FOCUS – Deux événements pour le prix d’un ? Par prudence, le festival des Détours de Babel qui se tient habituellement au printemps a été reporté au mois de septembre 2021, dans l’espoir que la crise sanitaire ait marqué le pas d’ici là. Reste que le Centre international des musiques nomades entend tout de même proposer un moment culturel et artistique en attendant, avec les Rendez-vous numériques du 18 mars au 10 avril 2021.
Deux festivals des Détours de Babel en un an ? Telle est la proposition du Centre international des musiques nomades. L’association, qui a repris les rênes (dans des conditions tumultueuses) du théâtre grenoblois Sainte-Marie-d’en-bas, et qui organise le festival des Détours de Babel depuis plus de dix ans, a d’ores et déjà annoncé le report de l’événement pour septembre. Mais n’en entend pas moins proposer une programmation numérique au printemps.
Son nom ? En toute logique, les « Rendez-vous numériques ». Soit vingt-six propositions culturelles déployées du 18 mars au 10 avril 2021. Avec une certaine multiplicité des formats comme des thématiques. Le CIMN invite ainsi les internautes à suivre des webinaires, qu’il s’agisse de tables rondes ou de plateaux d’artistes, comme de concerts en “livestream” (diffusions en direct), de “replays” (rediffusions) de spectacles ou encore de “podcasts” (baladodiffusions) de créations sonores.
Les rendez-vous numériques : une manière de « garder le lien »
Au programme ? Des rencontres avec la culture guyanaise ou Navajo, un web-documentaire sur la création musicale en milieu scolaire, des salons de musique virtuels, une séance de « sound painting »… Toute la programmation des Rendez-vous numériques est à retrouver sur le site des Détours de Babel, avec une fiche descriptive et des indications techniques. À noter : l’intégralité des propositions est en accès gratuit.
Le but des Rendez-vous numériques ? « Garder le lien, une continuité dans nos activités, et une activité avec le public », explique Benoît Thierbergien, directeur artistique des Détours de Babel. Qui espère rassembler autant de public que possible, fidèle à la volonté du festival de porter un « élitisme pour tous ». « Si l’on fait référence à nos live streams précédents, on pense au moins toucher 10 000 personnes », chiffre-t-il.
Mais le numérique ce n’est pas tout. Le CIMN entend encore investir la “vraie vie”. Ce qu’il a fait en ouvrant les portes du théâtre Sainte-Marie-d’en-bas à des résidences d’artistes, faute de pouvoir l’ouvrir au public. Et ce qu’il espère faire encore, en proposant des représentations aux scolaires ou en milieu hospitalier. Sans trop se faire d’illusions, étant donnée la situation sanitaire… et la généralisation de variants de la Covid encore plus contagieux.
« Faire pression sur le gouvernement »
Si Benoît Thierbergien se plie aux injonctions gouvernementales, il n’en partage pas moins la colère généralisée du monde de la culture face aux fermetures des théâtres (ou des cinémas). Et décrit une « volonté de faire pression sur le gouvernement, le ministère de la Culture, pour que les salles de spectacle puissent ouvrir le plus tôt possible. En sachant que les salles de spectacle n’ont jamais été des lieux de propagation du virus ! »
C’est par prudence que le festival des Détours de Babel a été reporté en septembre. L’équipe a bon espoir que le printemps, puis l’été, ainsi que la campagne de vaccination freinent la propagation de la Covid. « C’est une façon pour nous de prendre le moins de risques possibles », décrit le directeur artistique. Il n’en demeure pas moins que d’autres rendez-vous sont prévus en juin et juillet.
Les reports et la fermeture ont-ils pesé sur la situation financière du Centre international des musiques nomades ? Benoît Thierbergien reconnaît que le soutien des collectivités, de la Ville de Grenoble à l’État en passant par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Département de l’Isère ont permis de maintenir un équilibre. De même que les aides du Centre national de la musique, notamment pour compenser les coûts supplémentaires des diffusions en direct.
Une édition 2021 des Détours de Babel en septembre pour « ne pas baisser les bras »
Quelques annonces, pour conclure, sur la prochaine édition des Détours de Babel ? Si le programme complet sera bouclé d’ici l’été, Benoît Thierbergien mentionne d’ores et déjà la venue de deux grandes figures du jazz, virtuoses du oud, Dhafer Youssef et Rabih Abou-Khalil. Le flûtiste Rishab Prasanna et l’accordéoniste Frédéric Viale seront également au rendez-vous. De même que l’Orchestre national du jazz ou l’orchestre régional iconoclaste Toubifri.
Mais surtout, c’est une profession de foi. « Notre volonté, c’est de ne pas baisser les bras, de tenir compte de la situation et de continuer à accompagner les artistes le mieux possible, et de donner des perspectives à tous les projets de création qui devaient se faire », résume le directeur artistique. Qui n’ignore pas le risque que les propositions artistiques soient particulièrement nombreuses en septembre, avec un risque d’embouteillage à la faveur des multiples reports.