, Kédougou, partenaire de longue date du Département de l’Isère.
Ce n’est pas une, mais deux expositions temporaires que le Musée dauphinois propose depuis sa réouverture le 19 mai. Des témoins du travail mené par son équipe durant la période de fermeture des lieux culturels, mais aussi de l’espace privilégié dont bénéficie le site. Tandis que l’intérieur du musée s’ouvre au vélo sous toutes ses coutures, la cour et les allées de l’ancien couvent expose ainsi un regard photographique croisé sur la région de Kédougou, au Sénégal.
Exposition événement par son ampleur, Un amour de vélo est à découvrir au Musée dauphinois jusqu’au mois de juillet 2022. De quoi laisser le temps (sauf nouvelle fermeture) aux Grenoblois de visiter une exposition en résonance directe avec leur territoire. Où la pratique du vélo est monnaie courante, souvent militante, parfois polémique. Et qui restera dans l’histoire, faut-il le rappeler, comme le premier territoire où fut décerné un maillot jaune sur le Tour de France.
Le vélo sous toutes ses coutures au Musée dauphinois
Tout au long d’un long parcours composé de salles spacieuses mais bien remplies, l’exposition tente d’aborder le vélo sous tous ses aspects. Techniques tout d’abord, avec ce mur exposant chacune des nombreuses pièces qui composent un vélo, quitte à prendre des allures de table d’autopsie. Quelques spécimens étranges sont également proposés : vélos improbables (et impraticables) ou cycles revisités par des créateurs inspirés.
Mais le vélo interroge aussi la société. Et a notamment posé la question du genre, quand celui-ci était considéré néfaste pour les organes génitaux des femmes. Ou quand une loi leur interdisait le port du pantalon, à l’exception de celles tenant un vélo à la main. Au final, le vélo apparaît comme un outil d’émancipation pour les femmes, souligne le parcours. Qui n’oublie pas que bicyclette rime avec suffragette.
Le vélo, c’est aussi une pratique familiale illustrée par des photographies obtenues auprès de particuliers. Il raconte alors une histoire intime, souvent heureuse et souriante. Face à cette réalité, celle du vélo sportif et de son mythe entretenu du surhomme apparaît bien lointaine. Elle aussi pose nombre de questions, sur le sens de la compétition, le dépassement de soi… et la triche organisée au travers du dopage.
Vélo touristique, vélo électrique, vélo ludique, vélo pratique… Si l’exposition Un amour de vélo ne prétend pas à l’exhaustivité, elle tente d’embrasser le plus de dimensions possibles du deux-roues. Jusqu’aux escapades au bout et autour du monde, par des aventuriers plus ou moins fous qui repousseront leurs limites autant que celles de leurs montures. Et l’exposition de se conclure logiquement en invitant le visiteur à décrire, de lui-même, son « amour de vélo ».
Un amour de vélo
Exposition réalisée sous la conduite de Franck Philippeaux et Olivier Cogne
Au Musée dauphinois jusqu’au 4 juillet 2022
Regards photographiques croisés sur Kédougou
Changement radical de ton et d’ambiance avec les deux expositions croisées de photographies, signées Stéphanie Nelson et Ina Thiam. Avec, respectivement, Personne n’éclaire la nuit et La Mémoire en miroir, les deux artistes livrent leurs regards sur la région de Kédougou au Sénégal. Un territoire engagé dans un partenariat de longue date avec le Département de l’Isère, notamment autour de conventions sur la santé et les droits des femmes.
Les deux expositions auraient pu ne pas voir le jour : l’objectif initial était de livrer le regard d’une Iséroise en résidence à Kédougou, et d’une Sénégalaise en résidence en Isère. Si Stéphanie Nelson a bien pu partir à la rencontre du territoire sénégalais, Ina Thiam a dû, pour sa part, drastiquement écourter son séjour pour cause de pandémie, en mars 2020. Et changer son fusil d’épaule, en consacrant son travail aux femmes de Kédougou.
« Mon travail c’est l’humain. Je n’y allais pas pour les paysages ! », explique Stéphanie Nelson en décrivant son séjour à Kédougou. Son parti-pris ? Rencontrer et photographier les jeunes, et à travers eux leur vie quotidienne, leurs ambitions et leurs espoirs. Le tout autour d’un traitement graphique en gris-de-plomb, pour « rendre moins lisibles les images telles qu’on les attendrait ». Et questionner la manière dont on aborde une photographie de l’ailleurs.
Ina Thiam, pour sa part, a invité onze jeunes femmes à se rappeler une aînée « au parcours remarquable » et à les incarner le temps d’une photographie via vêtements et maquillage, « créant un palimpseste, symbole de la menace de l’oubli ou promesse du souvenir ». Effet de miroir entre générations, les images figurent les évolutions naturelles, les progrès technologiques ou sociétaux… et les combats qui perdurent.
Personne n’éclaire la nuit, Stéphanie Nelson / La mémoire en miroir, Ina Thiam
Résidences photographiques Kédougou, Sénégal
Jusqu’au 4 octobre 2021 au Musée dauphinois, puis en 2022 à Kédougou