FOCUS – Près de 250 personnes ont manifesté à Grenoble ce jeudi 8 avril 2021, dans le cadre d’une nouvelle journée de grève des salariés de la santé, de l’action sociale et du médico-social. À Grenoble, ces “oubliés du Ségur de la santé” ont défilé en compagnie d’étudiants et d’acteurs culturels, venus manifester leur solidarité aux travailleurs sociaux mais aussi porter leurs propres revendications.
Ce jeudi 8 avril 2021 était une nouvelle journée de mobilisation nationale pour les salariés des secteurs de la santé, de l’action sociale et du médico-social de l’Isère.
Depuis plusieurs mois, les “oubliés du Ségur de la santé” manifestent ainsi régulièrement pour réclamer une revalorisation de leurs salaires de 300 euros, du personnel supplémentaire et l’amélioration de leurs conditions de travail. Mais aussi un complément de traitement indiciaire de 183 euros, suite au Ségur de la Santé du 21 juillet 2020, dont ils s’estiment injustement écartés.
Ainsi, à Grenoble, près de 250 manifestants ont-ils défilé à partir de 10 heures, de la place Doyen Gosse jusqu’à l’hôtel du Département, rue Fantin-Latour. Parmi eux, nombre d’étudiants solidaires des travailleurs sociaux mais aussi dénonçant la précarité qui les touche. Ainsi que des intermittents du spectacle, toujours en lutte contre le gouvernement puisque privés d’une grande part de leurs activités et de leurs revenus du fait de la crise sanitaire.
Trois jours de grève et d’actions des travailleurs sociaux
« Nous sommes là au titre d’une mobilisation nationale des étudiants ce 8 avril pour demander un plan d’urgence contre la précarité étudiante et une reprise en présentiel des cours », explique Emma de l’Unef Grenoble. « Mais nous sommes aussi là en solidarité avec les travailleurs sociaux pour nous renforcer réciproquement sur des problématiques qui se rejoignent », ajoute la militante. Celle-ci estime d’ailleurs que « les étudiants font partie du public du travail social », ne serait-ce que pour l’accès à leurs droits. « C’est un secteur qui est très important pour nous et encore plus en cette période de crise sanitaire », appuie la jeune femme.
Au micro de la sono, plusieurs représentants des travailleurs sociaux et des étudiants ont une nouvelle fois listé et détaillé leurs revendications respectives. Des revendications qui, concernant le travail social, ont pu s’exprimer au cours de trois jours de grève et d’actions pour dénoncer « le mépris » du gouvernement.
« Nous ne voulions pas seulement d’une manif “basique” car nos collègues et camarades n’y croient plus », souligne une oratrice. Des actions ciblées, donc. Un exemple ? Le rassemblement devant le siège de l’Afiph, ce mercredi 7 avril. Mais aussi une autre action prévue ce vendredi 9 avril devant la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS). Sans oublier, le même jour, un piquet de grève à la Maison d’accueil spécialisée (Mas) le Val Jeanne Rose, située sur la commune de Brié-et-Angonnes.
« Le gouvernement veut nous faire payer la crise »
« Ce qui rassemble les travailleurs sociaux et les étudiants c’est la détérioration du service public. C’est une richesse qu’il faut préserver au-delà des mots d’ordre », affirme Nathan, étudiant. « Je connais des étudiants qui sont en dépression, ne peuvent pas étudier dans de bonnes conditions et ont besoin d’accompagnement social », témoigne une autre étudiante.

« Le gouvernement veut nous faire payer la crise », a affirmé un représentant de l’Unef Grenoble. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« Au cours du quinquennat, le gouvernement n’a fait que précariser les jeunes ! », s’insurge de son coté un représentant de l’Unef. Baisse des APL, augmentation des inscriptions pour les étudiants étrangers, baisse de l’Assurance chômage… Une situation que la crise sanitaire n’a fait que resserrer, comme en témoignent les queues d’étudiants aux distributions alimentaires ou aux repas pour un euro.
« Le gouvernement a préféré regarder ailleurs en nous parlant d’islamo-gauchisme », ironise le syndicaliste. « Plutôt que d’investir un milliard d’euros par an pour l’inutile Service national universel (SNU), il aurait mieux fait de mettre en place un plan d’urgence pour sortir les étudiants de la pauvreté », renchérit-il.
« Le gouvernement veut nous faire payer la crise et ne nous répond qu’en nous lâchant des miettes », poursuit, dépité, le militant.
« Le ras-le-bol est général ! »
Dans la petite foule, figuraient des acteurs de la culture, principalement des intermittents du spectacle. « La demande est la même partout, même si chacun a ses propres exigences et revendications. Casse des services publics, des droits des travailleurs sociaux… Le ras-le-bol est général ! », a commenté, quant à elle, une occupante de la MC2.

Le brassard bleu de l’Équipe de liaison et d’information (Eli). © Joël Kermabon – Place Gre’net
Le cortège s’est ensuite ébranlé, accompagné par deux policiers avec les brassards bleus de l’Équipe de liaison et d’information (Eli). Un dispositif du nouveau schéma national du maintien de l’ordre (SNMO), présenté en septembre 2020 par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Leur rôle ? Prendre contact avec les organisateurs des manifestations pour mieux encadrer les cortèges et ainsi éviter les affrontements.
Des heurts qui n’ont d’ailleurs pas eu lieu, la manifestation s’étant déroulée dans le plus grand calme, bien que nourrie de slogans très révélateurs du malaise ressenti par les travailleurs sociaux et les étudiants.