EN BREF – Une trentaine de manifestants se sont réunis, mercredi 7 avril, devant l’association familiale de l’Isère pour les personnes handicapées (Afiph). Les salariés du secteur médico-social souhaitent une revalorisation de leurs salaires, mais aussi de meilleures conditions de travail.
« Tout le monde se bat pour le social, et le social se bat pour tout le monde », entonnaient les manifestants devant le siège de l’Afiph, ce mercredi 7 avril en début d’après-midi.
Sur le trottoir en face du bâtiment, avenue Marie-Reynoard au sud de Grenoble, quelques banderoles étaient accrochées sur les grilles d’un chantier, tandis que les drapeaux syndicaux flottaient au vent, accrochés à la voiture sono.
Une trentaine de personnes avaient répondu à l’appel des organisations syndicales. Parmi elles, la CGT Santé Action sociale, Sud Santé Sociaux, Sud Collectivités territoriales et la CNT.
Depuis plusieurs mois, les travailleurs du secteur médico-social manifestent ainsi régulièrement afin d’obtenir plus de moyens et de reconnaissance. La manifestation de ce mercredi sera d’ailleurs suivie d’autres mobilisations, les 8 et 9 avril.
Le projet Serafin-PH inquiète les salariés du secteur médico-social
Le lieu de rassemblement de cette première journée n’a pas été choisi au hasard. Daria, éducatrice spécialisée au service d’accompagnement à la vie sociale de l’Afiph, a constaté une dégradation de ses conditions de travail, notamment en raison d’une informatisation croissante de son métier. Le temps passé avec les personnes qu’elle accompagne diminue.
« De plus en plus, on est amenés à rester dans nos bureaux et à remplir des projets personnalisés ou des renouvellements auprès de la maison de l’autonomie, constate Daria*. Et là, ils nous ont ajouté le dossier numérique de l’usager que l’on est censé remplir après chaque entretien, appel ou mail ».
Elle s’inquiète aussi de l’instauration du projet Serafin-PH. Cette réforme va modifier les financements accordés aux établissements et services qui s’occupent des personnes handicapées.
« C’est la tarification à l’acte qui arrive dans le médico-social, après le fiasco qu’on lui connaît dans l’hôpital public avec la T2A [Ndlr : tarification à l’activité] et dont on paye les frais aujourd’hui avec la crise sanitaire », s’insurge-t-elle. Les moyens alloués aux établissements médico-sociaux dépendront ainsi du nombre d’actes réalisés.
Daria redoute l’instauration d’une logique de rentabilité. « Cette réforme se fera à moyens constants, explique-t-elle. On optimise les ressources pour ne pas avoir à augmenter les moyens alloués au médico-social ». Au final, la qualité de l’accompagnement des personnes pourrait se dégrader, selon elle.
Des primes Covid inégales à l’Afiph
Les syndicats protestent également contre le versement inégal des 183 euros de prime, suite à la première vague de la Covid-19. En effet, seuls les salariés ayant travaillé deux mois complets en mars et avril 2020 l’ont perçue. Et non les intérimaires et autres employés précaires.

La mobilisation du secteur médico-social s’échelonne sur trois jours. © Tim Buisson – Place Gre’net
« Cette prime sert à faire taire les salariés !, s’insurge Sandrine Rollet, secrétaire départementale de Sud Santé sociaux. Ils [ces salariés] contribuent pourtant au bon fonctionnement des structures depuis le début de cette crise sanitaire pour faire face à l’incompétence d’un gouvernement dont le dogme permanent reste l’économie de marché au détriment de notre santé. »
Les syndicats demandent donc l’extension de cette prime à tous les employés des secteurs médico-sociaux. Mais également une revalorisation des salaires de 300 euros nets par mois.
Trois jours de mobilisation
Les salariés du secteur médico-social vont poursuivre leur mobilisation jeudi 8 avril avec une manifestation au départ de la place Doyen-Gosse en direction des locaux du Conseil départemental de l’Isère. Mais aussi vendredi 9 avril, avec une action devant la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS).

Les syndicats souhaitent que la prime de 183 euros soit versée à tous les salariés. © Tim Buisson – Place Gre’net
Les syndicats souhaitent des embauches massives de personnels, la titularisation des salariés qui le souhaitent, et l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. « La dévalorisation des métiers du médico-social commence à avoir des incidences sur l’accompagnement des personnes accueillies », constate Vincent, de la CGT.
Les services fonctionnent en « mode dégradé » à cause de l’absentéisme, et l’attractivité de ce secteur diminue. Les embauches deviennent donc plus difficiles. Un cercle vicieux qui risque de détériorer encore plus les conditions de travail.
Tim Buisson
- Le prénom a été modifié à sa demande.