FOCUS – Le cimentier Vicat souhaite renouveler l'autorisation d'exploitation pour trente ans de sa carrière située à Sassenage. Le commissaire enquêteur a rendu, le 8 mars 2021, un avis favorable à cette demande suite à une enquête publique. Mais ses conclusions inquiètent les habitants qui craignent le non-respect de la limitation des tirs. Quant aux compensations environnementales liées à la destruction d’une zone boisée hébergeant une cinquantaine d’espèces animales protégées, elles satisfont le commissaire enquêteur... mais pas l'association La biodiversité sous nos pieds.
"On a été un peu surpris parfois par le ton du document", confie Adrien Favier. C'est peu dire que le président de l'association Les Côtes de Sassenage use de l'euphémisme pour qualifier le rapport rendu le 8 mars 2021 par le commissaire enquêteur Jean-Marc Duval, docteur en droit et maître de conférence des universités à la retraite. Un document de huit pages truffé de fautes d'accord, de frappe et d'orthographe.
Cette contribution, seulement consultative certes, revêt une certaine importance. Elle est en effet censée guider le préfet dans sa décision de renouveler ou non son autorisation d'exploitation de la carrière. Et ce pour une durée de trente ans. Or, ce projet d'extension de la carrière Vicat soulève de nombreux enjeux pour les habitants mais aussi pour l'environnement.
Un public désintéressé ?
L'enquête publique a été clôturée vendredi 5 février 2021. Au total, 111 contributions ont été recueillies. Ce qui fait dire au commissaire enquêteur que le public s'est senti "peu concerné". Certains témoignages s'étendent pourtant sur plusieurs pages et sont accompagnés de photos. "La toute petite centaine d'observateurs habitants (sic) les lotissements riverains de la carrière qui en constituait la plus grande partie étaient hostiles à la poursuite d'activité de la carrière, très majoritairement pour des raisons tenant aux nuisances, évoquées le plus souvent en termes apocalyptiques, [...]", estime le commissaire enquêteur.
Le travail de sensibilisation des opposants à l'extension de la carrière a en réalité été rendu difficile par la crise de la Covid-19. L'association Les Côtes de Sassenage a en effet bien organisé des réunions d'information par visioconférence, mais les habitants ne maîtrisent pas tous l'outil informatique.
"C'est un peu étonnant de voir les choses comme ça, tacle Adrien Favier. Forcément, ce sont les riverains qui vont réagir et pas les gens qui sont à l'autre bout de la ville."
D'autant plus que ce type d'enquête publique est complexe à comprendre. Termes techniques, dossiers de plusieurs centaines de pages, règles juridiques... Autant de freins qui imposent de prendre du temps pour comprendre les enjeux du dossier.
Le commissaire enquêteur concède lui-même que c'est un sujet technique. "Le dossier est peu accessible au public en raison de l'absence de véritable grille de lecture comme de toute approche globale, de la carence de résumés non techniques dignes de ce nom, comme de la multiplication de tableaux laborieux ou de photos orientées uniquement en fonction des impératifs de mise en page [...]", explique Jean-Marc Duval.
Recommandation du commissaire enquêteur de limiter la puissance des tirs : un vœu pieu ?
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